L’ouest de la Côte d’ivoire. Entre inquiétude et discours de campagne. Ce sont des populations plus préoccupées de leur sort qui est au menu dans les différents débats et rencontres, lors des échanges avec les populations, lors de notre passage dans cette partie de la Côte d’Ivoire. C’est que depuis la fin de la crise postélectorale de 2011, la stabilité n’est encore pas de retour dans les villages qui ont les oreilles tendues vers les bruits qui sortent toujours des forêts aujourd’hui aux mains de plusieurs riches exploitants de la sous-région, sous le regard impuissant de l’Etat.
«Même si Ourémi Amadé le seigneur de guerre qui y a bâti un empire avec ses hommes encore armés et dissimulés dans les plantations arrachées à leurs propriétaires par la force des armes. Plusieurs d’entre eux ne sont toujours pas de retour dans leurs villages. Qu’est-ce qui va changer après ces élections ? Nous voulons nos terres et nos plantations…C’est dans cette ambiance que le gouvernement et l’Onuci tentent de procéder à l’exhumation des nôtres enfouis dans des fosses communes, sans toute forme de procédures et de rituels. Alors que c’est très important pour nous», lâche au passage Déon Zan JB un septuagénaire rencontré le weekend.
C’est dans cette ambiance morose que les campagnes pour le premier tour de la présidentielle ivoirienne sont lancées. Ne balayant pas l’épineuse préoccupation qui reste le problème des conflits fonciers en Côte d’Ivoire en général et en particulier dans l’ouest montagneux.
Bien que la crise postélectorale semble bien derrière les Ivoiriens, il est constaté dans cette partie du pays à des massacres, des enlèvements, des conflits entre autochtones et allogènes à n’en point finir. Pour des visées politiques, les gouvernements successifs se sont permis d’exploiter la question foncière selon le besoin. Face à cette inertie pour un consensus autour de ce qui reste la question foncière, vitale pour les autochtones, des solutions sont recherchées entre les ressortissants de l’ouest montagneux…
La population élabore sa propre charte pour
C’est la préfecture de Gbonné qui a été le cadre choisi pour une récente rencontre entre les autochtones, les allogènes et la mutuelle de développement de Gaolé Graba pour trouver une solution aux conflits fonciers devenus récurrents dans la région.
Cette mutuelle de développement de Gaolé-Graba en collaboration avec les villageois ont élaboré une charte pour attaquer ces conflits fonciers par la racine. Selon Koné Joachim, président de la mutuelle de développement, cette charte a pour objectif de préserver pendant un certain nombre d’années, les intérêts des allogènes «quand bien qu’ils ont acquis ses terres illicitement sans aucun document qui régissent la loi ivoirienne. Cette loi qui date de 1998 interdit la vente de terre. Cette charte apaise également le cœur des autochtones qui se sont vus exproprier leurs terres par la faute de certains frères avides d’argent».
Pour ces populations qui luttent aujourd’hui pour leur survie face à la menace de se voir déposséder des biens ancestraux, cette charte représente une boussole d’orientation et de mise à terme des différents conflits entre les communautés de la région.
Des cas malheureux qui se sont produits dans le village de Dio dans le département de Biankouma avec des pertes en vie humaine, restent traumatisants pour les populations et notamment les plus jeunes. «Il faut que tout le monde s’approprie cette charte afin de trouver un consensus pour éviter les conflits dans la région», indiquent les initiateurs de la charte pour la quiétude de tous.
« La présidentielle ne ne préoccupe pas. la grande réflexion pour nous reste la résolution et la mise en place d’un vrai cadre pour le règlement définitif des conflits fonciers. Alors le chef de l’Etat sortant est informé de ce qu’il se passe ici, mais rien de concret n’est fait face à la pression quotidien subie par les populations autochtones. Cette force exercée pas ceux qui occupent les terres et en grande partie, des ressortissants du Burkina faso que nous avons accueillis à bras ouverts », confient les populations. Le futur nouveau chef d’Etat aura une tâche rude à l’Ouest pour sa stabilité.
DAN MAN, à l’ouest
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