Mines graves face aux médias, ce jeudi 19 novembre dans la capitale ivoirienne, plusieurs responsables d’associations de victimes des crises ivoiriennes regroupés au sein d’une confédération crient leur désarrois et amertume devant le tango de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes de toutes les crises survenues en Côte d’Ivoire (Conariv). Un tango bien orchestré par le programme national de cohésion sociale (Pncs) autour de la consolidation de l’unique fichier desdites victimes à indemniser. La Conariv de Mgr Siméon Ahouanan est à sa troisième phase de recensement.
«Les blessés et les parents de personnes décédées figurant sur les listes à la disposition de la CONARIV peuvent encore attendre pendant que le PNCS est en train de satisfaire ceux figurant sur la liste en sa disposition. Quelle frustration ? Sinon, quelle est cette victime qui après 5 ans n’a pu se faire enrôler ni par les associations de victimes ni par les structures étatiques CDVR, DVG, CNEI, CONARIV ? Veut-on obligatoirement créer des victimes ? Même le recensement de toute la population ivoirienne n’a pas connu une telle mélancolie», crient les victimes, en fin de comptes de la Conariv.
«Nous les victimes qui avons survécu aux différentes crises ivoiriennes avec des mutilés à vie et sans soins à ce jour voudrons comprendre ce que veulent les structures que le chef de l’Etat Alassane Ouattara a bien voulu installer pour soulager nos souffrances. Il est clair que depuis son élection le pays est en train de renaître de ces cendres après la dure crise postélectorale de 2010 qui a fait de nombreux morts, blessés et sinistrés, mais nous voulons le rencontrer pour des éclairages sur la question de l’indemnisation des victimes à travers le processus mis en place par la Conariv qui est à sa troisième opération de recensement des victimes», indiquent ces responsables de la Confédération des victimes des crises ivoiriennes-Covici des victimes et de poursuivre :
«Comment est-ce encore possible un recensement des victimes alors que nous devrions être maintenant au stade de l’affichage de la liste définitive et unique consolidée. Nous estimons à juste raison qu’avant toutes actons d’envergures pour nous faire entendre, que le président de la République devrait être étonné de la violation des différents décrets et ordonnances créant les structures à charges de l’indemnisation. C’est pourquoi nous voulons de toute urgence le rencontrer pour être éclairés puisqu’il a mis en place un fond initial de 10 milliards de FCFA, avec le lancement le 4 aout du processus d’indemnisation des victimes». Ils soulèvent plusieurs griefs contre les structures à charge de l’indemnisation entre autres :
La lenteur dans la publication du fichier unique et la violation des articles de l’ordonnance N° 2015-174 du 24 Mars 2015
Le 1er avril 2015, la COVICI de bonne foi avait salué la nomination de Mgr AHOUANAN, un homme de Dieu et de devoir à la tête de la CONARIV et a souhaité le début de l’indemnisation véritable, avant les élections d’octobre 2015. Malheureusement, après 8 mois d’exercice, cette confédération est au regret que la CONARIV ne donne aucunement satisfaction. Cette confédération indique qu’avant l’avènement de la Conariv avec la défunte CDVR de Charles Konan Banny (candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2015 par ailleurs président de cette Commission Dialogue Vérité et réconciliation), toutes les structures ayant recensé les victimes (ASSOCIATIONS DE VICTIMES, CDVR, DVG, CNEI….) ont mis à la disposition de la CONARIV les listes déjà établies.
Avec le recensement des cas résiduels de juin 2015, cette structure avait promis publier le fichier unique à la fin du mois de juillet dernier. A ce jour de novembre 2015, point de liste consolidée de victimes. Pire, la CONARIV s’est engluée dans des opérations interminables de recensement de victimes oubliant qu’elle est encadrée par des textes. Puisque ce recensement a pris fin depuis le 30 juin 2015 et toute prorogation doit faire l’objet d’un décret. Ce n’est pas le cas. La troisième phase de cette opération vient d’être lancée le 10 novembre dernier. A cette allure, l’unification des listes de victimes ne sera pas pour maintenant», dénonce la Covici.
Autre grief : «Nous apprenons qu’une liste de 31. 000 victimes sur plus 72.000 indiquées par la CDVR, a été déposée à la Présidence de la République alors que l’article 12 de la même ordonnance est claire : « Un rapport contenant le fichier unique consolidé des victimes accompagné des propositions de réparation est remis au Président de la République pour validation». Comment comprendre que la CONARIV veuille remettre à la Présidence de la République des morceaux de liste là où les textes parlent d’un fichier unique consolidé. Si la collaboration était franche entre les différents acteurs du processus (CONARIV, PNCS, Associations de Victimes) le volet propositions de réparation des différents préjudices serait déjà bouclé. Là encore, aucune disposition n’est arrêtée par la CONARIV pour clore cette autre phase très importante du processus», continue de dénoncer la Confédération des victimes des crises ivoiriennes.
C’est alors qu’elle interpelle les différents guides religieux membres de la Conariv en ces termes:
«Savez-vous que le retard accusé par la CONARIV dans la publication de la liste unifiée, a empêché beaucoup d’orphelins de prendre le chemin de l’école ? Cette situation indispose la COVICI au plus haut point quand on sait que cette structure est dirigée par vous, nos prêtres, nos imams, pasteurs et rois. La lenteur de la CONARIV dans les opérations a contraint le Président de la République à recourir aux listes de la Commission nationale d’enquête et du Ministère de la solidarité pour débuter l’indemnisation proprement dite le 4 aout 2015, ce qui n’est pas normal ».
Plus encore : «Une assemblée générale sera convoquée les heures qui suivent pour une attitude à tenir face à la Conariv. Notre rencontre avec le chef de l’Etat déterminera aussi la suite de nos comportements. Nous sommes déjà victimes. Il n’y a plus rien à craindre », lancent ces victimes des crises ivoiriennes par la voix du porte-parole Kanté Lassina.
H.MAKRE
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