Toutes manifestations du Mouvement Martin Luther King-La voix des sans voix, sont systématiquement empêchées. La dernière en date, la marche de protestation du vendredi 13 Novembre 2015 n’a pas dérobé à la règle. Ce Mouvement gêne-t-il autant au point de voir toutes ses manifestations interdites ? La question taraude dans les esprits des observateurs de la vie socio-politique togolaise.
Proche du régime, le Pasteur Edoh Komi a pris ses distances du système qui régente d’une main de fer le Togo depuis une cinquantaine d’année. Et depuis, il s’illustre sur le registre de défenseur des droits de l’Homme et des opprimés. Ami très proche du Général Gnassingbé Eyadema avant sa mort, le Pasteur Edoh Komi se vantait même d’être le premier à être reçu par son fils, Faure Gnassingbé, le lundi 07 Février 2005 tout juste après son imposition à la tête du pays par les quarterons de l’armée togolaise. Mais l’idylle entre les deux hommes ne durera que le temps d’un météore. Le pasteur de l’église évangélique Foursquare du Togo et le jeune président ne se voient plus.
Avec son Mouvement du nom du pasteur noir africain-américain, Martin Luther King, Pasteur Edoh Komi est sur tous les fronts pour la défense des droits des opprimés. Effectivement, il se fait le porte-voix des milliers de Togolais qui ne peuvent s’exprimer et affronter ce régime décidé à revenir sur les libertés -liberté d’expression, liberté de manifestation- acquis de haute lutte par le peuple togolais. C’est ainsi que son Mouvement est souvent saisi de multiples requêtes de violations des droits de l’Homme. Sur la table du Mouvement une pile dossiers à défendre et les sollicitations sont presque quotidiennes. Même s’il remporte difficilement ces combats, l’homme acquiert une notoriété qui rassure les personnes qui le saisissent.
« Le pasteur est un bon combattant, il est débordant d’énergie et d’engagement. Son seul handicap est le manque de moyen », déclare un de ses proches.
A chaque fois qu’une crise sociale surgit, le pasteur est au premier rang reléguant même au second plan les autres associations de la société civile qui sont plus visibles par les communiqués de presse et leur présence dans les studios des radios et stations de télévisions. Conséquence, par ses prises de position, le pasteur n’est pas du tout apprécié par les responsables des autres associations de la société civile qui croient qu’il leur ravie la vedette même si ceux-ci ne l’avoue pas ouvertement. Preuve aucune de ces manifestations n’a reçu le soutien des associations sœurs.
« Pourquoi soutenir une action dont les retombées iraient à ce pasteur qui à des ambitions politiques », confie en appâté un responsable d’association de défense des droits de l’homme.
Pasteur Edoh Komi ne gêne pas seulement les autres associations de défense des droits de l’homme et le pouvoir en place. L’opposition non plus ne l’aime guère. Même s’il a soutenu et participé avant la présidentielle d’avril dernier, au côté du CAP 2015, aux manifestations en faveur des réformes constitutionnelles et institutionnelles au Togo, les responsables du CAP 2015 sont méfiants envers lui, comme ils le sont d’ailleurs envers tous ceux qui se sont accoquinés avec le régime en place. Ils n’ont jamais retourné l’ascenseur au pasteur en participant ou en appelant leur militant à participer aux manifestations du MMLK. Leur relation sera en plus tendue surtout que celui qui a pour idole Martin Luther King a refusé d’avorter sa manifestation du 13 Novembre au profit de celle qu’a organisé le weekend suivant le CAP 2015. Conséquence aucun responsable du CAP 2015 n’a fait le déplacement de la Colombe de la Paix, pas même un soutien du bout des lèvres n’est venu de la part de ce regroupement qui eux tous luttent contre le régime en place.
« Nous ne méprisons personne car nous sommes tous fils et filles d’une même nations. Le MMLK respect tous les acteurs politiques et salue leur engagement car ce n’est pas facile », se plait à déclarer le Pasteur Edoh Komi face aux difficultés qu’il rencontre.
Ces derniers temps, on sent une convergence de vue entre le pasteur et Emmanuel Sogadzi de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) avec qui ils forment la Plate forme contre la vie chère au Togo. D’ailleurs, les deux en compagnie d’Atcholi Kao ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’organiser il y a quelques mois un sit-in en face de la Primature.
Le pasteur Edoh Komi est un homme de terrain mais il manie bien les nouvelles technologies de l’information. Les réseaux sociaux n’ont pas de secret pour lui. Il les inonde de ces communiqués et autres appels à manifestation. Jamais dans la mémoire de Togolais, aucun mouvement togolais n’a fait autant usage des réseaux sociaux ces derniers temps au Togo. Edoh Komi n’est pas seulement adepte des réseaux sociaux, il sait aussi utiliser les médias traditionnels.
Souvent invité dans les émissions de radios et télévisions, il a son mot à dire sur les problèmes sociaux. Son dynamisme lui a valu la confiance des couches défavorisées qui lui confient leur problème.
«Si les autorités togolaises l’écoutent beaucoup de problèmes sociaux auraient trouvé des solutions. Le drame de l’accident du WACEM à Tabligbo aurait pu être évité si les autorités avaient écouté ce pasteur qui bien avant avait alerté les autorités sur l’esclavage moderne dont sont victimes nos concitoyens à Tabligbo», confie Mèmè Sakibou, un topographe.
Si avec la longue crise, les associations de défense des droits de l’Homme sont en léthargie, le MMLK-La voix des sans voix reste l’une des rares associations de la société civile qui par son dynamisme et son engagement redonne vie à la société civile togolaise.
source, togoactualite.com
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