CYBERCIMINALITE :LA COOPÉRATION POLICIÈRE  FAIT ARRETER  LES BOURREAUX DE YANNICK PARÉ A DIVO, le film

yanick paréCette histoire a bouleversé plus d’un. Du Canada à Divo en passant  par Abidjan, les auteurs de victimes de la cybercrinalités ont fait  parler de la filière. Ainsi, ZOETABA ALAIN et ZIDA ISSOUF, de nationalité burkinabé vivant en Côte d’ Ivoire, poursuivis pour utilisation frauduleuse d’éléments d’identification de personne physique, harcèlement, chantage, escroquerie sur internet et homicide involontaire ont été condamnés par le tribunal de Divo. En plus d’avoir extorqué 873.000 FCFA (1940 Dollars) à leur victime, ils l’ont conduite au suicide. Une condamnation qui survient après une enquête menée par les agents de la Plate-forme de Lutte contre la Cybercriminalité. ‘’ledebativoirien.net’’ livre l’enquête  de la PLCC.

L’histoire du jeune canadien, qui s’est suicidé a ému la toile à cause du caractère perfide des cyberdélinquants qui poussent à bout leur victime, généralement jusqu’à la ruine financière, à la dépression, et quelques fois jusqu’à l’irréparable! Cela juste pour une « poignée » d’argent. Enquête :

Et un drame survient un 19 février 2015…

Loin de se douter de ce qui se tramait dans la tête du jeune YANNICK, aucun membre de son entourage n’avait imaginé retrouver le corps sans vie de ce jeune homme de 18 ans. C’était le 19 février 2015. YANNICK PARÉ s’est pendu, laissant une lettre de suicide dans laquelle il explique tout. «Je vous aimerai toujours mais je dois partir. Je ne supporte plus de me faire harceler sur internet pour des sommes d’argent astronomiques à cause d’une fille qui m’a cruisé (fait la cour) et qui veut monter un scandale sur moi. Si vous voyez un jour une vidéo de moi, dites-vous que tout est faux. Je n’aurais jamais fait ça », a écrit le jeune résidant d’Asbestos, en Estrie au Canada.

lutte contre la cybercriminalité
lutte contre la cybercriminalité

Sa lettre contenait aussi les noms de trois personnes qui le harcelaient, dont une certaine « SANDRA ROY », de qui il s’était entiché et qui se prétendait franco-ontarienne sur les réseaux sociaux. A la vérité, YANNICK PARÉ avait affaire à des cyberdélinquants, spécialistes de l’arnaque aux faux sentiments.

En effet « SANDRA ROY », après avoir obtenu des vidéos de sa victime nue, a d’abord dévoilé son identité d’homme comme étant le nommé ZIDA ISSOUF, avant de lui exiger un transférer d’argent de 1.575.000 FCFA (3500 Dollars). Somme réclamée en échange de la suppression de la vidéo compromettante. Pris de panique et ne pouvant pas payer cette somme, YANNICK PARÉ lui a expédié, par transfert d’argent sous un faux nom, la somme de 153.000 FCFA (340 Dollars), tout en suppliant son bourreau de ne pas publier cette vidéo.

Non satisfait, l’escroc lui demandera davantage et finira par mettre ses menaces de publication à exécution: la vidéo sera publiée sur Facebook sous l’intitulé mensonger «YANNICK PARÉ se masturbe devant une fillette de 8 ans». Cet acte d’extrême cruauté entraîna le suicide du jeune homme.

paré BONUne enquête de longue haleine…

Suite à ce suicide, la famille de YANNICK PARÉ a saisi la Division Technologique de la Police Canadienne d’une plainte. Celle-ci ayant compris que l’affaire avait sa source en Côte d’Ivoire, transmet la plainte à la Plateforme de la Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC) qui prend le relais de cette enquête dans le cadre de la coopération policière.

De la région de l’Estrie (Canada) à Abidjan (Côte d’Ivoire), c’est le début d’une enquête qui va durer de juillet à décembre 2015, soit 6 mois d’enquête. Elle débute avec les investigations techniques réalisées par le Laboratoire de Criminalistique Numérique (LCN) de la Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques (DITT).

C’est que  l’exploitation des connexions internet a montré que la victime YANNICK PARÉ a communiqué avec trois comptes Facebook à savoir: sandra.roy.9235, cherif.mawa.92 et issouf.zida.3. Des comptes qui ont permis de remonter la trace des cyberdélinquants jusque dans la petite ville de Divo en Côte d’Ivoire (centre-ouest).

De l’Estrie à Abidjan… puis Divo

 https://youtu.be/glJykWdZ0xI?list=PL4_-utZYv5aegq84wRRVBBK8RLlwrFGoY

cybercriminalitéC’est à Divo, une ville située à 180 km à l’ouest d’Abidjan que les agents de la PLCC vont déposer leurs valises pour poursuivre la traque aux suspects.  En effet, les investigations du LCN les ont conduits vers ZOETABA ALAIN, âgé de 20 ans, et ZIDA ISSOUF, 19 ans. Recherchés et interpellés par les enquêteurs de la PLCC, ces individus ont été confrontés aux preuves accablantes fournies par le LCN.

ZOETABA ALAIN a reconnu devant les enquêteurs de la PLCC se faire passer pour « SANDRA ROY » avec la complicité de son ami ZIDA ISSOUF. Il a déclaré avoir effectivement utilisé le compte Facebook du nommé ZIDA ISSOUF pour harceler plusieurs correspondants dont YANNICK PARÉ. Il a ajouté avoir fait plusieurs autres victimes majoritairement canadiennes à qui il aurait soutiré au total 661.500 FCFA (1470 Dollars).

Un acte d’inconscience aux conséquences non mesurées

Au final, ZOETABA ALAIN et ZIDA ISSOUF ont été déférés devant le parquet de Divo. Si ZOUETABA ALAIN a été jugé et condamné à 5 ans d’emprisonnement ferme, ZIDA ISSOUF pour sa part a été mis à la disposition du tribunal des mineurs d’Abidjan pour qu’il statue sur son cas.

À la question des enquêteurs : «Suite à votre harcèlement et malgré les supplications de YANNICK PARÉ, vous avez continuez à lui demander de l’argent, n’en pouvant plus, celui-ci s’est suicidé qu’en dites-vous?».

La réponse de ZOETABA ALAIN fut : «Je ne sais pas quoi vous dire...». Une réponse qui en dit long sur la mentalité de ces cyberdélinquants qui ne mesure toujours pas la gravité des actes qu’ils posent et les sanctions auxquelles ils s’exposent.  Des internautes livrés à eux-mêmes…

yanick paréElles sont nombreuses les victimes comme YANNICK PARE qui se terrent dans leur maison. Sans soutien morale. La fracture psychologique dont la faiblesse de résilience crée par ces cyberdélinquants ; harcèlement, ont poussé le jeune YANNICK PARE à la fatalité. Ce suicide en dit long sur les moyens de recours dont dispose les victimes qui sont quasi inexistants dans les pays occidentaux.

La nécessité de mettre l’accent sur la sensibilisation et la prévention quant à la cybercriminalité, trouve son sens à la lecture de ce drame. Ne pas laisser les internautes sans défense sur internet relève de la responsabilité des pouvoirs publics, de même que le suivi psychologique des victimes des cyberdélinquants.

Il faut le reconnaitre, YANNICK PARE ne se serait pas suicidé s’il avait été suffisamment sensibilisé, et s’il avait eu l’opportunité de disposer d’une assistance.

… et une jeunesse à rééduquer, à suivre.

«J’ai le niveau 3ième mais je ne vais plus à l’école… je suis en classe de troisième et je continue les cours ». À ces réponses données respectivement par ZOETABA ALAIN et ZIDA ISSOUF sur leur niveau d’étude, l’on est en droit de se demander, ou étaient leurs parents respectifs quand ceux-ci revenaient à la maison avec des sommes qu’ils ne sont pas censés avoir ?

Si une prise de conscience quant à la cybercriminalité a eu lieu dans le monde et en Côte d’Ivoire tout particulièrement, de nombreuses actions déjà engagées sont à améliorer. Le suivi parental (parents regardants sur les allés et venus de cybercriminalitéleurs enfants et leur présence dans les cybercafés), lutte contre le phénomène de la déscolarisation, l’application effective de loi sur la gestion des cybercafés, la sensibilisation des populations sur les dangers et impacts de la cyberdélinquance sur notre société. Autant d’actions qui si elles sont amplifiées devraient permettre d’enrailler ce fléau dans notre pays. En entendant, la PLCC invite à nouveau, les internautes, à la prudence.

Chapeau à cette équipe d’enquêteurs ivoiriens et canadiens..

ledebativoirien.net avec PLCC

 

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