INTERVIEW : «NOUVEAU GOUVERNEMENT ; MAIS, ON NE PEUT PAS PRENDRE TOUT LE MONDE, LE PDCI-RDA A UN CHALLENGE », Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif du Pdci-Rda :  

Le secrétariat exécutif du Pdci a tenu une session extraordinaire, ce mercredi 13 janvier. Après cette réunion qui a eu lieu au siège du Pdci à Cocody, Pr Maurice Kakou Guikahué, chef dudit secrétariat exécutif s’est prononcé sur l’actualité dont le nouveau gouvernement Duncan 3. Ci-dessous ses réponses aux questions de 3 journalistes.

kakou guikahue
kakou guikahue

  Monsieur le ministre, vous avez présidé une session extraordinaire du Secrétariat exécutif du PDCI, mercredi 13 janvier dernier. Qu’est-ce qui justifie la tenue de cette session extraordinaire?

Les secrétariats se tiennent effectivement les mardis. En fait, je dois répondre à une invitation de la Société française de cardiologie. Donc, je dois me rendre à Paris dans le cadre des 26èmes journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC 2016). Et vous savez, l’actualité, c’est que le mardi, il y a eu la formation du Gouvernement. Il fallait donc qu’en tant que direction politique du Pdci Rda, nous échangions autour du Gouvernement et de la rencontre entre le président de la République et le président Bédié, surtout de l’unification des partis politiques membres du Rhdp dont ils ont parlé. C’était donc tout à fait normal de faire un compte rendu au secrétariat. Et échanger pour aller de l’avant.

On vous a vu également présider une réunion avec des cadres du Pdci. De quoi s’agissait-il ?

Ces cadres du Pdci sont des membres du directoire du Rhdp. Le directoire est organisé en commissions et dans les commissions, il y en a une qui est chargée de la mise en œuvre du parti unifié qui est présidée par l’Udpci. Donc, après la déclaration du chef de l’Etat, le parti unifié devenant une urgence après l’élection présidentielle, nous avons convoqué les membres Pdci de ladite commission pour leur donner des indications pour qu’ils commencent déjà la réflexion, pour préparer la grande commission qui va se réunir.

Le Pdci Rda parlait de parti réunifié. Les deux grands du Rhdp, à Daoukro, ont parlé de parti unifié, cela parait ambigu ?

Non, le Pdci parle de parti réunifié. Le président dans son message à la nation a dit la même chose. Parti réunifié. Nous allons aller à une grande rencontre où les arguments vont être développés. Mais dans l’esprit, pour l’instant, jusqu’à preuve du contraire, dans l’esprit du président Bédié, c’est le retour des autres partis politiques au Pdci Rda.

Mais le président Ouattara a parlé de parti unifié à constituer dès mars-avril. On ne semble pas bien comprendre ce qui sera fait ?

Non, il n’y a pas de problème, il faut se retrouver. L’esprit c’est que tous les partis politiques doivent aller dans un même creuset pour créer un parti politique. C’est ça l’unification des partis. Maintenant, le président Bédié appelle au retour, que cette unification se fasse avec le nouveau nom qui est le Pdci. C’est comme ça qu’il faut comprendre.

C’est l’unification, car pour le moment, c’est un groupement politique, mais nous ne sommes pas unifiés. Donc, c’est pour unifier tous les partis politiques. Maintenant, le président, lui, il a parlé du retour au Pdci Rda. C’est-à-dire que sa proposition, c’est que ce nouveau parti porte le nom du Pdci Rda. C’est ce que ça veut dire.

Alors comment va travailler le Rhdp pour consolider cette décision de Daoukro ?

Je vous ai dit tout à l’heure que le directoire du Rhdp a une commission de mise en œuvre du parti unifié. Donc, cette commission va se mettre au travaille. Très bientôt, nous allons convoquer une réunion du directoire et nous allons commencer à travailler.

IMG_8880En ce qui concerne le nouveau Gouvernement, les bases des partis politiques semblent ne pas être contentes. Beaucoup de messages nous parviennent. Les militants s’attendaient, disent-ils, à un remaniement et on leur a servi un réaménagement technique. Qu’en pensez-vous?

Mais, même si on enlève une seule personne, on a remanié. Remanier ne veut pas dire qu’on enlève tout le monde. Ces termes. Remanier, c’est changer, modifier. Le premier ministre Duncan a été clair. Il a dit que ce sont des prérogatives du président. Je pense qu’il faut s’en tenir à ça.

Est-ce à dire que ce n’est pas ce schéma de reconduction massif qui était prévu ?

Est-ce qu’on vous avait donné un schéma ? C’est vous les journalistes qui avez commencé à mettre dans vos têtes des schémas. Est-ce que quelqu’un vous a dit une fois qu’il y a un schéma pour former un gouvernement? On n’a jamais parlé de schéma. Vous avez fabriquez des schémas (rires…). Et puis, depuis quand est-ce qu’on a fait un Gouvernement et tout le monde est content? Jamais. Le choix des hommes pose toujours problème. C’est ça.

IMG_8869Les gens en tout cas se plaignent?

Comme le président a annoncé le remaniement le 23 décembre et que ça eu lieu le 12 janvier, soit presqu’un mois après, peut-être que c’est cela. Sinon, si le président avait dit la veille qu’il ferait son remaniement, ça n’aurait pas la même réaction.

Les militants estiment qu’il n’y a pas de nouveaux entrants…

Abinan Pascal est rentré et puis on a donné un ministre supplémentaire au Pdci.

 

Combien de ministre a donc le Pdci Rda ?

Duncan, Ahoussou, Jean Claude Brou, Adjoumani, Achi, Goudou, Allah, Koffi Koffi, Amichia, Abinan, Donwahi, Thierry Tanoh…

Quelle est votre appréciation sur cette équipe et le quota du Pdci Rda ?

En tant que structure, oui je suis satisfait. Je pense qu’il ne faut pas se prononcer sur les hommes, il faut se prononcer sur la structuration. Moi, je suis satisfait d’autant plus que de plus en plus, on parle d’Etat de droits. Donc, la création d’un ministère des Droits de l’homme et des libertés publiques, c’était important. Un ministère plein.

Ensuite, nous avons connu une tragédie qui était la crise postélectorale et toutes les anciennes crises. Tout cela était géré par une commission, un programme. Cette fois-ci, c’est devenu régalien avec la création d’un ministère chargé de l’indemnisation des victimes, donc, ça prend de l’importance. Ma satisfaction également, c’est la création à part d’un ministère de la salubrité et de l’assainissement.

Peut-être qu’on aurait pu ajouter de la ville, parce que notre pays s’urbanise et les villes ne se maitrisent pas. Donc, il faut vraiment un ministère qui fasse un peu les normes, qui fasse l’assainissement, qui gère les ordures parce qu’il faut que l’environnement soit salubre. Donc, le fait qu’il y ait le ministre de l’environnement à part et un ministère de la salubrité, vraiment publique, c’est une très bonne chose. Ensuite, la création d’un ministère de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.

IMG_8880Au moment où le président crée un ministère de l’insertion des jeunes, c’était tout à fait normal qu’on mette l’accent sur la formation professionnelle pour en faire un ministère à part entière. Parce que ce n’est pas la même chose que ce ministère soit dans le grand ensemble du ministère de l’Education nationale, que d’être ainsi détaché. Cela permet un encadrement de proximité. Et puis, on a dit ministère de la Santé et de la lutte contre le Sida.

Ça été critiqué, je pense que la dénomination actuelle n’est pas mauvaise, parce que le Sida fait partie des maladies. On ne va pas créer un ministère de la santé du cancer, ministère de la santé de la tuberculose, ministère de la santé de l’Ebola, etc. A partir du moment où on a dit salubrité, assainissement, on parle en même temps d’hygiène publique.

Donc, l’ossature, moi personnellement, elle me satisfait. Maintenant si on a mis les gens, on peut toujours épiloguer, mais j’avoue que les ministres déjà dans le Gouvernement, ont montré leur compétence. Et puis on sort d’une élection, donc le président avait voulu ne pas tout chambouler. Et puis, ça dépend de ce qu’on veut faire du Gouvernement, avec toutes les échéances qui restent.

Parce qu’il y a la révision constitutionnelle, le référendum, les législatives, il y a de grands défis. Donc, le président a certainement pensé un Gouvernement pour aller à ces grands défis, c’est pourquoi, le premier ministre a dit que c’est un Gouvernement de mission.

Monsieur le ministre que dites-vous aux régions qui espérait un ministre et qui ne l’ont pas eu ?

C’est vrai que d’un point de vue Pdci, c’est juste. Mais quand on voit tous les ministres, on a donné des ministères dans des régions à d’autres partis politiques autres que le Pdci. Bien sûr que ça fait un peu longtemps que des régions ne sont pas servies. Mais, ce n’est pas le dernier remaniement et la prochaine fois, ça va se faire.

Il n’y a pas eu de secrétaire exécutif entrant au Gouvernement. Cela n’aura-t-il pas un effet décourageant sur les membres de votre équipe ?

On a conservé celui qui était dedans. Avant, on avait le ministre des Ressources animales et halieutiques (Ndlr : le ministre Adjoumani) et on avait le directeur de cabinet  du Premier ministre qui a rang de ministre (Ndlr : le ministre Ahoua N’dolly Théophile). On les a toujours, donc, on n’a pas régressé.

Si aujourd’hui, on avait un secrétariat sans ministre, vous auriez posé la question. Mais, on n’a pas régressé.

L’ambiance est toujours bonne au secrétariat exécutif?

Oui, l’ambiance est bonne. Le ministre Adjoumani est venu. On l’a ovationné.

Au niveau des jeunes et des femmes, il y avait beaucoup d’attentes. Que pouvez-vous dire?

Les femmes et les jeunes sont là. Soyez patients, chaque chose en son temps. Mais, il y a eu quand même beaucoup de femmes. Elles sont 9. Mais vous voulez parler des femmes du Pdci ? Mais la femme Pdci qui était dedans y reste. Donc, elle représente les femmes du Pdci.

Avez-vous un message à lancer ?

IMG_9545Aux cadres du parti, je voudrais dire que quand on annonce un remaniement, tout le monde veut entrer au Gouvernement. L’ambition est humaine et légitime. C’est normal. Mais, on ne peut pas prendre tout le monde et ceux qu’on n’a pas pris aujourd’hui, demain, ils verront qu’on va les prendre. Mais je voudrais dire aux militants du Pdci Rda, que nous avons un challenge.

L’Appel de Daoukro a dit de faire bloc autour du président Alassane Ouattara pour qu’il soit réélu en 2015 pour une alternance avec un cadre du Pdci Rda en 2020. Voici la ligne, donc nous devons avoir les yeux rivés sur cet horizon. Tout ce qui se passe à gauche et à droite, ce sont des événements environnementaux. Mais l’objectif de base, c’est d’aller à l’alternance en 2020. Mais pour qu’on puisse faire l’alternance avec du Pdci, il faut que le Pdci existe et représente une véritable force politique qui compte. Donc, mettons-nous au travail.

Parce que même si aujourd’hui, on vous fait ministre, si le Pdci ne peut plus faire d’alternance demain, ça ne sert à rien. Donc, en chemin, il y a des gens qui vont avoir des promotions, mais allons y et ne soyons pas fâchés parce qu’on a fait la promotion de notre camarade. On doit être heureux qu’on ait fait la promotion d’un militant du Pdci Rda.

Seulement, ce qu’on va demander à ce dernier, c’est de continuer de rester un militant  dynamique du Pdci Rda. Et, il faut qu’on se mette au travail. On a fini de mettre en place nos structures de base. Aux mois de mars et avril, on va mettre en place les grands conseils régionaux, ensuite on va faire la formation avec la préparation des élections législatives et c’est tout cela que nous devons regarder.

Propos recueillis par G. T.-D.S. et C. M.

Photo : Victorine SOKO 

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