« C’est mon fils Michel qui m’avait amené un jour à la maison, pour déjeuner, son copain étudiant Guillaume Soro. C’est comme ça que je l’ai connu« , déclarait Laurent Gbagb, alors chef d’Etat ivoirien. Ils étaient tous les deux au rang des invités spéciaux pour le concert de 20 ans de carrière des ex-‘‘Poussins Chocs’’ de la musique ivoirienne, devenus, ‘’Yodé et Siro’’, ce samedi 16 avril 2016.
La scène : Michel Gbagbo arrive au moment où Soro Guillaume est déjà installé dans la salle pour le spectacle au premier rang où il doit être aussi installé. Le premier est le fils de l’ex-chef d’Etat détenu à la prison de la Cour pénale internationale. Le second a été le premier ministre du père du premier, qui au terme d’un combat pour le contrôle du pouvoir d’Etat a pris fait et cause pour la victoire de l’adversaire du père du premier cité.
A la fin de la crise électorale qui s’est terminée par une guerre totale avec 3000 morts décidés et décrétés par l’ONU et la France, le fils et le père seront emprisonnés par les vainqueurs auquel appartient son face-à-face du jour qui devient le président de l’assemblée nationale du pays.
Le public se lève, Michel Gbagbo salue les officiels présents et installés au premier plan. Au niveau de Guillaume Soro, celui-ci se lève pour lui faire une chaleureuse accolade! Un geste, très applaudi à tout rompre et qui restera l’image forte de la soirée musicale créant une autre tonicité à l’ambiance dans la salle des 4000 places du palais de la culture d’Abidjan.
Un geste de fous?
Ce geste entre le Michel GBAGBO dont la plainte court à Paris contre son ami du soir, le président de l’assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro continue de susciter des commentaires. Pour plusieurs observateurs, cette scène pourrait en cacher bien d’autres dans les jours à venir dans la vie sociopolitique ivoirienne. Même si les zougloumen ivoiriens Siro et Petit Yodé n’ont pas tenu leurs langues face aux deux hommes politiques :
Petit Yodé: «On passe des concours. On attend résultats djaaaa résultats attend notre nom de famille. Ce sont les Coulibaly, les Fofana qui mangent seulement. Quand ça reste un peu on donne aux Konan. Et nous les Zahui Koudou, Sery, Fieglo on mange comment? ». Quand d’autre artistes bien connu du public comme Petit Denis lâche: «Soro il faut libérer mon papa Blé Goudé, il n’a rien fait ».
Michel Gbagbo lui lissera le président de l’assemblée nationale ivoirienne apprécier sa déclaration: «Nous sommes en 2016. Quand j’étais jeune et beau, nous étions dans les années 1990, il y a eu beaucoup de troubles. Aujourd’hui il y a encore des troubles a l’Université ! Comme le président de l’Assemblée Nationale est là que lui même a dirigé la FESCI. Que se sont ses petits frères qui sont traumatisés, Demandez lui pardon il va régler le problème. Merci que Dieu vous bénisse! »».
Observateurs
Pour plusieurs observateurs, Michel Gbagbo et Soro Guillaume qui appartiennent à la même génération restent des amis bien que leur accolade perçue comme un geste entre deux ennemis soit diversement interprété. «Que devrait Michel Gbagbo face au geste amical de Soro Guillaume? Refuser de le saluer? Le dépasser? Refuser l’accolade parce qu’il est à l’origine d’une action judiciaire contre Soro e France ? », interrogent-ils.
Pour d’autres observateurs, le geste n’aura de sens que si Guillaume Soro demande la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, mais surtout la libération de l’ex-Président Laurent GBAGBO et de son ministre Charles Blé Goudé, tous deux détenus à la CPI.
Pour d’autres encore, Michel Gbagbo libéré de la prison et en dépit de sa plainte contre Soro à Paris, n’a jamais attaqué ouvertement Guillaume Soro. Son geste témoigne de son sens élevé de la République.
«Michel Gbagbo et Guillaume Soro appartiennent à la même génération. Et la meilleure des politiques est celle qui se fait par génération. Qui sait si les deux personnages se fréquentent loin des caméras ! Enfin, s’il est à déplorer toutes les victimes de ces différentes crises ivoiriennes, la Côte d’Ivoire doit désormais compter sur ses propres enfants».
Pour certains toujours, des gestes pour la reconstruction de l’unité nationale devraient être multipliés. En songeant à libérer les prisonniers politiques et à aider au retour de tous les exilés politiques sans exception.
«Il faut poser ces pas au nom de la réconciliation, la paix et l’unité nationale. Car au-delà de tout ce qui s’est passé entre nous dans ce pays sur la route du pouvoir, nous sommes des frères condamnés à se donner les moyens de continuer de vivre ensemble malgré tout ».
Quel est la grandeur d’un homme ! si ce ne sont les gestes qu’il pose en continue. Poser des actes puissants qui font plier adversaires et souvent sympathisants. Les Ivoiriens attendent la portée de cette accolade entre Soro Guillaume Michel Gbagbo…
HM
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