Qui désigne un chef de l’opposition, est-ce le régime en place ou l’opposition elle-même de par son activité sur la scène politique? La démocratie implique-t-elle l’institution d’un chef de file de l’opposition ? Dans les États de droit, existent- il des chefs de file de l’opposition comme la France, les États-Unis, la Grande Bretagne?
En attendant le vote du projet de loi sera voté par assemblée nationale ivoirienne faisant de Pascal Affi N’guessan, le chef de file de l’opposition ivoirienne, le débat sur la forme et le fond de cette désignation se poursuit et ouvre celui de la crédibilité de l’implantation de la démocratie en Côte d’Ivoire.
Pour certains critiques, la problématique qui se pose en Afrique et qui s’est posée dans les pays où ce statut a été voté officiellement, c’est de savoir comment jouer son rôle d’opposant et en même temps préserver des privilèges de chef de file de l’opposition octroyés par le pouvoir combattu?
Pour un analyste politique, l’institution d’un chef de fil de l’opposition n’est pas en soi et dans le principe une invention ivoirienne. Plusieurs régimes africains ont adopté des lois portant sur la désignation d’un chef de file de l’opposition notamment au TOGO (depuis 2000), au Mali (2013), en Guinée (décembre 2016), Tchad (2013) au Niger (2000), Benin (en 2002), en RDC (en 2007) …
Ainsi que l’on le constate, le statut de chef de file de l’opposition ayant rang de Ministre, ou de président d’institution avec tous les privilèges qui y sont attachés : Salaires, indemnités, Personnel du Cabinet salariés… n’est pas une invention du gouvernement actuel ivoirien sou Alassane Ouattara. Mais le régime ivoirien préfère la confusion car, dans le cas deb Pascal Affi N’guessan cette désignation s’avérait inutile puisque de toute façon il est un ancien Premier ministre avec les privilèges qui s’y attachent. Que vise le pouvoir d’Abidjan ?
Toutefois, d’où vient la particularité et problème avec l’institutionnalisation de ce statut pour la côte d’ivoire ?
Les lois portant statut officiel du chef de file de l’opposition des pays sus cités conditionnent la désignation du chef de file de l’opposition par la représentation du parti au Parlement. En d’autres termes, les chefs de file de l’opposition sont choisis sur la base du nombre d’élus à l’assemblée nationale obtenu par leurs partis respectifs.
Pour être plus clair poursuit l’analyste, le chef de file de l’opposition est le responsable du parti politique du pays qui a le plus grand nombre de député au parlement après le parti au pouvoir, dans le cas de ces pays aux régimes présidentiels, voire présidentialistes.
Ce n’est qu’en Côte d’Ivoire seul, que le projet de loi désigne le chef de file de l’opposition comme le candidat venu en seconde position de l’élection présidentielle. Pourquoi ? Diviser encore plus l’opposition en collant un costume à Pascal AFFI N’guessan venu deuxième à l’élection présidentielle de 2015 avec 9% des suffrages exprimés.
DANIELLE BONI CLAVERIE crie, holà !
« Nous ne pouvons accepter qu’on veuille nous imposer un chef de file désigné par le Pouvoir. Une telle mesure apparaîtrait comme un habit taillé sur mesure pour une seule personne. Nous refusons cette immixtion du Pouvoir d’Etat dans une décision exclusivement réservée à l’opposition car le prétexte trouvé par les actuels occupants du palais présidentiel est loin de convaincre. C’est peu pertinent. Il y a trop d’incongruités dans cette décision. Et si le candidat n’a pas de parti, s’il n’est pas leader d’un parti politique ? N’oublions pas que la présidentielle est un rendez-vous d’un individu avec le peuple.
Ainsi, c’est depuis 2012 qu’un avant-projet avait été élaboré au sein du Cadre permanent de discussion (CPD). Une première mouture dans laquelle, il n’est jamais apparu, la désignation d’un chef de file. C’est plus tard, au cours d’un séminaire organisé par le NDI-National Democratic Institut, que j’ai moi-même fait cette proposition qui a été aussitôt rejetée par l’ensemble de l’opposition y compris Affi N’guessan.
Alors, aujourd’hui je suis fort surprise face à ce projet de loi fixant les critères de désignation d’un Chef de file contrairement à ce que l’opposition a toujours exprimé. Je refuse cela« , déclare Danielle Boni Claverie, présidente de l’Union républicaine pour la démocratie (UDR).
Pour un pays démocratique, il faut juste garantir la liberté d’expression, la liberté syndicale, donner la liberté aux partis politiques d’exercer leurs activités politiques, entre autres, les marches, meeting, dénonciations… le constat est qu’en Côte d’Ivoire, actuellement, le pouvoir à travers la justice organise un parti d’opposition qu’il a choisi. Affi est en conflit avec ses camarades d’hier et l’Etat signe un décret pour le désigner comme chef de fil de l’opposition. De quelle opposition s’agit-il? Le FPI est en justice.
Est-ce une trouvaille pour une promesse de la dernière présidentielle parce que ne l’ayant pas nommé ministre ou président d’une institution?
H.MAKRE
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