CÔTE D’IVOIRE-DANS L’UNIVERS DES PETITS CIREURS DE DUEKOUÉ, DES VICTIMES… DE LA SOCIÉTÉ

Ils sont pour la plupart des jeunes garçons dont l’âge oscille  entre 9 et 15 ans. Déscolarisés, ces enfants ont décidé de se battre pour gagner leur pain quotidien en s’adonnant au métier de cireur de chaussures. Pour fuir la tentation des armes!  cireur

A la gare de GBAKA en partance pour GUIGLO, une petite voix nous interpelle: «Monsieur y a kiwi, lavé et cirer propre». Le  petit cireur s’approchant de nous propose même de réduire le coût que nous ne connaissons pas encore. Il se nomme ABOUBACAR, âgé de 14 ans à peine. Il tient dans sa main gauche sa brosse et sur son dos sa caisse imbue de matériels de cirage.

«Je cire depuis 1 an et demi à la gare. Faute de moyen financier, je ne vais plus à l’école. J’ai abandonné les études en classe de CM1» explique le petit ABOU. Ils sont nombreux dans la ville de DUEKOUE ces enfants de moins de 15 ans qui se bousculent en longueur de journée aux abords de route, restaurants, bars, dans les marchés, maquis et les carrefours à la recherche d’éventuels clients pour gagner leur pain du jour.

enfants  cireurs«Si ça marche, je gagne 1000 FCFA ou 1200F par  jour. Je donne 800F ou 1000 F à ma maman et puis je garde 200F sur moi pour ma nourriture », raconte pour sa part Guehi cet autre enfant cireur, âgé de 13 ans qui se lève très tôt le matin pour parcourir les coins et les recoins de la ville pour rentrer le soir aux environs de 18 heures.

La situation de vie difficile que vivent les parents pousse ces enfants à exercer ce métier de cireur  de chaussures, parce que disent-ils, éviter la tentation de prise des armes aux fins de s’adonner à des actes  illicites. Aussi, la crise postélectorale a-t-elle augmenté le nombre de ceux-ci dans la cité. Selon le père du petit Sylla, son fils exerce ce métier pour l’aider un peu à subvenir aux besoins de la famille. Il regrette amèrement de ne pas pouvoir assurer la scolarité de son fils.

abidjan3«Je vivais à Toulepleu avec mes parents. Quand mon père a été tué par les hommes en treillis, ma maman et mes deux petites sœurs et  moi sommes venus ici pour nous débrouiller. Donc, moi je cire et mes sœurs vendent au marché avec ma maman», confie Ismaël, 14 ans qui tient en main sa caisse de cirage espérant avoir quelques clients. Aussi ajoute-t-il que, c’est en classe de 6ème  qu’il a arrêté les études. Idem pour Bamba, dégoulinant de grosses gouttes de sueur, 12 ans qui a abandonné les études en classe de CM2 en 2012.

«J’habite au carrefour avec mes parents. Ce sont eux qui m’ont dit de faire ça pour les aider aussi à payer le prix de la nourriture. Donc chaque jour, je suis obligé de me promener pour avoir un peu d’argent», affirme-t-il.

 Ces petits cireurs nous les retrouvons un peu  partout dans les lieux très fréquentés, de la ville. Au regard des difficultés vécues par de  nombreuses familles dont ils sont issus, peut-on  interpeller  les autorités compétentes et surtout les parents sur les méfaits du travail et l’exploitation de ces enfants par la société elle-même ?

 cireursCar leur place n’est pas dans les rues, mais dans les salles de classe pour préserver leurs droits. Ce qui est d’ailleurs le droit de tous les enfants du monde. Le droit d’aller à l’école, droit à une assistance et à une protection contre l’exploitation des enfants et bien d’autres maux qui minent le quotidien de ceux-ci.

Mister Dan

(Correspondant régional)

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