Côte d’Ivoire-libération des prisonniers d’opinion:Ces propos de Ouattara qui défient l’ordre de la réconciliation

PRISONNIERS     Alors que les témoignages de certains détenus rencontrés à la MACA sont antinomiques à la description faite par le Chef de l’Etat ivoirien M Ouattara devant la situation des détenus politiques en Côte d’Ivoire. Et pour cause:

 «Je suis Kacou Bi Moïse. J’ai été arrêté le 4 décembre 2013 à mon domicile qui est situé à Yopougon à 3 heures du matin. Mon domicile a été saccagé. Ma femme qui était enceinte de 6 mois à cette période a été tabassée sous mes yeux. Ils ont marché dans son ventre au point où elle fit une fausse couche. 

J’ai passé 6 jours dans un endroit que j’ignore où j’ai subi des tortures horribles. J’ai été emmené manu militari à la DST où durant 3 jours. Durant ces 3 jours à la DST, les interrogatoires ont été musclés car l’on voulait me faire avouer des faits que je n’ai jamais commis. Jamais dans cette Côte d’Ivoire je n’ai voulu faire un coup d’état. 

Le 13 décembre 2013 l’on me défera à la MACA et j’y suis depuis lors….Ma situation judiciaire est similaire à celle de mes compagnons de cellule. Je n’ai été entendu qu’une seule fois par le Juge d’instruction. A la fin du mois de novembre 2015, j’ai appris que je fais partis des personnes qui seront jugés en Cour d’Assises.  Les assises débutent le 9 ASSISmai 2016, nous avons besoin de vous à nos côtés au palais de JUSTICE car nous sommes innocents et l’on veut nous condamner coûte que coûte…».

Après avoir lu ces  notes d’un des prisonniers, que dire ! Il y a certainement une différence de degré d’appréciation. Parce qu’il n’y a pas encore de rencontres entre le chef de l’Etat ivoirien Alassane  Ouattara entre une communauté, quelle qu’elle soit avec laquelle il échange, que les membres soient des chefs traditionnels,

chefs coutumiers détenteurs des us et coutumes, qu’ils soient chefs religieux toutes tendances confondues sans distinction de foi, qu’ils soient syndicalistes, corporatistes, diplomates, femmes, jeunes et vieux ou de simples visiteurs du palais présidentiel d’Abidjan, sans que la question du retour des exilés et la libération des  prisonniers politiques ou d’opinion n’a été abordée. Au point qu’elle hante à la limite le chef de l’Etat.

Difficile de s’en débarrassée elle a refait surface lors de la fête du 1er mai célébrant le Travail,  source de liberté humaine. Cela sous-entend que tous ses interlocuteurs savent et sentent que quelque chose ne va pas dans le pays. Vécue comme une situation d’anormalité. Il y a des individus, depuis 2011 à  2016 qu’ils soient qualifiés de  prisonniers politiques et d’opinion croupissent dans les prisons en Côte d’Ivoire. Et que leur libération semble une exigence de l’avancée démocratique.

Mais Alassane Ouattara en très grand démocrate  face à tous ses  interlocuteurs a lui sa vision. Et voici son jugement de la situation des détenus depuis 5 ans :

PRISONNIERS POLITIQUES«Je note également que vous avez soulevé la question de la paix, de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Je conviens avec vous de l’impérieuse nécessité de les cultiver et de les consolider. Nous y travaillons sans relâche, patiemment, avec persévérance et détermination. J’ai donné des instructions au Ministre d’Etat chargé du dialogue politique et des relations avec les institutions pour la reprise du dialogue politique avec les partis de l’Opposition, dont le statut vient d’être adopté en Conseil des ministres.

 De même, les décisions de libérations et de grâces prises à l’occasion des fêtes de fin d’année s’inscrivent dans notre volonté de renforcer la paix et d’œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale. Cependant, comme j’ai eu à l’indiquer à KOUAl’occasion de la remise du rapport de la CONARIV, le mardi 19 avril dernier, si nous voulons être un pays moderne, il faut allier le pardon à l’Etat de droit… 

C’est pourquoi je voudrais être très clair: Il n’y a plus de prisonniers de la crise poste électorale aller vérifier. Les prisonniers de la crise  postélectorale sont ceux qi ont été arrêtés jusqu’à la date du 21 mai où j’ai prêté serment. À l’exception de trois, ils ont tous été libérés. Il y a ceux qui pensent déstabiliser le pays avec 30.000Fcfa qu’ils reçoivent. Il seront jugés…« .

Voilà qui est clair pour le chef de l’Etat. Il n’y a pas de prisonniers politique ou d’opinion. Mais des déstabilisateurs de la République.

LIBERECe qui ne semble pas du goût des concernés et de leurs proches

«Nous le Collectif des Femmes et Parents de la crise poste électorale disons qu’en ce jour nos parents croupissent encore dans les prisons de Côte d’Ivoire et sont plus 280 personnes. Par conséquent nous voulons dire au Président qu’il arrête d’aggraver la situation par ce genre de propos qui ne font qu’envenimer la situation. Nous le Collectif des Femmes des détenus Cofed exigeons la libération de tous les prisonniers politique de la côte d’Ivoire», crie dame  Datté Simone Présidente du COFED.

Et autre groupe :

 « Le président Ouattara essaie ainsi de nier une réalité que beaucoup d’ivoiriens et des organisations de défense des droits de l’homme dénoncent. Mais quand M. Ouattara a-t-il déjà admis qu’il y avait des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire pour dire LIBEREZaujourd’hui qu’il n’y en a plus et qu’on peut le vérifier ?

 Il s’agit là d’un aveu de taille d’un homme qui a fait de l’emprisonnement de ses adversaires politiques un programme de gouvernement, et qui détient encore des centaines de prisonniers d’opinion».

Devant de telles divergences d’appréciation, il ne reste  plus que la voix de la sagesse face à une situation qui a totalement désarticulée la nation  ivoirienne et de  nombreuses familles, parce que dominé par la peur…! 

GRACE OZHYLLY 

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