L’enseignant de droit constitutionnel et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao connu du grand public pour avoir été l’un des précurseurs du débat sur la réforme constitutionnelle en cours en Côte d’Ivoire a pris
le contre-pied relativement aux auteurs de ladite constitution, le professeur Ouraga Obou. Lequel est chargé du groupe d’experts commis à la rédaction de l’avant-projet de la Constitution ivoirienne réclamée de par le chef de l’Etat Alassane Ouattara.
«Non, il n’est pas juste de la part du professeur Ouara Obou de dire que cette constitution est rédigée par les Ivoiriens», déclare Julien Kouao, ce mardi 20 septembre 2016, à l’occasion de la présentation de son ouvrage : ‘‘COTE D’IVOIRE, LA TROISIEME REPUBLIQUE EST MAL PARTIE’’, à la librairie carrefour Abidjan Cocody. Un ouvrage qu’il laisse entendre comme un support de réflexion, une compilation de tribunes et interviews républicaines. Un livre qui porte sur la réforme constitutionnelle en cours en Côte d’Ivoire.
C’est qu’interrogé sur les auteurs de la rédaction de l’avant-projet suspecté d’être l’œuvre de juristes français, voici ce qu’a déclaré le professeur Ouraga Obou face aux journalistes:
«Cette équipe d’experts est composée entre autres de monsieur Tano, il est professeur agrégé de droit privé, du Pr Mélèdje, agrégé de droit public; de Dr Allah, enseignant de droit privé, de Dr Koffi, enseignant de droit privé, de Dr Silué, enseignant de droit, de Ouraga Obou, agrégé de droit public, président de la commission de rédaction de la constitution de 2000, président du comité des experts.
Nous avons pris notre constitution, et plusieurs autres constitutions, nous avons rédigé notre projet de constitution. Personne n’a écrit cette constitution à notre place. C’est une constitution ivoirienne, une constitution des Ivoiriens. Pourquoi des personnes étrangères l’écriraient. Cette équipe est qualifiée ».
Ce n’est pas suffisant estime l’enseignant de droit constitutionnel pour affirmer que la nouvelle constitution voulue par le chef de l’Etat ivoirien a pour rédacteur, le peuple ivoirien : «Ceux qui composent ce groupe dit d’experts ne sont pas des experts. Certes, Pr Ouraga Obou, Pr Meledje Djedjero sont des constitutionnalistes, mais certains des membres sont des spécialistes du droit privé, donc pas spécialistes de la question constitutionnelle. C’est un comité de juristes, et non un groupe d’experts. Tous les juristes ne sont pas des constitutionnalistes.
Non, les Ivoiriens n’ont pas été conviés à la rédaction de la nouvelle constitution. Y a-t-il des paysans, des chefs traditionnels, des syndicats, des étudiants, des enseignants, des économistes, la société civile, les formations politiques…? Non ! La république a des valeurs qu’il faut respecter. Car dans une république, ce n’est pas un homme qui a raison, c’est le peuple », explique Geoffroy-Julien Kouao face à ‘assertion du professeur Ouraga Obou, mis en mission par une volonté politique.
S’appuyant sur son ouvrage ‘‘Côte d’Ivoire, la troisième république est mal partie’’, l’enseignant de droit constitutionnel et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao, pense que si l’on exclue le peuple à cette étape de la procédure, «où va-t-on l’inclure ? Il n’est pas encore l’heure de parler de fond. C’est suspect de parler de fond quand la forme est fausse. Démocratiquement et aux regards des valeurs républicaines, la démarche est mauvaise.
La procédure de l’exécutif n’est pas bonne. Il revient au peuple à travers une assemblée constituante de se doter d’une constitution. Le peuple doit être en amont et en aval du processus.
C’est pourquoi je dis que le passage sous cette forme à la troisième république est mauvais, de peur que nous ayons une constitution vivante mais non viable. Elle va naître mais ne durera pas dans le temps. Car, la forme précède et induite le fond en droit si nous voulons la paix et la prospérité».
L’enseignant de droit constitutionnel et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao, par son ouvrage ‘‘Côte d’Ivoire, la troisième république est mal partie’’, emprunte la pédagogie du timonier politiste de la Chine populaire, Mao Zedong qui énonce que «les conseils, je les demande non pas pour les suivre mais pour les éclairer ».
Ainsi déclare-t-il: «Je ne suis pas dans une posture politique, mais dans la posture d’un citoyen. Si le débat de fond est posé après que la forme soit mauvaise et qu’il y a une position à prendre, nous la prendrons. Tout ce qui se fait en dehors du peuple n’est pas durable. Cette constitution naîtra certainement, mais elle ne sera pas durable, parce qu’elle ne sera pas viable !
Car la crise politique est avant tout juridique. Ne pas le savoir est mortifère. Le lien juridique que nous sommes en train de faire en sapant la forme va nous conduire dans le pire», d’où la portée de son ouvrage; ‘‘Côte d’Ivoire, la troisième république est mal partie’’ sortie en libraire, en début de cette semaine.
L’enseignant de droit constitutionnel et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao, annonce la première grande dédicace de son ouvrage, pour le samedi 24 septembre prochain à la librairie Carrefour saint Jean Cocody-Abidjan. Il sonne la révolte des intellectuels ivoiriens.
HERVE MAKRE
© 2016, herve_makre. All rights reserved.
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.ledebativoirien.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.