Abidjan-café-cacao-graves révélations : «Attention les syndicats ont détourné plus de 22 milliards sous Gbagbo et les mêmes qui ont poussé Tapé Do et Henri Amouzou aux erreurs sont de retour», Romaric Sako pdt du RJS CC

Sans fioritures, le président du Réseau des journalistes spécialisés en café-cacao (RJS CC) Romaric Sako  rompt le silence face à la crise constatée dans la filière café-cacao. Pour lui, les meneurs de la grève du 15 février prochain n’étant pas crédibles, les producteurs ivoiriens ne devraient pas les suivre. Il   invite les journalistes du Réseau d’équilibrer les informations avant de les traiter. Interview avec ledebativoirien.net…

Vous êtes le président du Réseau des Journalistes Spécialisés en Café-Cacao. Quelles sont les motivations de romaric SAKO
la création de cette structure ?

Le Réseau des Journalistes Spécialisés en Café-Cacao (RJSCC) vise plusieurs objectifs. Le plus important consiste à former les journalistes sur  la filière café-cacao afin de leur permettre d’avoir des rudiments conséquents pour mieux faire leur travail. L’autre Objectif cherche à permettre les  journalistes d’être sur le terrain pour voir comment se déroule la campagne et comment vivent les producteurs après la nouvelle réforme.

Avez-Vous déjà fait un bilan de vos activités ?

Oui, nous avons fait une première formation portée sur les missions et rôle du Conseil du Café-Cacao. La deuxième formation portera sur la commercialisation intérieure et extérieure du café et du cacao. Nous avons également produit deux rapports de nos activités sur le terrain.

Que peut-on retenir de ces rapports ?

Les deux rapports effectués en 2014-2015 et 2015-2016 ont montré que les prix bords champs fixés ont été respectés. Et ce, depuis la création de la nouvelle réforme. Le trafic a pris du recule. Les  conditions de vie  et de travail des producteurs ont été améliorées. Car nous avons découvert plusieurs infrastructures réalisées sur le terrain par le Conseil du Café-Cacao. Ces réalisations concernent l’électrification à l’énergie solaire, l’éducation, la santé, l’hydraulique villageoise, la sécurité, les routes et autres.

Le Correspondant du RJSCC à Abengourou a constaté que le village de Cati Situé à la Frontière Côte d’Ivoire-Ghana est électrifié à l’énergie solaire grâce au Conseil du Café-Cacao. Une dizaine de villages a bénéficié de cette électrification. Les revenus des producteurs en quatre ans sont passés à 5 701 milliards Fcfa contre 400 milliards fcfa en dix ans de libéralisation.

Pourquoi donc pour la campagne 2016-2017, on note des grincements de dents de la part des producteurs.

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C’est normal que des producteurs qui vivent décemment depuis l’accession du Président Alassane Ouattara s’inquiètent du ralentissement de la campagne  et de quelques difficultés enregistrées ; surtout qu’ils ne sont plus habitués à la pauvreté depuis quatre ans. Mais, le Conseil du Café-Cacao est en train de tout mettre en œuvre pour sauver la situation. Si depuis quatre ans, cette structure a priorisé les producteurs, elle ne saurait les abandonner maintenant.

C’est  pour trouver des solutions à la situation que le Conseil a effectué une mission au port de San Pedro pour discuter avec les autorités portuaires. Deux grands bateaux assurent à présent le transport du cacao. L’équipe du Conseil du Café-Cacao a sillonné les quatorze régions productrices pour rassurer les producteurs que, le prix bord champ n’a pas changé. Non sans discuter avec les exportateurs pour le respect des closes et le respect du prix entrée-usine. Devant la situation, le Conseil ne reste pas les bras croisés puisque le RJSCC est tout le temps sur le terrain pour constater leur effort quant à au retour à la normale.

Si le prix bord champ n’a pas changé, pourquoi les producteurs projettent une grève le 15 février prochain ?

Cela fait bien 20 ans que nous écrivons sur la filière café-cacao. C’est en raison de cette petite expérience que nous avons décidé de créer le Réseau des journalistes spécialisés en café-cacao. Les grèves, nous savons comment elles se passent dans la filière. On ne peut pas interdire une grève dans un pays de droit.

Par contre, si les personnes qui sont à la tête de cette grève ne sont pas crédibles comment peut-on l’accepter. Parce qu’en réalité, nous connaissons mieux ceux qui s’agitent parce que nous les avons côtoyés pendant la triste période de la libéralisation sous Laurent Gbagbo.

conseil cafe cacaoPourquoi dites-vous que les syndicalistes à la tête du mouvement du 15 février ne sont pas crédibles ?

Ce sont les mêmes qui ont poussé Tapé Do et Henri Amouzou aux erreurs qui sont de retour. Nous les connaissons pour leur chantage. Ils en ont l’habitude pour extorquer de l’argent à ceux qui géraient la filière. Les agitateurs ont procédé par ces intimidations par le passé pour piller plus de 22 milliards FCFA aux caisses de la filière sous Laurent Gbagbo. Nous avons été tous surpris que ces syndicalistes ne soient pas jetés en prison

Comment cela s’est passé ?

La presse a été toujours présente lors de leurs différentes revendications. En février 2004, les syndicats, les collectifs et coopératives fictives se sont réunis à l’ex-AITA CI à Treichville pour créer le comité de crise qui revendiquait des financements. 18 milliards FCFA décaissés par Henri Amouzou, leur ont été partagé. Ni les coopératives ni les syndicats ni les collectifs n’ont pu rembourser cet argent. En 2006, les syndicats réunis dans la Confédération des syndicats agricoles  de Côte d’Ivoire (COSACI) menacent de paralyser le pays s’ils ne sont pas subventionnés.

La somme de 1,2 milliard Fcfa est décaissée. C’était la belle époque pour eux. Dans la même année, les syndicalistes et collectifs suscitent la création de la COPICO (Confédération des coopératives de Côte d’Ivoire) dirigée par Henri Amouzou et la Fédération nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (FENACOOPCI) dirigée par Tapé Do. Sous la pression des syndicats et collectifs, il a été décidé que les deux structures soient financées à hauteur de 1,5 milliard FCFA chacune.

romaric SAKOAmouzou Henri, président du FDPCC, par ailleurs président de l’Anaproci (Association nationale des producteurs de Côte d’Ivoire) décaisse effectivement 1,5 milliard FCFA pour sa structure qui est COPICO et  seulement 500 millions FCFA  sont décaissés pour la FENACOOPCI de Tapé Do. Où est passé le milliard qui restait à reverser à la structure de Tapé Do. Personne n’a jamais répondu à cette question. La discorde entre Tapé Do et Amouzou est désormais consommée. Amouzou vire Tapé Do du bureau exécutif de l’ANAPROCI.

Les syndicalistes proches de Tapé DO engagent des manifestations pendant plus d’un mois pour faire plier l’échine à Amouzou également. Parmi ces syndicalistes des jeunes de la Sorbonne au Plateau, de Yopougon et Abobo pris pour des planteurs rendent la vie difficile à Amouzou. La riposte ne s’attend pas du côté des syndicalistes proches d’Amouzou.
Les vrais producteurs ne travaillent plus dans la sérénité. Gbagbo en est fatigué et jette les barons en prison. Mais comme les syndicalistes n’ont pas été inquiétés à cette époque, ils profitent des difficultés de la campagne actuelle pour reprendre les mêmes habitudes. Mais devant eux sont dressés Lambert Konan Kouassi et Massandjé TOURE-LITSE.

Pour vous, la grève sera-t-elle suivie ?

Je ne sais pas. Mais elle n’est pas crédible selon moi. Car Koné Moussa et Bilé Bilé qui ont signé un accord de partenariat la semaine dernière pour susciter cette grève ne sont pas des hommes crédibles à mes yeux. Ce ne sont pas des producteurs de confiance. En en effet, mon ami Koné Moussa est le président intérimaire du SYNAGCI, un syndicat politique. Le SYNAG CI est un syndicat créé par MM. Monnet et Laurent Gbagbo alors dans l’opposition pour emmerder Houphouët-Boigny.

CACAOAprès l’accession de Gbagbo au pouvoir, le syndicat est confié à Daly Koffi et Ignace Kassi à l’AG de San Pedro en 2001. Soumahoro Moussa était le président du Comité d’organisation de cette AG. Le Doyen Bléoué Aka du FPI est nommé président d’honneur. Ce SYNAG CI dont Koné Moussa est le secrétaire général intérimaire aujourd’hui a bénéficié de toutes les largesses d’Amouzou Henri. Comment un tel syndicat peut-il inviter les producteurs à une grève ?

L’autre, M. Bilé Bilé, président du Collectif des producteurs de Côte d’Ivoire est bien notre ami. C’est bien lui qui s’est autoproclamé président du FDPCC quand Henri Amouzou a été arrêté. C’est lui qui a demandé à ses fidèles de forcer les portes du PDPCC pour s’installer dans le bureau d’Amouzou en 2008. Nous avions eu la chance d’être témoins de cet évènement puisque nous étions invités à la couverture de la prise de pouvoir de Bilé Bilé. Le lendemain, Yeoun Michel, vice-président du FDPCC, successeur légal d’Amouzou a réagi  lors d’un point de presse et a déclaré la disparition de 300 millions FCFA du bureau d’Amouzou après le passage de Bilé Bilé.

Sans toutefois accusé dernier. Quand nous sommes revenus en 2012 sur cette question, il nous a traduits devant le tribunal de première instance d’Abidjan croyant nous intimider.  Une grève de Fulgence N guessan, Kouamé Bernard de Gabiadji, Boua Bonzou, de Toussain Nguessan peut inquiéter une nation parce qu’ils sont FACE ROMARIC SAKOde véritables producteurs et responsables de coopératives dignes de ce nom. Mais celle de Bilé Bilé et de Koné moussa ne mérite pas d’être suivie.

C’est pourquoi nous voudrons inviter les responsables du Conseil du Café-Cacao et du ministère de tutelle de redoubler de vigilance. Et de continuer à se battre pour sauver la campagne actuelle. Face à cette crise, j’invite les journalistes membres du RJSCC d’équilibrer les informations avant de les publier.

Réalisé par David Gogbe

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