Mobile 360 Afrique de l’Ouest: «Fossé entre les sexes dans les services d’argent mobile en Côte d’Ivoire et au Mali »,

Abidjan, en Côte d’Ivoire, au forum Mobile 360 Afrique de l’Ouest de la GSMA qui s’est tenu, au Radison Blule, programme GSMA ConnectedWomen a reçu un engagement d’Orange Côte d’Ivoire pour réduire le fossé entre les sexes dans leur clientèle mobile.

GSMA 1GSMA 2GSMA 3GSMA Alix Jagueneau bMaintenant disponible dans les deux tiers des pays à revenus intermédiaires inférieurs ou intermédiaires supérieurs, les services d’argent mobile ont montré leur rôle crucial dans l’inclusion financière pour une grande majorité de la population n’ayant pas accès à un établissement financier formel.

Cependant, et bien que l’argent mobile soit plus répandu qu’il ne l’a jamais été, les niveaux d’adoption et d’utilisation de ces services restent fortement inégaux entre hommes et femmes. Les données du Global Findex 2014 montrent que les femmes ont 36 % de chances en moins d’avoir un compte d’argent mobile que les hommes – un écart souvent bien plus prononcé dans certaines régions.

GSMA 3Combler le fossé hommes-femmes en matière d’adoption et d’utilisation des services d’argent mobile offre une multitude d’opportunités, non seulement pour les femmes elles-mêmes, mais également pour la société, et pour les entreprises.

Grâce à l’initiative « GSMA ConnectedWomenCommitment », les opérateurs mobiles s’engagent officiellement à réduire le fossé entre les sexes parmi leurs clients d’argent mobile ou d’Internet  mobile d’ici 2020. Avec ce nouvel engagement, 26 opérateurs ont pris 34 engagements pour réduire l’écart entre les sexes en Afrique, en Asie et en Amérique latine, en s’efforçant d’accélérer l’inclusion numérique et financière des femmes.

la GSMA

la GSMA rassemble près de 800 opérateurs de téléphonie mobile dans le monde entier appartenant à plus de 300 sociétés de l’écosystème mobile élargi, dont des fabricants de téléphones et d’appareils, des éditeurs de logiciels, des fournisseurs d’équipement, des fournisseurs de services Internet et des organismes œuvrant dans des secteurs d’activité connexes. La GSMA organise également les plus grands événements du secteur, tels le Mobile World Congress, le Mobile World Congress Shanghai, le Mobile World CongressAmericas et les conférences Mobile 360 Series.

  • Avantages pour les femmes – L’argent mobile permet aux femmes d’avoir une plus grande autonomie financière et de renforcer leur rôle en tant que décideurs financiers.
  • Avantages pour la société – L’argent mobile soutient 11 des 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Par exemple, la recherche a montré qu’au Kenya les ménages pouvaient échapper à l’extrême pauvreté grâce à l’argent mobile – la consommation chez les ménages dirigés par des femmes augmentant deux fois plus que GSMA Alix Jagueneau bchez les ménages dirigés par des hommes. Une participation économique accrue des femmes dans le secteur formel favorise ainsi des économies plus efficaces, plus productives et plus transparentes. On estime en effet que la finance digitale, comprenant notamment les services d’argent mobile, pourraient apporter 3,7 milliards US$ d’activité économique annuelle supplémentaire d’ici 2025. [1]
  • Avantages pour les entreprises – Les femmes représentent environ 50 % du marché mobile dans tous les pays et négliger ce segment engendrerait une perte commerciale considérable pour l’industrie mobile.

Afin de mieux comprendre cet écart de genre dans l’adoption et l’utilisation des services d’argent mobile, nous avons analysé les données provenant à la fois de l’offre (opérateurs mobiles) et de la demande (consommateurs) dans deux pays : le Mali et la Côte d’Ivoire. Plus précisément, nous avons examiné les transactions de clients hommes et femmes, afin de comprendre comment ceux-ci utilisent les services d’argent mobile et afin d’identifier les étapes du parcours client dans lesquelles les femmes ont plus tendance que les hommes à abandonner les services d’argent mobile. Nous avons ensuite mené des études quantitatives et qualitatives visant à comprendre les raisons de cet abandon, ce qui nous a permis d’identifier des solutions potentielles afin de réduire l’écart de genre en matière d’argent mobile.

Les principales conclusions de nos recherches menées au Mali et en Côte d’Ivoire sont les suivantes :

  1. L’écart entre les sexes est plus large avant l’étape d’inscription et reste ensuite limité jusqu’à l’étape de « forte utilisation », lorsque les utilisateurs effectuent des transactions mensuelles plus nombreuses et de plus grande valeur.
  • Avant l’étape d’enregistrement, il existe un fort écart de genre en matière de possession de téléphones mobiles, et nous avons également constaté une connaissance de l’argent mobile plus approfondie chez les propriétaires de téléphones. Cela suggère que ne pas posséder un téléphone pourrait affecter négativement la capacité des femmes à ouvrir un compte d’argent mobile.
  • Lorsque les femmes ont un compte d’argent mobile, elles sont aussi susceptibles que les hommes d’essayer le service et de devenir des « utilisatrices régulières » (définies comme des utilisatrices ayant initié au moins une transaction par mois) ou des GSMA 1« utilisatrices actives » (définies comme des utilisatrices qui réalisent plusieurs transactions chaque mois). S’attaquer à l’écart hommes-femmes à l’étape d’enregistrement apparait donc essentiel pour réduire l’écart entre les sexes dans l’utilisation de l’argent mobile.
  • Les femmes sont moins susceptibles que les hommes de devenir des « utilisatrices très actives » des services d’argent mobile. Elles utilisent ces services moins fréquemment et pour de plus faibles montants que les hommes, et ne profitent donc potentiellement pas pleinement de ces services.
  1. Dans les zones urbaines, il existe une réelle opportunité d’accroître le taux de pénétration des services d’argent mobile auprès des femmes, en particulier pour la tranche d’âge de 25 à 40 ans. Dans les zones rurales, il est primordial d’augmenter le taux de pénétration de ces services à la fois chez les hommes et chez les femmes.
  2. Les usages des femmes en matière d’argent mobile diffèrent de ceux des hommes, et il existe une opportunité d’augmenter à la fois la fréquence et la diversité de ces usages. Les femmes ont en effet tendance à réaliser des transactions de plus faibles montants et à utiliser des services plus simples, tels que les dépôts et retraits d’espèces ou les transferts de personne-à-personne (P2P). Lors de transferts P2P, les femmes ont, par ailleurs, tendance à être destinataires de l’argent, alors que les hommes sont plus susceptibles d’en être les expéditeurs.
  3. GSMA 2Parmi les propriétaires de téléphones, et au cours des différentes étapes du parcours client, les barrières à l’utilisation des services d’argent mobile sont généralement identiques pour les femmes et pour les hommes :
  • La mauvaise compréhension du service, la perception d’un manque d’utilité et le manque d’argent étaient les principales barrières signalées par les hommes et les femmes, à la fois en Côte d’Ivoire et au Mali.
  • Le faible taux d’alphabétisation, les frais de transaction, la faible expérience client lors de l’étape d’inscription, le manque de confiance et les problèmes techniques ont également été mentionnés comme des barrières secondaires. Cependant, ces barrières étaient signalées de façon irrégulière entre les deux pays.
  • La façon dont les utilisateurs perçoivent chaque barrière dépend fortement du pays et de l’étape de parcours client de l’argent mobile dans lesquels ils se trouvent.
  1. L’utilisation non-enregistrée des services d’argent mobile, y compris lors de dépôts directs et de l’utilisation du compte de quelqu’un d’autre, était particulièrement répandue dans les deux pays, en particulier lors des premières étapes du parcours client. Même lorsqu’elles ont leur propre compte, les femmes enregistrées étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes de réaliser des transactions d’argent mobile non-formelles et non-enregistrées au sein des bases de données des opérateurs. Cela empêche les femmes de tirer pleinement parti de l’utilisation de leur propre compte d’argent mobile, notamment de la confidentialité, de la sécurité et l’indépendance financière que celui-ci peut apporter.
  2. Nous avons identifié une corrélation linéaire positive entre le niveau d’éducation et la profession des utilisateurs d’une part et leur niveau utilisation de l’argent mobile d’autre part. Ceci suggère que l’éducation et la profession d’un utilisateur peuvent permettre de prédire sa disposition à devenir un utilisateur actif des services d’argent mobile. Bien que nous n’ayons observé aucune corrélation linéaire positive entre le niveau de revenu du ménage auquel l’utilisateur appartient et son niveau d’utilisation de l’argent mobile, nous GSMA 2avons cependant pu constater que les « utilisateurs actifs » et les « utilisateurs très actifs » ont tendance à avoir des revenus ménagers plus élevés.

Il n’existe pas de « solution unique » pour réduire l’écart entre les sexes et accroître l’adoption et l’utilisation des services d’argent mobile auprès des femmes. Il convient donc d’adopter une approche holistique qui tienne compte du contexte culturel et des multiples dimensions d’un service d’argent mobile, telles que :

  • Des activités ciblées de marketing et de sensibilisation des utilisateurs afin d’améliorer leur compréhension des services d’argent mobile et leurs avantages, et afin d’accroitre leur confiance lors de l’utilisation de ces services.
  • Le lancement de produits nouveaux ou l’adaptation des produits existants afin qu’ils soient plus adaptés au segment féminin, en veillant non seulement à ce qu’ils répondent aux besoins financiers des femmes et encouragent une transition numérique des opérations jusqu’alors réalisées en espèces, mais également en veillant à ce que les femmes soient GSMA 3informées de ces produits.
  • La création d’un réseau de distribution robuste qui supporte l’utilisation des services d’argent mobile.
  • L’augmentation du niveau de possession de téléphones mobiles chez les femmes, étant donné qu’il s’agit de la première étape avant l’adoption des services d’argent mobile.
  • Le recueil et l’analyse de données ventilées par sexe ainsi que l’investissement dans de nouvelles recherches afin de mieux comprendre et mieux répondre aux besoins des clients et afin de développer des actions ciblées visant à stimuler l’utilisation de l’argent mobile auprès des segments de marché restant à ce jour inexploités.

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