Côte d’Ivoire-Des Sénoufo Burkinabé attaquent les gagou : Feux et sang à Bokédia S/P d’Oumé centre ouest

Par HM

carte ethnique cote d ivoire Le Feux a parlé et le sang a coulé à Bokédia, dans la Sous-préfecture d’Oumé, centre-ouest de  la Côte d’Ivoire. Aux dernières informations, le peuple gban de Bokédia (département d’Oumé) vit dans  une  grosse  peur. Une frayeur née, entre le 4 et le  5 septembre 2017. Que s’est-il passé dans ce  gros  village ?  Il a été sujet d’une violent attaque de  leurs  hôtes senoufo du Burkina Faso. À ne  pas confondre aux senoufos du nord de  la Côte d’Ivoire.

Ce même  village d’où est originaire l’ex-ministre FPI Odette Sauyet Likikouet avait, en avril 2011 lors de la crise  postélectorale ivoirienne  été objet de violents représailles de  la part des FRCI venues de la ville Diégonéfla située  à 22 km dudit village. Une descente  punitive encore  présente dans les esprits des populations du bourg avec la déportation de plusieurs jeunes et du chef du village pour copieusement  être bastonnés et emprisonnés.

attaque oumé avec la voie originale«Les populations gban de Bokédia ne peuvent pas être traitées ainsi sur leur terre par ceux qu’ils ont accueillis. Nous souhaitons que les assaillants qui nous  ont attaqués soient  retrouvés, appréhendés et  jugés. Et que  nous  obtenions réparation. Nous nous en remettons à l’Etat », expliquent les notables de la localité que nous avons contactés.

De quoi s’agit-il à l’heure actuelle?

Selon  les informations, tout est  parti  d’une  banale histoire de  matche de  football, tournant autour de maillots et de  primes  non reversés.  C’est que, le dimanche 3 septembre 2017, l’équipe de  jeunes  senoufo burkinabé qui livrent  un match de maracana (une partie de  football sans gardien de  but) dans le village Zadi sollicite  pour garantir la victoire l’appui de trois jeunes gagou (ressortissants autochtones du département d’Oumé). La prime  à reverser à chaque recrue est de 2000F CFA.

Manque de  pot et d’adresse, le manque se solde  par la défaite de  l’équipe des jeunes  senoufo burkinabé. Au terme de  la partie l’équipe refuse de  verser  la prime  vue qu’elle a  perdue. De  leur côté, les recrues refusent alors de rendre les  maillots tant que la prime n’est  pas versée. Les discussions s’arrête net sur  ces  positions et chaque  partie retourne  à ses  occupations d’avant match.

victime dattaque a ouméLe  lundi 4 septembre qui est  jour de grand  marché à Boguédia, une des recrues des jeunes senoufos  burkinabé, arborant fièrement le maillot non rendu est aperçu dans le marché par des membres de  l’équipe ayant perdu la partie la veille. Il est pris à parti par les jeunes senoufos burkinabé qui tentent de  lui prendre de force le maillot. Une grosse bagarre généralisée s’engage entre les parties. Pas de graves blessés et de  dommage de part et d’autre.

Les autorités préfectorales se saisissent rapidement de  la situation. Le  Sous-Préfet parvient  à calmer les ardeurs le même lundi avec  une  promesse ferme de rencontrer les deux parties le 15 septembre 2017, prochain,  à l’effet de situer les responsabilités. Tout se calme donc et le Sous-préfet peut rentrer dormir.

En sera-t-il de  même pour la partie senoufo du  Burkina Faso accueillie sur la terre de Bokédia par les gagou ? Pas si sûr, puisque beaucoup de choses vont se passer  dans la  nuit du lundi 4 à mardi 5septembre et dans la tête des jeunes  senoufos du Burkina Faso. Ils lancent  une alerte en direction de  leurs frères des autres campements et  villages environnant.

affrotemtLe  mardi 5 septembre, donc aux environs de 10 heures, alors que les populations gagou vaquent paisiblement  et tranquillement  à leurs  occupations quotidiennes dans  leurs  champs, les  senoufos burkinabé donnent  l’assaut ! Armés selon les témoins oculaires, de fusils à canons sciés, de  machettes et de  gourdins et tout ce qui peut causer des dommages corporels à celui qui est  ^perçu comme ennemi, ils assiègent le village Bokédia d’où sont natifs les recrues du match perdu.

Les  populations surprises, affolées et dans la débandade totale cherche refuge dans la forêt proche. Les assaillants du  jour, mettent  feu dans les habitations abandonnées de leurs occupants, casent tout ce qui se présente  devant eux. Passant de  maison à maison à la recherche de jeunes gagous,  ils  pillent, volent et détruisent tout s’ils ne mettent  le feu.

Cette journée aura été  pour certains de régler de  vieux contentieux rapportent  les témoins. Notamment  ce vulcanisateur, un jeune nigérian nommé Akeem accueilli dans cette  localité et qui s’était mué en orpailleur clandestin. Déniché, il échappé à son exclusion de la contrée. Résidant chez un tuteur senoufo, l’occasion a été toute  belle  pour lui de crier vengeance contre ceux qui ont découvert son activité clandestin et  l’ont dénoncé aux autorités, mais  ont tout de  même accepté de l’accepter en leur sein. Hospitalité africaine  oblige.

Le  bilan

Selon  les témoins, avec désormais le jeune nigérian Akeem à la tête des assaillants, le bilan s’est avéré lourd : huit (8) dont un (1) grièvement, heureusement que ses jours  ne sont pas comptés ; de nombreux domiciles pillés, ou calcinés.

attaque seoufo a oumeLa gendarmerie s’est déployée sur les  lieux des attaques pour constater  les dégâts et la désolation des populations autochtones gagou. Elles sont encore dans la peur  d’une autre attaque  promise par les senufo burkinabé. Mais elles estiment  que cette fois-ci, «c’est une attaque de trop !».

Que fera  le Sous-Préfet qui avait fixé une rencontre pour le  15 septembre prochain pour tirer au clair cette affaire de  maillots et  de primes impayées ? Il réfléchit encore devant cette réponse  à l’hospitalité des gagou.

HERVE MAKRE

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