Sommet de l’UE-UA-Abidjan: Yopougon renaît aussi avec ses routes et la population rougie

 «Le mauvais état des routes rend la circulation très difficile. Le matin, cela crée des embouteillages à n’en point finir, ce qui nous met en retard. Aucune commune n’est épargnée. Même pas Cocody le quartier huppé frappée par la dégradation des voiries. Donc si le gouvernement se souvient de Yopougon en ces temps de grandes  visites de chefs d’Etats, nous nous réjouissons», lâche un conducteur témoin des travaux routiers du côté de Ficgayo, ce 29 novembre 2017. Jour d’ouverture du sommet UA-UE à Abidjan avec 83 chefs d’Etats et de gouvernement et 5000 participants.

Le gouvernement ivoirien a-t-il réellement  pris à bras-le-corps la question de la voirie dans les communes du district d’Abidjan, dans un état de dégradation   avancée ou juste un coup d’éclat avec la visite d’Emmanuel Macron ? L’UA et l’UE sont là ! Dans  tous les cas, les habitants de Yopougon, une commune d’Abidjan autrement perçu par le pouvoir d’Abidjan sourient d’un coin de la bouche, depuis quelques  jours. Tant la réhabilitation accélérée des rues les réjouit.

Les hauts bruits des engins, bulldozer et autres Caterpillar se confond avec les bruits des gyrophares des cortèges qui défilent dans cette commune il y a 24 heures. Le roi du Maroc Mohamed VI passe par là, avec son ami ivoirien en attendant, Macron qui est chez lui à Ouagadougou. De Daniel Kablan Duncan à Gon Coulibaly actuel premier ministre plusieurs  milliards de FCFA d’urgence sont décaissés pour la réhabilitation des infrastructures routières  sous le regard du chef de l’Etat. Ce sont déjà combien de milliards de FCFA qui ont été investis depuis 2013 ?

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Impossible aujourd’hui de circuler à Abidjan. De Port-Bouët à Abobo en passant par Treichville, Plateau et Yopougon, les voies sont dégradées se bousculent à l’hôtel de la gouvernance. «Abidjan est en ruine ?», non, elle accueille toute l’Afrique régnante au sommet. De Port-Bouët à Abobo en passant par Treichville, Plateau, Adjamé et Yopougon, il est difficile de circuler.  Des nids de poules se luttent avec les cratères pulvérisant des records.

Yopougon va renaître

Cette commune ravie la palme du réseau routier   le plus dégradé. Et la raison, ne la cherchez pas ! Sur la plupart des voies de la poste de Toit Rouge au cinéma Boissy, de Wassakara à Mossikro, du Nouveau Quartier à la Sideci, de la Gare à Niangon, en revenant  à Wakoubouet pour Ficgayo, les usagers de la route semblent s’en accoutumer au point de faire corps avec, tant cette cité est classée zone rouge du gouvernent. En démontre les démonstrations de muscles de la ministre de l’Environnement Ouloto, fièrement appelée ‘‘bulldozer’’ dans son acharnement à mettre à plat, tout ce qui circulent en bordure des routes inexistantes.

 DSC 0150«Les routes sont devenues des pistes villageoises avec beaucoup de boue en saison des pluies. Pendant la saison sèche, la poussière prend la place. Chaque jour, on se débat sur les routes comme si on partait dans des campements. Pourtant, nous sommes dans la capitale économique du pays. On pensait que les travaux au carrefour Sable allaient  s’étendre ici», indique un chauffeur  de gbaka. Mais c’est chose faite, depuis quelques jours. Et les usagers de l’espace  mythique Ficgayo, ne boudent pas leur plaisir aux grondements des tracteurs pour mettre la voie en circulation.

Des travaux de réhabilitations maintes fois reoportés voient le jour.   «Nous espérons  que les travaux entrepris ces temps-ci vont résoudre le problème qui est assez complexe, car il y a l’assainissement qu’il faut revoir. Sinon, dans quelques mois on va repartir à la case départ», soutient dame Yoyo, tenancière de restaurant.

«C’est comme ça, qu’on souffrait ici. On va faire comment !, s’exclame une autre.  Dans l’esprit de la population, l’état de la dégradation de la voirie abidjanaise et notamment de Yopougon s’explique par les carences des ingénieurs des chaussées. Ceux-ci sont accusés de ne pas construire les routes selon les normes techniques en vigueur. Le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD), chargé du suivi et du contrôle des travaux, s’en plaint certainement. La responsabilité des ingénieurs ivoiriens est donc engagée dans la dégradation de la voirie à Abidjan.

L’état de vieillissement

DSC 0143L’ambiguïté des textes conduit les différentes structures en charge du réseau routier se marchent sur les pieds. En fait, la démarcation entre «routes communales», «routes départementales» et «routes d’intérêt national» est difficile à établir.

«En 1985, on avait environ 15 % du réseau qui avait dépassé la durée de vie. 20 après, les rapports se sont inversés. Il y a seulement 12% du réseau qui est en dessous de sa durée de vie. Cela veut dire que plus de 70 % du réseau a dépassé la durée de vieLa durée de vie moyenne des routes en Côte d’Ivoire est de 15 à 20 ans, à conditions que l’entretien courant et périodique suive. Or, les principales voies d’Abidjan qui sont aujourd’hui dégradées ont plus de 20 ans de vie. Pire, les crises sociopolitiques qu’a connues le pays depuis plus de 20 ans n’ont pas permis aux collectivités territoriales et à l’Etat d’entretenir les routes comme il le faut. En 1985, on avait 350.000 F par km par an pour l’entretien du réseau bitumé. En 2005, on a dépensé moins, alors que le réseau est devenu vétuste. On constate qu’une partie significative des dégradations des voies urbaines relève de questions d’assainissement comme on le voit». Mots de  Bouaké Fofana du BNETD.

«L’Ageroute, en tant que maître d’œuvre délégué gère les routes dites d’intérêt national. Avec la décentralisation, d’autres maîtres d’ouvrage sont nés et ont en charge une partie du réseau. Par exemple, les routes communales sont à la charge des mairies ; les routes à l’intérieur des départements sont à la charge des conseils généraux. A Abidjan et Yamoussoukro, il y a des routes qui relèvent des districts », fait savoir le DG de l’Ageroute.

DSC 0148l est clair que le mauvais état des routes crée beaucoup de torts. Car, une livraison faite en retard expose à des pertes énormes de marché puisqu’en affaires, la base, c’est la confiance à travers le respect des délais. Tous les usagers de la route font l’amer constat de la dégradation des routes. En cette saison des pluies, c’est grave. On est souvent obligé de garer le véhicule. Or, on recherche notre pain quotidien. On fait comment ?      Yopougon respire !

GRACE OZHYLLY 

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