Par HM
«C’EST LA CÔTE D’IVOIRE QUI NE ME CONSIDÈRE PAS»
DELTA! crie colère dans cette amorce de la réconciliation nationale, l’actrice, réalisatrice AKISSI DELTA connue pour sa série ‘‘Ma Famille’’ règle quelques comptes. Elle profite d’un passage au musée nationale de Côte d’Ivoire avec une organisation de défense des droit humains ‘‘le Macrocos’’, récoltant 100.000 signatures pour obtenir un financement du gouvernement pour une caravane de réconciliation. Akissi Delta n’est pas tendre, ‘‘ledebativoirien.net’’ livre sa pensée…
Que pensez-vous de la réconciliation
«Tout le monde ne peut pas être ministre. Toutes les 60 ethnies ne peuvent pas être présidents. Mais, il faut que les autres qui ont eu la chance d’être présidents, puissent aider les autres. Qu’ils puissent soutenir les autres. Un Guin ne va pas travailler en Côte d’Ivoire ? Un Guin ne va pas être ministre ? Un Guin ne peut pas être secrétaire ? Ce sont ces choses que nous devons laisser. On est frère, point et c’est ce que j’ai fait dans ‘’Ma Famille ‘’. J’ai mélangé les gens !… »
Mon exemple de ‘‘Ma Famille’’
Il y avait ceux qui étaient extrêmement RDR, extrêmement FPI purs et durs, et ceux qui étaient extrêmement PDCI. Et ces personnes tournent ensemble. C’est avec mon calme et ma tranquillité que je pouvais savoir si tu as ton journal de FPI, il ne faut pas venir avec ça ! Et dire de le laisser dans la voiture. Mais ça dépendais du ton que j’utilisais, sinon cela va envoyer des problèmes.
Il y a des PDCI, mais c’est ma façon de parler, il y a des RDR purs et durs. Comme tout a éclaté, vous avez su qui était pro-RDR, Pro PDCI, pro-FPI. Mais tous ceux-là, ils étaient là ! On mangeait ensemble et il n’y a jamais eu d’histoires de partis politiques. Des problèmes ne se sont jamais posés.
C’est parce que j’ai su gérer ces humeurs-là ! Vous voyez comment les gens jouent alors que ce sont de grandes personnes qui ont leur caractère. Ils ont leur façon de faire. D’autres sont même féroces comme des tigres, mais comme je suis comme escargot ou caméléon, je me fondais dans ces personnes, pour que tout soit calme, pour que tout soit bien. Et j’ai pu mettre ensemble toutes ces personnes durant cinq (5) ans. Nous avons commencé en 2002 et ‘‘Ma Famille’’ s’est arrêté en 2007.
Si cela s’est arrêté, ce n’est pas parce qu’il y a eu palabres.
Mais c’est parce que quelqu’un d’autre est venu implanter une société pour dire : ‘‘ Vous êtes payés par film, mais nous, on va vous salarier’’. Et pour fermer les yeux là-dessus, tout le monde dit : elle (Akissi delta) n’a pas fait ceci, elle n’a pas fait cela !
Moi je ne parle pas. Ce n’est pas parce que je n’ai rien à dire. Mais le jour où je serai prête, vous allez dire, ah bon ! J’ai dit juste un mot. Quand on a cité les enfants des présidents dans les journaux, vous croyez qu’on peut le faire si quelque chose n’a pas existé ? Mais vous ne voyez que ce que vous voyez !
Donc moi, je peux réconcilier les gens !
Je peux mettre les gens ensemble. C’est la Côte d’Ivoire qui ne me considère pas. J’ai fait toute l’Afrique francophone pour des conférences dans les universités, pour des âmes qui ont des problèmes dans leurs foyers. Mais ici, on se limite à : ‘‘ Elle n’est pas partie à l’école ! les gens ont tourné dans son film, elle ne les a pas payés’’. Quelqu’un a tourné dans ton film, tu ne le paies pas et puis demain, tu vas être avec ces mêmes personnes-là ?
Finalement ce sont les Ivoiriens qui ne comprennent rien du tout. C’est moi qui ne suis pas partie à l’école, c’est moi qui suis analphabète, mais finalement, c’est tout le monde qui est analphabète. Parce que les ivoiriens réagissent avant de réfléchir. Parce que quand quelqu’un dit quelque chose, on ne cherche pas à comprendre. Il ne faut pas prendre les choses pour argent comptant. Et c’est cela qui est arrivé dans la politique. Il faut lire et voir ce qui est bon et ce qui n’est pas bon.
Réfléchissez ! je n’ai pas eu la chance de partir à l’école…
‘‘Ma Famille’’ (la série) qui est passée, c’est moi seule qui fais mon texte. Je ne voulais pas qu’on me prête une phrase parce qu’ils vont dire après, elle ne fait rien, est-ce qu’elle pouvait ! Parce que déjà dans, ‘‘Qui fait ça’’, c’est moi qui écrivais le scenario avec ‘‘H’’. Ils se sont levés pour dire qu’elle est analphabète.
Alors je suis juste partie pour montrer aux gens que ce que je faisais avec ‘‘H’’ dans, ‘‘Qui fait ça’’, c’est la même chose que, je suis venue continuer avec Bohiri dans ‘‘ Ma Famille’’. Je n’ai pas eu la chance de partir à l’école, mais je suis intelligente. Il y a des choses que je vois en Côte d’Ivoire auxquelles on peut trouver des solutions. J’ai trouvé des solutions à beaucoup de problèmes de plusieurs personnalités.
C’est comme cela un jour un architecte avait un problème et j’ai trouvé une solution à son problème. Et il me dit, si les architectes voient cela, ils ne vont pas accepter parce que tu n’as pas fait école ! Les américains, ils te voient, ils te disent : ‘‘tu es capable ?’’. Si tu es capable, tu es capable ! Mais ici, tant que tu n’as pas fourni des diplômes, tu ne peux rien. Mais aller à l’école et la pratique c’est différent.
Je ne voulais pas parler
Il y a des gens qui sont maires ou députés aujourd’hui, parce que si tu as l’argent, tu te présentes chez toi, tu peux élu. Puis devenir ministre. Mais tu as eu l’argent tu t’es présenté, ce n’est pas parce que tu es plus intelligent que ceux qui ne se sont pas présentés.
On peut avoir la chance pour avoir l’argent. Il arrive que le dernier de classe à l’école réussisse dans la vie que le premier de classe. C’est parce que c’est la chance et l’intelligence. Ce ne sont pas que les diplômes. Il y a des gens qui ont arnaqué des personnes, ils ont eu de l’argent, ils sont devenus députés ou maires.
Quand je parle, on me dit je fais politique. Je dis non ! Il y a eu une cérémonie que Noël Dourey menait, il a fallu juste que je pose une question pour qu’on m’enlève dans l’organisation des gens qui vont accompagner la délégation à la présidence.
Nous sommes artistes et nous sommes en Côte d’Ivoire, et c’est les gens qui font que les autres deviennent aigris. À la célébration de l’indépendance il n’y a pas un artiste qui représente les artistes pour saluer le président de la république, pour qu’on dise, ah les chanteurs, les comédiens étaient présents. On dit, je suis devenue maintenant syndicaliste, je dis non ! Ce n’est pas correct. On est ont des artistes…
Les artistes sont frustrés
«…on les balance et ils s’en vont. Ce n’est pas juste ! Et quand c’est comme cela, ils deviennent aigris, ils chantent, ils disent des choses et les gens sont choqués. Mais, il ne faut pas frustrer les gens. Mais les artistes ont toujours été frustrés. Et moi, je l’analphabète parmi eux, mais je vois plus loin qu’eux. Essayons désormais quand nous voulons voir les choses, de ne pas voir tout près. Essayez de penser.
Moi je le dis, tous les présidents qui ont eu des problèmes, ce ne sont pas eux-mêmes. Cela a été toujours l’entourage. Ton frère est devenu président, toi tu malmènes ton voisin parce que ton frère est devenu président. Or c’est toi qui dois être gentille avec le voisin. Si le président ou ton frère ministre ne l’a pas reçu, c’est toi qui dois lui dire qu’il n’a pas le temps puisque d’habitude il n’est pas comme cela. Tu dois le manager. Mais c’est toi qui dis : ‘‘Toi, il va te recevoir pourquoi ?’’.
Finalement si le président est parti, cela ne dépend pas du président mais de son entourage. La façon dont ils abordent les gens. La façon dont les bureaux sont vides quand on veut les rencontrer… »
Par HERVE MAKRE
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