Tiassalé-urgent : Attention à ce Conflit foncier qui divise mortellement Morokro et Mohoufoué

7 min read

LE  MINISTÈRE DE  L’INTERIEUR EST-IL INFORMER DE CE QUI ARRIVE ?

Il se passe bien de choses du côté de Tiassalé, un melting-pot, dans la région de  l’Agneby Tiassa. Le village de Morokro dans le département de Tiassalé est  sous tension sociale explosive. Le chef de cette bourgade par la seule volonté du préfet de Tiassalé apprend-t-on est accusé de comportement mafieux visant à ‘‘exproprier des planteurs’’ de leurs terres. Mais comme on le dit là-bas, le crime est !découvert ! Lisez les documents suivants…

 Pont de Tiassalé 03 1 Le crime découvert : diabolique plan !

«Ils  sont allés voir Boni Kacou : papa, montre-nous la frontière Morokro-Mohoufoué. Ils ont même acheté une bande pour le genou malade du vieux. Une fois qu’ils ont vu la limite, ils vont voir le chef de Mohoufoué : comme Morokro passe ici, faites votre tracé pour entrer dans les plantations de notre village », propos d’un sachant dans cette affaire qui envenime les relations entre les deux villages.

Les mafieux créent ainsi un faux conflit. Devant «le conflit», le préfet de Tiassalé dit : «Il faut partager la zone litigieuse en deux ». Et le tour est joué ! Les criminels cèdent ainsi 697 ha des terres de Morokro qui seront achetées par une société. Cette société détruira toutes les plantations de Boni Kacou, Ehounou N’guessan, Bêdi Kacou et des planteurs derrière la rivière Djibi.

 Devant ce crime, les Morokrofouôh ont réagi

«C’est sur nos corps qu’ils passeront pour prendre nos terres ». Dit à Morokro, le mercredi 23 mai 2018. Ainsi, les populations de Morokro-village, Kpandjin à Tiassalékro, dans la Région de l’Agbéby-Tiassa, département de Tiassalé, le jeudi 24 mai 2018, par les mains de Boni Kacou Chef de la Famille Ehounoukan, un sachant, va saisir le Préfet de Tiassalé. Avec comme objet : Opposition au tracé de Mohoufoué comme frontière avec Morokro. Lisez plutôt :

« Monsieur le Préfet de Tiassalé, par le présent courrier, je voudrais vous informer que nous, Morokrofouôh, rejetons le tracé proposé par le village de Mohoufoué comme limite entre nos deux villages pour les faits suivants :

  • Moi Boni Kacou qui vous parle, j’appartiens aux deux villages. Par conséquent, mon impartialité ne saurait souffrir aucun doute.
  • Historiquement parlant, Mohoufoué est sur les terres de Morokro qui, fondé par Tano Moro, oncle maternel de Kokora Bitty Tchakally, n’avait pour limite avec les Baoulé que Kravasso où le dernier avait placé son neveu Angaman Etien ;
  • De tout temps, chaque village connaît sa part qu’il doit nettoyer de la route qui relie Morokro et Mohoufoué ;
  • N’est-ce pas curieux que le tracé proposé par Mohoufoué ne traverse que les plantations des populations de Morokro ?
  • N’est-ce pas tout aussi curieux que les plantations jouxtant la frontière entre Morokro et Mohoufoué appartiennent à des étrangers ? Il est en effet de notoriété que des habitants de Mohoufoué tels que Koua Yao, dit Bandiya sont des vendeurs patentés de forêts au point que tous nos voisins immédiats sont des Djoula (ressortissants de la région ouest-africaine).
  • La terre se fait rare en Côte d’Ivoire. Et à Morokro-village, nous ne vendons pas de terre.

ASSALE

 Monsieur le Préfet de Tiassalé,

 Pour toutes ces raisons évoquées plus haut, nous refusons le tracé proposé par Mohoufoué. Car, la terre c’est la seule richesse du paysan. Nous ne sommes donc  pas prêts à brader un pouce de notre territoire villageois. Nous sommes décidés à défendre nos plantations et nos terres au prix du sacrifice suprême. C’est un cri du cœur qui vient de l’intérieur devant notre mort programmée et celle de nos descendants ! Veuillez recevoir, monsieur le Préfet de Tiassalé, l’expression de notre haute considération ».

Le Chef de la famille Ehounoukan prendra le soin d’informer : le Juge-président du Tribunal de Tiassalé, le député de Tiassalé-Morokro, le sous-préfet de Morokro, les trois grandes familles de Morokro-village, les cadres…Face à l’ampleur de  l’affaire, un comité de gestion sera mis en  place. Celui-ci livre ici ses conclusions

Conflit foncier entre Morokro et Mohoufoué : la position du Comité de gestion

«En ce dimanche 27 mai 2018, nous Bitty Komenan Fulgence sommes le porte-voix du Comité de gestion du village de Morokro décidé par le préfet Jules Gouessé de Tiassalé lors de la réunion du mercredi 13 décembre 2017 à son cabinet. Et le président du Comité de gestion, c’est Nanan Tanoh Kadjo. Je suis membre de ce Comité en tant que 2ème vice-président. Nous sommes réunis frères et sœurs à propos du litige qui oppose Morokro à Mohoufoué sur le tracé de la limite entre les deux villages », introduit-il avant e  poursuivre.

«Le conflit foncier, parlons plutôt de, vol de terres de Morokro par le chef du village de Mohoufoué en complicité avec celui de Morokro, Bitty Souho Georges.

Comment le conflit est-il né ?

TIASSALE CONFLIT FONCIER ledebativoirien.net

Le gouvernement a décidé de connaître les limites de tous les villages de la Côte d’Ivoire. Morokro, à proprement parler, n’a pas de limite avec Mohoufoué. Créé en 1675 par Tano Moro, oncle maternel de Kokora Bitty, c’est Morokro qui a installé Mohoufoué sur ses terres du côté du N’zi. Donc, il n’est pas normal que Mohoufoué discute des terres à Morokro, son tuteur et bienfaiteur.

Bitty Souho Georges piège le doyen Boni Kacou, un sachant, qui lui montre la limite entre Morokro et Mohoufoué depuis nos aïeux. En possession de cette information, Bitty Souho, pour des intérêts personnels et égoïstes, va voir Bonouman Jean-Baptiste de Mohoufoué et les deux montent leur coup. A savoir, couper leur limite pour entrer dans les plantations des populations de Morokro-village pour s’en approprier.

Ainsi naît un conflit qui porte sur 1394 hectares. En fait, c’est une combine.

Le jeudi 17 mai 2018, Bitty Souho Georges se rend à Tiassalé en compagnie de Koua Edja Daniel, dit Amouè et signe un papier avec Bonouman Jean-Baptiste devant le préfet Jules Gouessé. Le papier cède 697 hectares des terres de Morokro englobant toutes les plantations de Boni Kacou, de Bêdi Kacou, Ehounou N’guessan et des planteurs derrière la rivière Djibi. Donc, Bitty Souho Georges est capable de vendre tout Morokro un jour.

Le mercredi 23 mai 2018, la population s’oppose à la division des 1394 hectares, sa propriété depuis l’aube des temps.  Le vendredi 25 mai 2018, des jeunes rencontrent Bitty Souho Georges qui confirme avoir signé le document en question. Mais alors, pourquoi cette attitude de «deux bouches» ? Faire crier par le griot demandant aux Morokrofouôh de s’opposer au tracé voulu par Mohoufoué alors qu’il avait signé un papier ?

IASSALE JUSTICE OUR MOROKRO

Face à cette situation invraisemblable, que devons-nous faire ?

La position du Comité de gestion est claire et non négociable : les Morokrofouôh doivent s’opposer par tous les moyens à ce vol, à cette vente et à ce crime de Bitty Souho Georges.  Le Comité de gestion de Morokro dirigé par Nanan Tanoh Kadjo et par ma voix vous soutient. Il nous faut refuser ce vol et ce crime, même au prix de nos vies !!! Je vous remercie ».

Le Comité de gestion,   Morokro-village, le dimanche 27 mai 2018

Le village de Morokro dans le département de Tiassalé est à nouveau sous tension sociale explosive. Le chef de cette bourgade par la seule volonté du préfet de Tiassalé est cette fois-ci accusé de comportement maffieux visant à exproprier des planteurs de leurs terres. Mais comme on le dit là-bas, le crime est !découvert !

Pour l’heure le Préfet interpellé ne réagit pas encore dans cette affaire qui ne fait que  commencer à pourrir l’ambiance et la cohabitation pacifique des populations dans cette partie de  la Côte d’Ivoire. Le ministère de  l’Intérieur est averti.

HERVE MAKRE

© 2018, herve_makre. All rights reserved.

Du même auteur