Abidjan-Pluies diluviennes-L’intellectuel Geoffoy-julien KOUAO sur les sites sinistrés, il explique  pourquoi et accuse

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 L’HEURE EST A LA SOLIDARITÉ, JE SUIS VENUS VOIR POUR…

Dans une vidéo postée sur votre page Facebook, on vous voit visiter les sites dévastés par l’inondation du mardi 19 juin dernier à Cocody. Pourquoi cette démarche ?

JULIEN KOUAO   vlcsnap 2018 06 19 14h40m25s231Parce que je suis un citoyen et surtout un intellectuel. L’intellectuel c’est celui qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas : le malheur des autres. J’ai vu la désolation des familles sinistrées, la dégradation spectaculaire de la voirie, surtout à la rue des ministres à la palmeraie,  à Bonoumin et à Attoban. C’est une véritable scène de film catastrophe et le bilan très lourd en terme de perte en vie humaine est très illustratif de l’effet ravageur des inondations du mardi 19 juin dernier.

https://www.facebook.com/geoffroyjulien.kouao/videos/1293230110809444/

 

Le changement climatique et l’incivisme expliquent cette malheureuse situation, selon le chef de l’Etat. Partagez-vous cette assertion ?

Le changement climatique et le civisme sont les résultats d’une gouvernance politique. Regardez bien, toute cette zone sinistrée de la riviera n’était pas habitée il ya de cela deux à trois décennies en arrière. C’était des champs de palmeraie, c’était la forêt. Donc  cette végétation naturelle recueillait les eaux pluviales. Aujourd’hui, la ville d’Abidjan s’agrandie de façon vertigineuse.

Abidjan  aujourd’hui, c’est 2119 KM2, c’est la seconde plus grande ville de l’Afrique de l’ouest et la cinquième du Abidjan sous les eaux avec des morts ledebativoirien.netcontinent. Le problème, c’est que cette extension se fait dans l’anarchie sans un plan d’urbanisation rationnelle. Regardez bien, il est rare de voir des inondations  à Cocody centre, à Yopougon selmer ou Sicogi, parce que ces quartiers  ont été construits selon les exigences  de l’urbanisation. Par ailleurs, si  la politique de transfert de la capitale à Yamoussoukro avait été effective et si les autres villes de l’intérieur  étaient dotées  d’infrastructures de développement, Abidjan ne serait pas aujourd’hui aussi étendue et surpeuplée. Cependant, Abidjan est une ville peu industrialisée comparée à Lagos ou aux grandes villes occidentales,

le parc automobile n’est pas aussi important, la côte d’ivoire compte cinq cent mille  (500.000) voitures dont la moitié à Abidjan, tout ceci est peu pour troubler la couche d’ozone. Le réchauffement climatique peut-être, mais, il n’explique pas tout.  Autre chose, après le drame, je vois des machines écurer les caniveaux, des bulldozers raser  des constructions précaires, pourquoi  ces travaux n’ont pas été faits avant ? Les autorités locales et centrales doivent répondre à cette interrogation.

JULIEN KOUAOPeut-être qu’elles n’ont pas agit avant, mais la réaction des autorités a été immédiate, elles ont manifesté leur solidarité aux victimes en leur rendant visites, en collectant des dons et elles ont fait preuve de générosité en décaissant des sommes importantes  pour les victimes ?

Oui tout ça c’est bien, mais les ivoiriens n’ont pas besoin de générosité, ils ont besoin de bonne gouvernance.  Ce dont nous parlons aujourd’hui est un fait récurrent. Chaque année, à la même période, on déplore les conséquences des inondations dans les mêmes endroits. Je pense que les autorités doivent  apporter des solutions  structurelles et non conjoncturelles à la problématique des inondations  en Côte d’ivoire.

Les prévisions météorologiques annonces des pluies abondantes pour les jours à venir, que faire ?

Les autorités ont eu la bonne réponse qui consiste à raser toutes maisons  qui empêchent l’eau pluviale de circuler, le nettoyage des caniveaux et le déplacement des populations habitants des zones à risque, à court terme la solution des autorités est à saluer, à long terme je le pense moins.

Quelles pourraient être les conséquences politiques de cette crise causée par l’inondation ?

La crise causée par l’inondation aura certainement des conséquences sur les élections locales prévues pour bientôt. D’abord, les personnes sinistrées n’ont pas pu, pour celles qui le souhaitaient, s’inscrire sur la liste électorale et on les comprend aisément. Mais, celles qui sont inscrites pourraient ne plus être enthousiastes à accorder  leurs suffrages aux autorités qui n’ont pas su anticiper pour empêcher le drame qu’elles vivent. Il faut aussi noter que ces faits malheureux vont influencer également le comportement de l’électorat en 2020.

Et quand vous lisez les colères de la société civile  sur les réseaux sociaux, tous ces mécontentements se transformeront, au moment venu, en une dynamique électorale. Vous savez, nous avons une population intellectuellement, politiquement mature et socialement engagée. Malheureusement, les hommes et femmes politiques ne voient pas cette dynamique politique, ils sont dans les vieux logiciels de gouvernance et des querelles politiques d’arrière garde, ils risquent d’être désagréablement surpris lors des prochaines consultations locales.

Quels sont les droits des victimes des inondations ?

JULIEN KOUAOPour celles qui ont souscrit à des contrats d’assurance multirisques, leurs assureurs pourront apprécier quand on sait que très souvent les inondations sont qualifiées de catastrophes naturelles ou de cas de forces majeurs par les compagnies d’assurance. Le problème, c’est de savoir combien parmi les victimes  sont vraiment assurées quand on sait qu’en Afrique seulement 3% de la population bénéficie d’une assurance.  Les victimes peuvent-elles engager la responsabilité de l’administration, cette responsabilité serai-t-elle fondée sur le risque ?

C’est compliqué tout ça. Je pense que le cadre institutionnel existe, je veux parler du ministère en charge des victimes, et d’ailleurs l’Etat, sur les instructions du président de la république, le conseil municipal de cocody ont débloqué des sommes d’argents pour les victimes. Dans un premier temps elles doivent faire avec.

Donc les pouvoirs publics ont su réagir favorablement, ce que vous sembliez ne pas reconnaître  plus haut dans vos propos.

35841623 10211658323347069 8244366080324141056 n Non, je dis que les autorités devraient agir avant et non maintenant. Sinon, l’Etat a eu une réaction politiquement et socialement correcte. Le Chef de l’Etat a écourté son voyage en Europe, le chef du gouvernement était sur les lieux aux côtés des victimes, les autorités locales également, sur le plan de compassion et de l’affectif, pas de reproche à leur faire, maintenant quand on a fini de dire tout ceci, on fait quoi pour qu’en juin 2019 on  n’assiste pas à la même scène ? C’est la trame de mes analyses.

Recueillis   PAR HM

 

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