ABIDJAN«L’ARGENT A CORROMPU LE PDCI-RDA… ÊTRE DANS L’OPPOSITION POLITIQUE N’A JAMAIS FAIT DU MAL »-ANGE DAGARET-DASSAUD 

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MON OPINION : NOUVEAU GOUVERNEMENT RHDP-PARTI UNIFIE, LE CHEF DU PDCI-RDA N’AURAIT-IL PAS ÉTÉ CONSULTÉ?

PDCI ANGE DAGARRDepuis la victoire des houphouëtistes en Côte d’Ivoire, il y a presque huit ans, jamais les Ivoiriens n’ont été informés de ce qui est en train de se dérouler sous leurs yeux effarés après l’annonce d’un nouveau gouvernement. Qu’un parti significatif, le PDCI-RDA, membre de ce groupement politique, RHDP, au pouvoir n’ait pas été consulté pour y engager ses cadres militants. Et, pourtant, cela n’a pas été toujours ainsi (de 2010, au golf à 2018, au palais présidentiel) sans l’onction politique personnelle du parti par son président. Et qu’Henri Konan Bédié et sa haute direction l’expriment vertement et sans gêne, il y a de quoi à s’y pencher pour comprendre. Et ce n’est pas surprenant!

AUCUN MILITANT D’UN PARTI N’ENTRE DANS UN GOUVERNEMENT DE COALITION COMME ÇA!

Un ou des cadres dans une coalition au pouvoir rentrent toujours dans un gouvernement coalisé avec la bénédiction du président de leur parti. Et ils y siègent, y travaillent pour l’Etat et pour leur pays. Tout en y garantissant par les résultats de leur travail la notoriété de leur parti, et, en s’évertuant de ne pas rompre le cordon ombilical politique d’avec leur parti. C’est toujours comme ça, ailleurs, où les cadres militants d’un parti politique ont la culture politique et sont bien formés. Politiquement, parlant !

Pour admettre cette attitude de militants formés, il faut observer le fonctionnement des régimes parlementaires. Dans lesquels, la plupart du temps des coalitions politiques se forment pour gagner des élections et gouverner ensemble. Elles sont fortes que lorsque les partis qui les constituent se respectent entre eux-mêmes et se considèrent réciproquement. Sans qu’aucune tentative d’hégémonisme de l’un sur les autres ou des uns sur les autres ne se manifeste. Ils sont structurés; ils ont un programme politique commun. Ils ont des rencontres régulières communes au cours desquelles ils se consultent régulièrement ou s’interpellent pour éviter qu’aucun dérapage public d’un seul d’entre eux ne fasse éclater leur coalition ou alliance au pouvoir pour le perdre. Parce qu’ils l’ont obtenu démocratiquement et après de hautes luttes politiques. Ce qui est totalement contraire dans un régime présidentialiste. Et comment ?

LE RÉGIME PRÉSIDENTIEL

PADCI BEDIE  Dans un régime présidentiel fort comme chez nous, en Côte d’Ivoire, où le parti au pouvoir même dans une coalition est le parti dont le candidat a simplement gagné l’élection présidentielle. Tel que c’est, présentement, avec cette coalition RHDP au pouvoir dans laquelle c’est le RDR qui est véritablement au pouvoir. Et c’est sa volonté qui guide tous les événements heureux ou malheureux. Et non celle d’un autre ou de l’ensemble des partis politiques houphouëtistes. Tant au gouvernement qu’au parlement. Où seuls les votes des lois organiques nécessitent des négociations légères ou serrées entre les groupes parlementaires des partis de la coalition au pouvoir pour satisfaire à un projet de réforme institutionnelle ou autre.

Donc, au vu du communiqué du PDCI-RDA, de ce 12 juillet, réagissant à la conférence de presse du premier ministre à l’issue de la formation du nouveau gouvernement RHDP-parti unifié et non plus RHDP-groupement politique ; c’est qu’il y a véritablement un problème entre ceux qui semblaient filer, il n’y a pas si longtemps, du bon coton. Et cela est maintenant su des Ivoiriens, au regard de l’actualité politique nationale au sein des partis houphouëtistes.

Mais qu’est-ce qui explique cette situation de malaise politique?

D’abord, la volonté du parti au pouvoir, le RDR, de passer vaille que vaille, et vite et vite du groupement politique, RHDP, créé le 5 avril 2015, à un RHDP-parti unifié réel et irréversible. Selon la ferme volonté du président de la République fortement exprimée et dont il fait son baroud d’honneur et certainement son prochain piédestal politique pour d’autres ambitions politiques en dehors de ses propres principes intimes.

Ensuite, le PDCI-RDA qui a ajourné son adhésion à ce parti unifié, RHDP, en la conditionnant à l’après présidentielle d’octobre 2020 avec son exigence du respect absolu d’une alternance en sa faveur. Ce qui est d’ailleurs normal. Au regard de ce que ce parti a apporté au candidat du principal parti allié, le RDR, au deuxième tour de la présidentielle de 2010 et pour son second mandat constitutionnel dans lequel le RHDP est encore. Mais après de tels sacrifices librement consentis, des questions ne se posent-elles pas ?

DES QUESTIONS SE POSENT

‘’pdPuisque je t’ai poussé à monter sur le cheval blanc, à ton tour de me pousser pour le monter ; tu n’as plus envie de le descendre et non plus tu n’es plus prêt pour moi. Au regard de ton attitude de me voir monter à tes côtés pour me faire cavaler ensemble avec toi’’. N’est-ce pas ça qui pose le problème entre le “jeune frère” et son “frère aîné”? Et, qui, en fin de compte n’a-t-il pas conduit le “frère aîné” et sa troupe politique à ajourner l’adhésion de leur famille politique à la fonte de celle-ci dans une seule et unique famille. Dite RHDP-parti unifié!

Mais qu’à cela ne tienne ! Est-ce que cet ajournement autorise-t-il le chef des républicains à mettre les charrues avant les bœufs en formant un tel gouvernement sans le PDCI-RDA ? Pourtant, le RHDP parti unifié n’est pas encore officiellement créé même si des partis adhérents se bousculent déjà devant la porte de sa maternité. Comme les mages devant le CHRIST Messie né.

C’est d’ailleurs, et en toutes fins utiles, une criante vice de procédure politique et institutionnelle à travers la formation d’un tel gouvernement dit de RHDP-parti unifié et ouvert à la société civile sans le PDCI-RDA. Et dans lequel des cadres dissidents des décisions de leur parti y siègent en tant que des membres d’un courant politique, fut-il “Sur les traces de Félix Houphouët-Boigny”. Au grand dam, étonnement des dirigeants de ce parti qui a beaucoup fait pour ce pays.

Alors, question : dans quel pays a-t-on vu des fondateurs d’un courant politique siéger dans un gouvernement au détriment de leur parti politique? Si tel est que ce n’est plus le PDCI-RDA qui les a cautionnés pour y siéger. Qui, alors, les y a-t-il envoyés? Cela nous amène à continuer en tant que militant à nous interroger. N’est-ce pas le parti qui a un réel problème avec ses hauts cadres dans des gouvernements successifs qui ne sont pas les siens, ces dernières années? Ou est-ce le PDCI-RDA qui a un problème de formation politique de ses cadres? Ou encore sont-ce ses cadres eux-mêmes qui ont-ils un problème de formation politique? Car il est inadmissible et insupportable que ça soit toujours ainsi avec les cadres militants du PDCI-RDA.

Pourtant, dans ce pays, nôtre, et avec l’histoire récente et honteuse que nous avons du mal à évoquer ici ; certains de nos cadres qui avaient été envoyés en mission dans le premier gouvernement FPI, peu est resté fidèle au PDCI-RDA jusqu’à la fin de leur mission dans ce gouvernement. Alors que d’autres partis Ivoiriens ont refusé la main tendue d’autres pouvoirs. Nous en citons des faits précédents. Lesquels sont-ils au moins deux majeurs.

DES FAITS PRÉCÉDENTS ET SEMBLABLES ONT EXISTÉ.

GUIKAHUE ET BEDIE TRAVAILLENTDans ce pays si cher à notre cœur et notre existence humaine et citoyenne, des faits politiques semblables y ont été déjà vécus. Mais ils n’ont pas du tout abouti. Rappelons brièvement ce pan plein d’enseignements de notre histoire politique commune. Henri Konan Bédié, devenu deuxième président de la République de Côte d’Ivoire, suite à la regrettée disparition du président Félix Houphouët-Boigny ; dans sa volonté de voir rassembler des hautes compétences ivoiriennes autour de la Côte d’Ivoire, s’était-il disposé à ouvrir son premier gouvernement à tous les partis significatifs. À cet effet, il avait sollicité la participation de chaque parti politique à son gouvernement du 15 décembre 1993.

Le PIT et l’USD, de par leur leader respectif, après consultation de leur comité central, avaient accepté de rentrer dans ce gouvernement. Mais le FPI avait décliné cette proposition qui ne l’enchantait pas pour des raisons qui lui étaient propres et selon sa conception de la vie politique. Même le siège proposé à l’un de ses hauts cadres militants au conseil constitutionnel avait été aussi rejeté par ce parti. Pourtant, des cadres du FPI avaient certainement envie de siéger dans des institutions de la République de leur pays. Mais pour le respect de leur leader et pour l’amour de leur parti, ceux-ci avaient été obligés de suivre et de respecter les décisions de leur parti pour ne pas affaiblir leur leader et éviter de mettre à mal leur cohésion. Ce fut le premier fait majeur.

Le deuxième fait majeur est le refus du RDR de participer au gouvernement du FPI dirigé par le premier ministre Pascal Affi Nguessan (2000-2002). Alors que les accords politiques signés par les partis politiques significatifs ADO INVEST2 3Ivoiriens, le 3 août 2000 à Yamoussoukro, en présence de certains chefs d’Etat de la CEDEAO, les liaient tous. Ceux-ci stipulaient qu’à l’issue de la présidentielle du 22 octobre 2000, le parti qui remporte cette présidentielle devrait associer les autres partis au gouvernement pour consolider le fragile état de paix dans lequel la Côte d’Ivoire se trouvait.

Malgré ces accords librement paraphés, le RDR qui n’avait pas une bonne lisibilité de son existence politique dans la vie politique nationale avait décliné toutes les propositions du pouvoir FPI en refusant non seulement de ne pas y siéger mais de ne pas non reconnaître le régime du FPI. Et cela fut ainsi jusqu’au jour où il accepta de rentrer dans le gouvernement de large ouverture du 5 août 2002.

Après la formation duquel une tentative de coup d’Etat se mua en une rébellion qui plongea notre pays dans une grave crise politique et militaire dans laquelle il se trouve empêtré jusqu’à aujourd’hui. Et dont, malheureusement, les honteux corollaires sont le reniement de soi, la trahison, la disparition de l’idéal politique, l’abandon du militantisme vrai au profit de l’intérêt personnel et égoïste, l’orgueil politique de certains leaders de la classe politique ivoirienne, la méchanceté politique, l’ingratitude politique, l’éclosion d’un clientélisme politique criant, malheureux et contagieux, la dissidence et autres défiances politiques… Qui polluent l’atmosphère politique et rendent nauséabonde la politique dans notre pays ces dernières années. Et comment?

CES VINGT DERNIÈRES ANNÉES…

bedie duncnaEt la plupart du temps et ces vingt dernières années, c’est au PDCI-RDA qu’on retrouve principalement ces attitudes contraires à la décence politique, à la loyauté et à la fidélité à son engagement politique. Et, c’est le parti septuagénaire qui en paie le prix fort depuis 2000, la période de sa déchéance du pouvoir par les armes. À cause de son amour pour le pays qu’il a fondé, construit et pour le bien-être des Ivoiriens par le maintien de la paix.  N’est-ce pas au nom de cet idéal de vie citoyenne et nationaliste en faveur des Ivoiriens, que le PDCI-RDA n’est-il pas en train de revivre le martyr ? Au regard du comportement incompréhensible de ses cadres en mission dans un gouvernement de coalition des houphouëtistes se rebellant contre lui.

De cette analyse, un constat s’impose : le PDCI-RDA n’a-t-il pas un problème réel de formation et d’encadrement de ses militants et particulièrement de ses cadres? Puisque dans ce parti politique, pourvu que quelqu’un sorte de Harvard, de Cambridge, Oxford ou polytechnique France, ou de quelque part dont on ignore son parcours militant et son militantisme au PDCI-RDA commence par le sommet, le bureau politique. Pourtant, un citoyen militant dans un parti politique peut être un membre d’un gouvernement sans être forcément membre d’une de ses hautes instances. Car il existe une différence nette entre un parti politique et un gouvernement. Raison pour laquelle les occidentaux sur qui nous copions font toujours attention pour ne pas faire l’amalgame de nommer les membres des directions de leurs partis politiques dans les gouvernements pour éviter d’affaiblir leur parti, en cas de cas.

La preuve, la direction du PDCI-RDA doit être présentement en difficulté. Compte de ce qui se passe actuellement avec la création de ce courant constitué de ses ministres, membres de son secrétariat exécutif. Car les intérêts dans tout gouvernement doivent être dissociés de ceux d’un parti politique, fut-il celui au pouvoir. L’argent est-il toujours nécessaire à toutes conditions humaines mais il y a des cas où il ne fait toujours bon ménage avec l’intérêt général. N’est-ce pas ce qui mine le PDCI-RDA et risque de le faire imploser?

bedie chef capiL’ARGENT A CORROMPU LE PDCI-RDA

Au PDCI-RDA, parce que tu es membre d’un gouvernement, tu deviens automatiquement un membre du Bureau Politique et le chef politique incontesté de ta région natale. Alors que ce dernier ne sait rien de la politique. Un parti politique, c’est comme une armée, dans laquelle, il faut toujours faire ses classes pour comprendre son fonctionnement et savoir s’en tenir à lui.

Sans que nul ne soit obligé d’y militer. Mais dès que quelqu’un citoyen accepte d’y adhérer, il a l’obligation morale de le défendre et de le faire rayonner. Malheureusement, au PDCI-RDA, l’argent a corrompu le militantisme dans ce parti. Il faut avoir le courage de le dénoncer pour y mettre fin. Il faut en avoir pour y être chouchouté par ses dirigeants et c’est ce que nous sommes tous en train de payer cash à travers cette nouvelle humiliation qui s’est déjà profilée. Après le coup d’Etat du 24 décembre 1999.  Pendant lequel tous les hauts cadres et les plus insoupçonnables avaient aussi bien rejoint mains et pieds liés le tombeur de ce parti.

25 ans, après la disparition de son fondateur, le PDCI-RDA est-il encore en train d’être humilié, comme ça? Réfléchissons-y sérieusement et rentrons en nous-mêmes pour changer de cap. Être dans l’opposition politique n’a jamais fait du mal à un parti politique. Sinon les Laurent Gbagbo, injustement embastillé à La Haye n’aurait jamais accédé au pouvoir dans ce pays à argent. Il n’était pas le plus riche des leaders Ivoiriens mais il avait su tenir ses cadres et ses bases pour que son action politique porte un jour. Et elle a effectivement porté un 26 octobre 2000 par sa prestation de serment.

PDCI ANGE DAGARRLe PDCI-RDA peut vivre cette condition sans que le ciel ivoirien ne se déchire. Il est un parti naturellement et sociologiquement majoritaire pourvu qu’il sache s’allier aux Ivoiriens et prenne à bras le corps leurs problèmes si nombreux et divers. Il en tirera à coup sûr les dividendes politiques. Et ça ne ment jamais. Son président n’aura plus besoin d’être consulté si ce n’est lui qui consulte. Les Ivoiriens regardent le PDCI-RDA. Surtout son principal décideur, le président Henri Konan Bédié.

Ange DAGARET-DASSAUD

Membre Du Bureau Politique.

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