‘’SIMONE GBAGBO EST UNE FEMME POLITIQUE MAIS AUSSI L’EPOUSE DE LAURENT GBAGBO’’
Par HM
Juriste-écrivain et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao, dans cette tribune interview balaie dans un décryptage, comme il en a le secret, le maelström sociopolitique ivoirien. Réconciliation, la folie autour de Simone Gbagbo et l’insaisissable question de la réforme de la CEI, tout est pénétré. Suivez-le avec ledebativoirien.
QUE VOUS INSPIRE LA LIBERATION DE SIMONE GBAGBO ET D’AUTRES PRISONNIERS DE L’OPPOSITION ? ET COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS, TOUS CES MOUVEMENTS DE VISITES QUASI DE LA CLASSE SOCIOPOLITIQUE IVOIRIENNE VERS ELLE? QUE REPRESENTE-T-ELLE?
La libération des 800 personnes, dont des personnalités politiques de premier plan, est une bonne chose en ce qu’elle participe activement à la réconciliation nationale. Cette libération est intervenue pendant les célébrations de la fête de l’indépendance, donc de la liberté. La symbolique est forte. La mesure prise par le chef de l’Etat l’honore et le grandit. Le président de la république a agi en bon père de famille.
Il est heureux de voir toute la classe politique, toute tendance confondue, témoigner sa solidarité à madame Simone Gbagbo. Ce sont des actes et des images forts. C’est la preuve que les ivoiriens, depuis le discours historique du président de la république, sont dans une nouvelle dynamique, dans un nouveau contrat social basé sur le pardon, l’oubli et de l’acceptation de nos différences. Simone Gbagbo est une femme politique mais aussi l’épouse de Laurent Gbagbo, c’est donc une personnalité politique importante. C’est pourquoi, les observateurs sont satisfaits de ses discours en faveur de la paix et de la réconciliation nationale initiée par le Chef de l’Etat.
IL Y A COMME UN AIR D’OXYGENATION DE L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE DEPUIS LE DISCOURS DU 6 AOUT DU CHEF DE L’ETAT ALASSANE OUATTARA AVEC DE BONNES ANNONCES COMME PAR EXEMPLE, LA REFORME DE LA COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE. VOICI QUELQUES JOURS QUE CETTE COMMISSION DIT AVOIR ACHEVE SON PROCESSUS DE RECEPTION DES CANDIDATURES AUX ELECTIONS MUNICIPALE ET REGIONALES, SANS SA REFORME POURTANT ANNONCEE. QUE VOUS INSPIRE CETTE SITUATION ?
Je pense qu’à partir du moment où le Chef de l’Etat, dans son discours du lundi 6 août 2018, a reconnu la nécessité de réformer la CEI, celle-ci dans sa présentation actuelle n’est plus légitime pour organiser les élections locales. Le Président de la république a parlé d’élection inclusive, ce qui suppose la participation de tous y compris ceux qui n’ont pas participé aux scrutins passés pour des raisons politiques. Je pense que la réforme des cadres théoriques, juridiques et institutionnels des élections est une condition majeure pour la réconciliation nationale. N’oublions pas que les crises en Côte d’ivoire naissent toujours autour des élections. Le dysfonctionnement institutionnel en 2010 a été l’élément déclencheur et accélérateur de la crise postélectorale. De ce qui précède, la réforme de la CEI doit se faire avant les élections locales. Pour cela, il faut une volonté politique forte et affirmée.
DANS CETTE AMBIANCE ÉLECTORALE DEUX CAMPS SEMBLENT S’AFFRONTER ; CELUI D’UN REPORT DES ELECTIONS ANNONCÉES ET UN AUTRE QUI N’Y VOIT PAS D’INCONVÉNIENTS POUR LEUR TENUE LE 13 OCTOBRE. QU’EN DITES-VOUS ?
Dans une démocratie, l’existence de positions contradictoires relève de la banalité. C’est normal. Cependant, dans l’espèce, il s’agit de consolider le processus de réconciliation nationale amorcée par le discours présidentiel du 6 aout 2018. C’est maintenant qu’il faut faire cette réforme de la CEI. Il ne faudrait pas attendre 2020, ce serait trop tard. Je sais que les listes de candidature ont été enregistrées et que la date du vote est fixée au 13 octobre 2018, mais, voyez-vous, « périsse un principe plutôt que périsse l’Etat », cette pensée d’un juriste français est d’actualité. Pensons d’abord à la Côte d’ivoire avant de penser à nos intérêts égoïstes.
QUE PRESSAGE CETTE SITUATION AUTOUR DE LA CEI POUR 2020 ?
Vous savez que nous sommes dans une démocratie représentative où les gouvernants sont désignés par les gouvernés par le biais des élections. Et l’organisation des élections est d’une importance capitale dans la crédibilité et sincérité des élections. Si un pays comme le Ghana est stable et prospère avec un PIB de 42 milliards de dollars contre 36 milliards pour nous, la Côte d’Ivoire, c’est parce qu’il a un cadre institutionnel des élections impeccable et consensuel. La force du Ghana, c’est la bonne organisation de ses élections.
En Côte d’ivoire, notre talon d’Achille, c’est la mauvaise organisation des élections concurrentielles. 2010 est une belle et mauvaise illustration. La balle est dans le camp de l’Exécutif, c’est lui qui définit et conduit la politique nationale. Il lui revient donc de trancher cette question de la réforme de la CEI à la lumière du discours historique du 6 août 2018.
Recueillis par HERVE MAKRE
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