ABIDJAN : AU BAS DU MIRADOR, L’ETAT ET LA SICOGI DANS LE SERVICE PUBLIC DE DÉSOLATION

POURQUOI UN FLOU RÈGNE-T-IL?

Le mercredi 10 octobre 2018 est un tournant dans  les relations, propriétaires ou habitants des logements de la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI) et la direction de ladite entreprise tenue par Bouaké Fofana. Menés par la plate-forme de la société civile, Agir pour la restauration de la dignité humaine (ARDH) de dame  Pulchérie Gbalet et munis d’un document qui leur demande de quitter leurs maisons, ils sont venus de différents quartiers d’Abidjan prendre  d’assaut  Adjamé-MIRADOR. Et pour cause, réagir à cette décision de déguerpissement et d’expropriation décidée par la SICOGI, face à un directeur général absent.

Que comprendre ?

Peu, avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire conte-t-on, la Société immobilière et habitation de Côte d’Ivoire (SIHCI), construit plusieurs logements sociaux dans les communes d’Abidjan. Cocody Bel Air, Adjamé Habitat Extension, Treichville. A la disparition de cette entreprise, la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi) créée par l’Etat  en 1962 reprend la gestion de tous ces quartiers, notamment  des logements. A partir de 1980, la Sicogi lance un programme de rénovation devant aboutir au recasement de certains habitants et à la cession d’autres habitations à leurs occupants. Toutefois, dans le mode opératoire, un litige nait et continue, à ce jour. Les occupants  de ces   maisons sociales de  la Sicogi, depuis 1960  revendiquent une promesse de vente formulée par la Sicogi, mais jamais exécutée, et cela malgré l’amortissement comptable des maisons.

Mais  l’inexistence d’actes de ventes des maisons Sicogi pour certains locataires leur complique quelque peu la vie. Sont-ils alors légalement fondés à revendiquer la propriété de ces maisons, sans acte de vente formel, Alors que pour nombreux d’entre eux, les maisons ont été bel et bien amorties ? En 1970, un arrêté paru dans le Journal officiel indiquait en son article 6 : «La Sicogi doit proposer à la fin de chaque exercice, la cession de certaines constructions de types économique au fur et à mesure de la constatation comptable de l’amortissement total des ressources propres et empruntées ayant servi à leur financement».

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Il revient donc à la Sicogi de céder au fur et à mesure qu’elle constate l’amortissement des coûts, les constructions. Mais, qu’en est-il ? Le 1er  juillet 2014, l’attestation  N° 733 ordonne la cession desdits logements, sans  l’application du décret rendu dans le journal officiel. Les coûts fixés pour céder le «célibatorium», appellation du studio, à cette époque, et des villas de deux et trois pièces, en bandes, variaient de 850 000 FCFA à 2 018 000 FCFA. Dans  ce  processus, des locataires quitteront ce  monde  sans avoir vu le fruit de leurs efforts. Ils sont au total environ 715 locataires, répartis dans les quartiers du district d’Abidjan concernés par ce différend. En  juillet 2017, les résidents du quartier Belleville à Treichville, liés au même litige, ont été déguerpis. En janvier 2018, une décision de la Cour suprême en faveur de la SICOGI,  donne plein droit à la maison de Fofana Bouaké de récupérer son patrimoine immobilier. Adjamé et Cocody,  c’et la  psychose totale.

Mais les 715 résidents dénoncent un vice de procédure dans la cession totale de ces cités à leurs résidents. La décision de cession concernait-t-elle tous les locataires de ces cités coloniales ou une partie ?  La Sicogi,  n’a pu procéder aux opérations de rénovation, c’est en ce moment-là que les locataires font état du fait que, l’Etat à un moment donné a demandé de vendre tous les logements en location simple. A ce niveau, la SICOGI précise, qu’à l’exception des trois sites :Treichville, Cocody et Adjamé.

SICOGI 25000«Tant qu’une promesse de vente ne se traduit pas en vente réelle, elle n’est pas une vente», avait laissé entendre le DG de la Sicogi, Fofana Bouaké. Il précise que les sites concernés ont été apportés à d’autres structures en garanti de concourt bancaire que la Sicogi a aujourd’hui. Le problème qui se pose aujourd’hui reste tout entier : Que fait-on de la vie de personnes qui ont passé toute une vie dans des logements qui dans les faits leur reviennent faute d’absence de suivi des actes administratifs dans l’administration publique ? Un service  public de désolation ! en Côte d’Ivoire !

GRACE OZHYLLY

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