«NON A LA DÉCISION D’INTERDICTION D’IMPORTATION DES VÉHICULES D’OCCASION »
L’opposant ivoirien, Théophile Soko Waza, président du Congrès du Peuple pour le Développement et la Liberté-CPDL, de retour d’une tournée européenne a réagi à l’actualité sociopolitique ivoirienne dans le cadre de ‘‘la 4ème voix la voix des sans voix’’, une plate-forme de formations politiques. Il a longuement dénoncé le projet du gouvernement d’interdire l’importation des véhicules d’occasion.
«Le gouvernement ivoirien travaille pour les multinationales », a-t-il déclaré face aux journalistes ce vendredi 16 février à Abidjan avant d’exiger la réforme de la CEI prenant à contrepied le premier ministre ivoirien Amadou Gon qui lui, la qualifie de consensuelle.
«La décision du gouvernement cache des réalités. Cette décision montre que le gouvernement ivoirien travaille pour les multinationales au détriment de l’Etat lui-même ; au détriment du peuple de Côte d’Ivoire au détriment des transporteurs ivoiriens», indique-t-il et d’expliquer :
Pourquoi ?
«Je vais vous expliquer pourquoi ! L’année 2016 a été une année où le secteur de l’automobile a connu une régression, une baisse de consommation, une perte des chiffres drastiques d’au moins 20%.
Or ce secteur est détenu par des multinationales de quatre grands groupes à hauteur de 91% du secteur : Le groupe CFAO, (concessionnaire de Peugeot et Toyota) avec : 38% ; Tractafric Motors, (filiale du holding royal marocain SNI, concessionnaire des marques Hyundai, Mazda, BMW et autres poids lourds) : avec 26% ;
SOCIDA (la Société ivoirienne de distribution d’automobile), filiale du groupe antillais Bernard Hayot (GBH) :15% et ATC Comafrique (de la famille Billon, fondatrice du groupe agro-industriel Sifca) : 7% de part de marché.
Voir :http://www.jeuneafrique.com/392886/economie/cote-divoire-ventes-de-voitures-neuves-reculent/
Comme ils sont avec eux sur le marché de ventes des véhicules, constatant que leurs véhicules neufs ne se vendent plus, le gouvernement de l’Etat de Côte d’Ivoire vient à leur secours. En interdisant la vente de véhicules d’occasion. Du coup tout le monde sera obligé d’acheter les véhicules neufs.
L’Etat de Côte d’Ivoire ne gagne rien dans cette combine. Il perd en termes de revenus les dédouanements, il y a la perte des emplois. Déjà en situation de précarité l’on achète difficilement un véhicule d’occasion, avec cette décision de l’Etat, que fera la population. Nous nous trouvons dans une situation où le gouvernement au lieu de travailler dans l’intérêt des populations travaille pour les multinationales ».
Théophile Soko Waza poursuit :
«C’est aussi un désaveu cinglant pour la Sicta parce qu’elle est là pour contrôler si des véhicules peuvent rouler en Côte d’Ivoire ou pas ! Mais si elle est là et on interdit l’importation de véhicules d’occasion, c’est pour dire clairement qu’elle ne fait pas son travail.
Or la SICTA est encore une filiale d’une multinationale qui a un monopole abusif. Alors parce qu’on n’est pas assez courageux pour supprimer cet autre monopole, on interdit l’importation de véhicules d’occasion ; parce que la SICTA est un monopole abusif. Dans les pays développés, plusieurs structures ont le droit, l’autorisation de faire les visites techniques des automobiles. Alors qu’en Côte d’Ivoire, nous n’avons que la SICTA seule.
Nous constatons que le secteur et le contrôle technique des véhicules sont aux mains des multinationales et le gouvernement du président d’Alassane Ouattara travaille à renforcer ce monopole ».
«Pour nous, cette décision est gauche et nous invitons le gouvernement à revoir sa copie. Nous disons à tous les acteurs du secteur de l’automobiles qui est bien organisé, que c’est maintenant qu’il faut réagir. Car il ne faudra pas attende un autre pouvoir. C’est maintenant qu’il faut réagir. Il est temps qu’ils prennent leur responsabilité pour ne pas que leur secteur soit totalement sinistré », conseille-t-il.
«C’est dans ce contexte que nous voyons l’avènement de nouveaux taxis ivoire, alors que les transporteurs ivoiriens moyens n’ont pas les moyens d’investir dans ce type de véhicules. Du coup, eux aussi ils sont en train de quitter le secteur des taxis compteurs. Nous constatons que le gouvernement travaille pour que les plus riches deviennent de plus en plus riches. Pour que, les plus forts soient de plus en plus forts, et que les plus faibles disparaissent progressivement.
On crée la pauvreté et c’est la pauvreté qui crée la situation d’insécurité que nous vivons », constate l’opposant. « Nous demandons au gouvernement de revoir sa décision. Nous invitons les acteurs du secteur des transports de s’organiser et de réagir face à cette situation», invite Théophile Soko Waza de ‘‘la 4ème voix’’ avant de plancher sur la nouvelle Commission électorale indépendante, pas encore née.
La CEI «un volcan dormant» à suivre
«Le gouvernement annonce les élections locales en cette année 2018, mais nous voulons que le gouvernement prenne en compte l’histoire de la Côte d’Ivoire des crises à répétions. La Côte d’Ivoire a connu sa première crise grave en 2000 à la suite d’élections, parce que la structure qui a organisé les élections était contestée par les candidats. On s’est retrouvé en 2010 et cette crise a été plus grave et plus meurtrière. Cette même structure a organisée les élections en 2011, il n’y a eu un cafouillage, et en 2013 il y a eu toujours un cafouillage.
En 2015 il y a eu l’élection présidentielle, et les législatives sans les forces politiques de la Côte d’Ivoire. Elles n’ont pas participé à ces élection parce qu’elles contestent cette Commission Electorale Indépendante. Elle n’est pas équilibrée. Elle n’est pas juste/ Elle n’est pas cohérente. Elle ne donne pas confiance à tous les candidats.
Cette suspicion légitime des leaders politiques ivoiriens a permis à d’autres organisations internationales de s’intéresser à cette CEI en Côte d’Ivoire. Donc la commission de l’Union Africaine ayant examiné a trouvé qu’elle ne permettait pas de garantir une bonne démocratie en Côte d’Ivoire. Elle a donc recommandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de permettre à la CEI d’être dans les normes. Il y a eu d’autres organisations internationales qui ont fait des recommandations. »
Surprise ?
«Nous sommes grandement surpris que le gouvernement ivoirien fait la sourde oreille. Il est temps de mettre un terme à cette CEI. Monsieur Youssouf Bakayoko a brillé ici en Côte d’Ivoire par son travail qui est à la base des crises. On ne peut pas reconduire une CEI qui est à la base des crises ; à moins que l’objectif du gouvernement, c’est de permettre aux autres acteurs politiques de ne pas participer à ces élections ! »
https://www.youtube.com/watch?v=Xy4vflui890&feature=youtu.be
Son appel
«Je lance un appel à toutes les forces politiques en Côte d’Ivoire; que puisons nous mettre ensemble pour cette bataille de la CEI, parce que nous voulons participer à ces élections.
Mais nous ne voulons plus participer à des élections à n’importe quel prix. Participer à des élections où vous savez d’avance que la CEI vous est défavorable, là ce ne sont plus des élections. Ce gendre d’élection ne rassure pas la démocratie. Cela ne rassure pas au niveau de la paix, de la cohésion sociale et c’est un danger permanent. C’est comme si la Côte d’Ivoire repose sur un volcan dormant. Il est important que nous quittions cette situation pour la vraie démocratie en mettant en place une structure qui rassure ».
La 4ème VOIX engagée pour 2020
«Nous travaillons à la 4ème VOIX à aller à ces élections. Mais nous ne pouvons pas aller à ces élections que si cette CEI est recomposée, remise à plat et réorganisée de telle que nous pouvons avoir confiance en cette CEI. Tant que cette CEI ne nous permet pas d’avoir confiance en elle dans son mode de fonctionnement, dans son mode de travail, nous ne pouvons pas participer à ces élections. Notre mot d’ordre est de travailler à mettre la pression par tous les moyens pour que cette CEI soit mise à plat avec tous les moyens démocratiques ».
Horizon 2020
« Nous avons des perspectives. Nous travaillons pour 2020. Le pouvoir du président Alassane Ouattara prend fin en 2020. Nous saluons le fait qu’il ait déjà dit qu’il ne se représentera pas. Nous croyons en lui, il respectera sa parole. Je crois qu’il ne commettra pas l’erreur d’écouter ces voix qui l’encouragent à un troisième mandat en s’appuyant sur le fait que nous sommes dans troisième République. Qu’il ne commettra pas cette erreur pour que la Côte d’Ivoire puisse rentrer dans la phase démocratique. Et que cette transition se fasse de façon pacifique.
Les quatre héritiers d’Houphouët-Boigny ont dirigé la Côte d’Ivoire. En 2020 ce sera le temps d’une nouvelle génération. Nous faisons partie de cette nouvelle génération parce que nous avons une vision pour la Côte d’Ivoire. Nous avons un projet pour la Côte d’Ivoire. Nous travaillons pour 2020, pour que cette nouvelle génération donne à la Côte d’Ivoire une autre dynamique, un nouveau pays et de nouvelles perspectives.
voir: [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=zvO4mP2lrPg[/embedyt]
Nous appelons les toutes les forces politiques, tous les autres leaders qui veulent voir la VOIX des SANS VOIX s’exprimer.
Que les ivoiriens qui sont opprimés, que les paysans qui n’ont pas leur mot à dire sur la réalité de la vie de la nation ; ceux qui sont abandonnés par le système éducatif, ceux que le système économique de la Côte d’Ivoire a mis à l’écart. Que tous ceux-là se joignent à nous pour créer cette grande force ; pour qu’en 2020 par le jeu des alliances, des partenariats politiques, nous puissions prendre le pouvoir et le redonner au peuple de Côte d’Ivoire pour une vraie prospérité. Pour un vrai développement et que la Côte d’Ivoire devienne une puissance économique mondiale et non sous régionale sous la domination des puissances économiques », déclare Théophile Soko Waza, porte-voix de la 4ème VOIX la VOIX des sans VOIX.
Par HERVE MAKRE
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