Le ministre tire dans tous les sens
Il Charge le PCA du Burida, menace de faire arrêter immédiatement l’artiste Stézo l’impérial
Des artistes quittent la salle
Tout sur l’ambiance de la rencontre à la bibliothèque nationale
Folle ambiance entre le ministre de la culture et les artistes ivoiriens. Le ministre de la Culture et de la francophonie, Maurice Bandaman annonce des journées de réflexions pour éteindre le feu au Bureau ivoirien des droits d’auteur-Burida, les 10, 11 et 12 juillet 2019. Les artistes déroutés s’enflamment. Eux, ils attendent les résultats de l’audit sur la gestion de la directrice générale de la maison des artistes. Le ministre menace. Haute tension dans la soirée, du mardi 2 juillet 2019 à la bibliothèque nationale au Plateau, siège du pouvoir d’Etat.
Tout le décore est là pour une rencontre de trois heures de haute tension dans une bibliothèque nationale trépassée, avec les sociétaires du Bureau ivoirien des droits d’auteurs. En venant à la rencontre, les artistes ivoiriens dans toute leur diversité ne pensaient pas à cette petite surprise réservée par le ministre de la Culture et de la Francophonie Maurice Bandaman. Ils ont répondu nombreux à l’invitation du ministre pour espérer se voir annoncer les dates du renouvellement des instances du BURIDA. Mais, le ministre balise le terrain marécageux, avec l’indisponibilité des actes de l’audit commandité pour le BURIDA.
L’annonce de journées de réflexion devant préparer l’assemblée générale des sociétaires à l’effet du renouvellement des instances, ressemble à un mauvais coup pour eux. Pour les artistes, les résultats de l’audit reste un préalable au règlement de la crise qui dure déjà quelques années. Ils auront alors droit à une envolée lyrique d’un ministre surpassé par l’émotion : «Je ne me laisserai pas faire. Je suis ministre et je n’accepte pas qu’on m’offense. Je ne laisserai pas faire…je ne laisserai pas mon autorité bafouée…», réaction de colère en réponse à la colère de l’artiste Stézo l’Impérial qui sort de la salle en vociférant de rage contre le ministre. Crime de lèse majesté !
Le ministre tire dans tous les sens
Qu’il soit, Vincent Diallo Tikouaï, Fadal Day, Dan Log ou Nedy Jerth, ou encore Sery Sylvain, PCA et producteur d’artiste, ils auront tous essuyé une frappe d’un ministre protecteur. De qui ? Dame Irène Vierra fixant tout le centre d’intérêt de la crise au Burida. Docile comme une poule bénéficiant de la chaleur protectrice et réchauffant du père de la bassecour, elle ne dit mot, assistant à l’algarade des acteurs du jour. Souriante à la fin de la rencontre : «Allons-y les gars», lance-t-elle juste pour crier victoire ! Et pour cause ; des journées sont annoncées pour la remettre en scelle en sa qualité ‘‘d’expert’’ comme qualifiée par le ministre. «Experte en quoi ? » lâcheront certains artistes.
La tension monte
Tout part du déroutement des artistes par le ministre avec l’annonce des journées, alors que les artistes voulant en finir avec la crise résultant de la gestion de la directrice générale, réclament les résultats de l’audit qui demeurent un mystère pour eux. Ils ont payé pour sa réalisation. Car, soulignent-ils, «l’argent est sorti des caisses du Burida et non du budget de l’Etat. On nous doit le résultat de l’audit».
Mais, le ministre défendra la tenue des journées pour dit-il renforcer les capacités opérationnelles du Burida et préparer les élections. «Faites-nous confiance», lâche le ministre de la Culture Maurice Bandaman. Dans la foulée, l’artiste Stézo poussée par une colère dénonce la procédure du ministre de la Culture et quitte la salle entrainant certains artistes avec lui. L’air est surchauffé. Le face-à-face se poursuit.
Une suspicion légitime a Burida
«Je crains fort que les journées de réflexion ne planent au-dessus de la tète de gens et qu’elles ne régleront pas durablement la crise avec les termes de réflexion tels qu’énoncés. Ils ne sont pas les vrais sujets qui vont sécuriser la maison…», rétorque calmement le président du conseil d’administration-PCA du Burida, Séry Sylvain. Et de poursuivre : «Monsieur le ministre, il y a une commission de répartition dans laquelle les sociétaires ne comprennent rien et ne voient rien. Il y’a de réels problèmes. Les artistes veulent savoir ce qu’est la gestion de la maison de l’artiste à travers l’audit…C’est un préalable dont ils voudraient tirer toutes les conséquences. Les artistes se plaignent des répartitions sélectives. Il y a le règlement de perception qu’il faut clarifier, il y a les statuts qu’il faut revoir. Il n’y a pas de manuel de procédures. Il y a un problème réel de gouvernance…».
Colère du ministre, après les propos du président du conseil d’administration du Burida, Sery Sylvain. Le ministre admet difficilement que le PCA du Burida le contrarie devant les artistes. Il ne se prive pas de le rudoyer publiquement dans une salle surchauffée. Mais les artistes ne décolèrent pas et exigent dans leurs demandes la disponibilité du rapport d’audit, car soutiennent-ils, qu’il a été financé par les artistes et non l’Etat. À observer la scène, le Pca du Burida, lors des échanges semble n’avoir pas été consulté pour les journées
annoncées par le ministre. Avec les résultats qui pourront être transformés en normes, alors que les textes du Burida énoncent que l’Assemblée générale trace la feuille de route du Conseil d’Administration et du Directeur Général.
L’absence d’application du Manuel de procédures de gestion administratives et financières, financé à 25 millions FCFA par le Burida pose problème. Situation qui illustre le manque de codification des relations entre le Dg, le PCA et le Ministre de la Culture. Certains griefs contre la directrice générale du Burida Mme Irène Vierra font ressortir qu’alors qu’elle doit répondre devant le Conseil d’administration selon les textes, car celui-ci évalue sa mission, elle le contourne et rend compte au ministre. Elle part dans des missions non autorisées par le conseil d’administration qui n’en est pas informé…Mais, elle informe et rend compte au ministre de la Culture qui ne fait pas partie de l’organigramme du Burida. Incohérence crient les sociétaires. Il n’y a aucune matrice de d’autorité selon les membres du conseil d’administration. Donc existence d’une crise d’autorité se traduisant par les bruits qui secouent cette maison des droits d’auteurs.
Le ministre écoute, mais tient aux journées du BURIDA
«Les problèmes de la crise doivent être traités et non contournés» crient les artistes. Le règlement intérieur obsolète, les statuts et le règlement de répartition posent problème. Le Burida qui ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat qui a une mainmise sur sa gestion est véritablement plongée dans une crise, d’Etat…«Je vous demande pardon. Nous sommes en famille…Je vous transmettrai le résumé de l’audit. Mais retrouvons-nous aux journées de concertation» soupire le ministre de la Culture exténué au terme de trois heures de discussions avec les artistes.
En attendant les journées du Ministre pour sauver le Bureau ivoirien des droits d’auteurs, les artistes se dressent contre la gestion de la directrice, Irène Vierra. La bibliothèque du Plateau dépitée s’en souviendra. C’est déjà quand les élections?
HERVE MAKRE
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