Non à l’abus et violation de la liberté d’expression, Non à l’orpaillage
Le 30 octobre 2019, le procès du journaliste freelance Hubert Konan Yao incarcéré à la prison civile de Bouaké, depuis le 4 août 2019 s’ouvrira avec comme chefs d’accusations: séquestration de gendarmes en fonction, incitation et trouble à l’ordre public, coups et blessures volontaires sur gendarmes en fonction. Abus et détention illégale ont crié, dimanche 27 octobre 2019 à Cocody-Abidjan, plusieurs organisations de la société civile, organisations de défense de droits humains, activistes, la mutuelle pour le développement de N’dakouassikro dont il est originaire, le mouvement No Voix Côte d’Ivoire et le Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d’Ivoire tenu par Guillaume Gbato. Tous exigent la libération immédiate du journaliste en détention.
Par une large explication face aux médias, les organisations de défense des droits humains luttant contre les illégalités, les inégalités sociales et les abus d’autorités, toutes soutenant la jeunesse du village N’dakouassikro du département de Djékanou au centre de la Côte d’Ivoire, elles ont dénoncé le silence des autorités gouvernementales devant la violation des droits des populations dudit village. Populations victimes de l’exploitation violente de leur sous-sol par une société dénommée Mondial Mines, qui voit aujourd’hui l’arrestation d’un fils dudit village, le journaliste freelance Hubert Konan Yao. Sous l’impulsion d’une société qui appartiendrait à la personnalité politique ivoirienne, Henriette Lagou, secrétaire générale adjoint de la Commission Electorale Indépendante et responsable d’une formation politique en Côte d’Ivoire.
Selon ces dénonciateurs, c’est en 2018 que la société dénommée Mondial Mines tente avec force de s’installer dans le village N’dakouassikro du département de Djékanou, pour un projet d’orpaillage. Une tentative à laquelle s’opposent les populations victimes de la tentative de force, pour défaut d’autorisation légale du fait de l’absence d’une enquête de commodo incommodo et d’une étude d’impact environnemental et social, pis de l’absence d’un protocole d’accord. Les populations de N’dakouassikro craignent de multiples conséquences liées à cette activité illégale que tente d’entamer sur son sol, Mondial Mines.
Devant la situation qu’elles jugent d’une extrême menace sociale et environnementale, ces populations lancent des démarches auprès des autorités, en adressant plusieurs courriers qui, Sous-préfet, au Préfet, qui, à la gendarmerie qui deviendra son bourreau, ainsi qu’au conseil des chefs de Djekanou, chef-lieu de département. Elles ne s’arrêteront pas là ! Le ministère des Mines, la Direction régionale des mines de Yamoussoukro, le Procureur près le du Tribunal de Toumodi sont tous saisis. Une démarche qui vise à obtenir l’annulation dans sa forme, le projet de la société de dame Henriette Lagou, une opposante proche du gouvernement ivoirien.
Mais toutes ces démarches légales des populations de N’dakouassikro resteront sans succès. Mieux, elles essuieront les menaces, intimidations et menaces d’arrestation par la société soutenues par la gendarmerie. Des menaces qui sont mises en exécution avec l’arrestation en 2018 du 1er président des jeunes de N’dakouassikro. Suivie d’une tentative de meurtre d’un autre fils du village qui s’est mis à dénoncer l’orpaillage clandestin de Mondial Mines. Ce qui donnera lieu en 2019 à de grandes rencontres entre ressortissants du village victimes des abus de la société d’exploitation minière clandestine et les autorités administratives avec une déclaration sur l’honneur du maire de s’impliquer personnellement dans la résolution de la situation. Rien ne viendra !
Au mois d’août 2019, les abus atteindront un autre niveau avec l’arrestation, le 4 août 2019, du journaliste freelance Hubert Konan, fils du village N’dakouassikro. «Son mal, c’est qu’il s’est impliqué dans le traitement du dossier en réclamant des parents, le calme pour une meilleure issue. Mais d’avoir tenté de mieux appréhender la question en expliquant à ses parents que sans une étude d’impact environnemental et social, ni Protocol d’accord, ce projet devenant un danger, ne saurait s’exercer dans son village. Il projetait une large diffusion eu égard à sa qualité de journaliste», expliquent les défenseurs des droits humains mobilisés pour la cause aux cotés des populations de N’dakouassikro victimes des pratiques de la société Mondial Mines appartenant à Henriette Lagou.
Alors que le journaliste tentait de regagner Abidjan, le 4 août 2019, il sera interpellé brutalement par quatre éléments de la gendarmerie de Djekanou dans une gare. Une chaude discussion s’engage et gagne en intensité devant son exigence de lui présenter un mandat d’interpellation ou d’arrêt, ce que refusent les gendarmes. Ils ne l’ont pas. Ils agissent juste par abus. Une réelle bastonnade s’ensuit. La population excédée devant de telles brutalités s’en prend aux gendarmes dont un sera blessé. Le journaliste est arrêté manu militari et déporté à la prison civile de Bouaké où il vit encore les séquelles de la bastonnade, puisqu’il a été sans soins à la brigade de Djékanou.
Il attend son procès, le 30 octobre 2019 pour dit-on : séquestration de gendarme en fonction, incitation et trouble à l’ordre public ; coups et blessures volontaires sur gendarme en fonction. Des charges jugées imaginaires et dilatoires par les populations et de N’dakouassikro du département de Djékanou et les défenseurs des droits humains qui exigent purement et simplement la libération du journaliste. «Le SYNAPPCI exige la libération sans condition de Hubert Konan et demande au ministre Sidi Touré de se saisir de cette situation pour mettre fin aux souffrances du journaliste pour qu’il exerce librement son métier, celui d’informer l’opinion sur l’orpaillage clandestin à N’dakouassikro du département de Djékanou. Nous appelons le gouvernement à mettre fins à l’incarcération du journaliste ne Côote d’Ivoire. Et par conséquence, invitons tous les journalistes ivoiriens et ailleurs à se mobiliser pour obtenir la libération de leur confrère injustement détenu à Bouake dans le cadre de sa fonction», indique Guillaume Gbatto, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse de Côte d’Ivoire. En attendant d’ici-là, le procès du 30 octobre 2019 à Bouaké. Ne dites pas que la justice est expéditive dans cette ville. Un responsable politique du PDCI s’en souvient.
HERVE MAKRE
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