Urgent-Côte d’Ivoire: les enseignants révoltés:  »On arrête tout les 28, 29 et 30 Janvier 2020″ Kouamé Bertoni (Sg du RICI)

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 » Les réalités actuelles sont telles que nous n’avons pas le choix que de nous battre »

Un vent se prépare contre l’oreille sourde du gouvernement sur les revendications des enseignants de Côte d’Ivoire. Le secrétaire général du Réseau des instituteurs de Côte d’Ivoire-RICI, KOUAMÉ BERTONI,  porteur de voix du RICI dénonce les engagements non respectés du gouvernement ivoirien et menace d’observer 72 heures d’arrêt de travail. Allons dans la peau d’un révolté qui annonce des jours  mouvementés…

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Quel bilan faites-vous de la lutte que vous avez engagée, au cours de l’année 2019 ?

Avant tout propos, je voudrais souhaiter une bonne année 2020 au corps des enseignants. que 2020 soit une année de victoire syndicale. Je voudrais dire merci aux enseignants qui ont répondu toujours aux mots d’ordre du RICI. J dis bien, sur les cinq (5) points de revendications qui ont été posés aucun n ‘a été traité jusqu’à ce jour. Donc le bilan n’est pas satisfaisant.

Vous avez rencontré Madame Kandia Camara hier, qu’est-ce qui a été décidé?

Rien qui puisse satisfaire les enseignants de Côte d’ivoire. Malheureusement c’est pareil. Madame le ministre nous dit que, lorsque nous avons rencontré le premier ministre Gon Coulibaly l’année passée, il nous a dit qu’il allait régler ce problème par une promotion immobilière. Nous ne sommes pas contre une promotion immobilière mais ce que disons, nous voulons une augmentation de notre indemnité de logement avant toute chose. A toute fin utile, il faut faire comprendre ceci: les promotions immobilières ne sont pas des maisons gratuites qu’on nous donnent. Mais il faut avant toute chose avoir une quotité céssive. Votre quotité cessive doit être telle qu’elle vous permet de prendre la maison véritablement, même si elles sont des locations ventes.
Donc ce que nous demandons aujourd’hui, qu’on nous permette d’avoir un salaire consistant. Cela va nous permettre d’avoir des quotités cessives et à partir de ce moment, on verra comment on peut souscrire à une promotion immobilière. On ne peut pas obliger un fonctionnaire à souscrire à une promotion immobilière. Oui, ça ne doit pas être une obligation. Mais ce que Madame le ministre nous a présenté, hier c’est comme si c’est une obligation: on a trouvé ça! un point un trait, ça s’arrête là.

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Non, la COSEFCI dit non. Parce que je suis à la fois porte-parole adjoint de la COSEFCI même si à la base je suis secrétaire général national du réseau des instituteurs de Côte d’ivoire. Et en tant que porte-parole adjoint, ainsi je ne fait que réaffirmer la position de la COSEFCI qui est assez claire. Pour nous, nous disons, nous voulons l’augmentation de nos indemnités de logement; c’est ça qui nous intéresse pour le moment. Mais nous ne crachons pas sur une promotion immobilière. Donc le gouvernement peut initier une promotion immobilière mais pour le moment ce n’est pas la réponse à notre revendication. La réponse à notre revendication c’est l’augmentation de notre indemnité de logement et après on pourra avancer. Revenons sur la grève de l’an dernier. Beaucoup d’enseignants ont laissé des plumes, il y a eu des morts, des destructions de biens publics. Pensez vous que ce mot d’ordre d’arrêt de travail de 72heures que vous avez lancé sera suivi par la corporation des enseignants?

D’abord, je voudrais encore m’incliner sur la mémoire de tous nos camarades qui sont tombés sur le champ de bataille. Mais la lutte aussi c’est cela! Et c’est à juste titre d’ailleurs, que nous disons qu’on ne saurait abandonner cette lutte pour le respect de la mémoire de nos camarades qui sont tombés au front, pour le respect de ces dignes combattants. Je fais allusion au camarade Gbobeu et à tous ces anonymes qui sont décédés tout au long de cette lutte. Donc, nous disons que, pour revenir à votre question, est-ce que ça va connaitre le même engouement? Bon, l’engouement d’abord en lui-même, dès l’instant où nous sommes allés en assemblée générale, parce que cette décision fait suite à une résolution de l’AG que nous avons eu et nous sommes à 6 mois, 7 mois de ceci et rien a été encore fait. Donc ce sont les camarades eux-mêmes, ceux mêmes avec qui on s’est battu hier, ce sont ces camarades qui disent allons y encore. Donc nous, nous disons qu’il y a l’engouement. Il y a l’engouement et on aura le temps encore de découvrir cela les 28, 29 et 30 janvier 2020.

Que dites-vous à l’endroit du corps des enseignants à la fin de cet interview, ?

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Camarades enseignants, je pense que nous sommes en train de jouer notre destin, nous arrivons à une phase des plus impérieuses, des plus importantes de notre histoire. Notre indemnité de logement est dépassée. 40 mille francs 50 mille francs. On ne saurait se loger décemment avec cette indemnité, lorsque la constitution ivoirienne notre loi fondamentale indique que le travailleur se doit d’être logé décemment. La décence en terme de logement fait appel aussi à la psychologie infantile qui indique que lorsque vous avez des enfants, les filles et les garçons ne doivent pas dormir dans la même chambre. Cela veut dire que les filles doivent avoir leur chambre, les garçons leur chambre, Papa et maman leur chambre et le salon. Cela fait 4 pièces. Donc c’est dire qu’aujourd’hui le logement décent pour un enseignant de Côte d’ivoire c’est au moins une 4 pièces or une 4 pièce ce n’est pas moins de 150 mille francs, 160 mille francs. Or nous recevons seulement 40 mille francs en terme d’indemnités de logements. Les réalités actuelles sont telles que nous n’avons pas le choix que de nous battre.
Donc, camarades enseignants, camarades enseignantes de Côte d’ivoire, il est temps de ne pas regarder  »si je suis de tel ou tel syndicat », il est temps de regarder ce qui est bon pour toi; et ce qui est bon pour toi c’est la revalorisation de ton indemnité de logement et voilà pourquoi de façon courageuse nous invitons tous les enseignants de Côte d’ivoire unis comme un seul homme, à fermer leurs classes à fermer leur bureau les 28, 29 et 30 Janvier 2020. Que DIEU vous bénisse.

Entretien réalisé par Martial Tahou

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