urgent-rebondissement dans le litige foncier CNRA-Abadjin-Doumé: ce qu’a fait la gendarmerie Songon

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Le conflit foncier qui oppose le Centre national de recherche agronomique (CNRA) aux villages d’Abadjin-Doumé et d’Abadjin-Kouté n’a pas encore atteint son épilogue. Mercredi 8 juillet, les chefs des deux villages ont rencontré le commandant de la brigade de la gendarmerie de Songon dont dépend la zone conflictuelle pour se dresser contre l’attitude malencontreuse de la direction dudit centre agronomique.

litige cnra 1Selon Ballé Djoman Abel qui nous donne l’information, la rencontre qui s’est tenue, mercredi 8 juillet 2020 à la brigade de Songon fait suite à une récente descente musclée de quelques éléments de l’escadron de gendarmerie de Yopougon sur la parcelle litigieuse. Ce jour-là, à en croire le porte-parole des propriétaires terriens, Ballé Djoman Abel, les gendarmes ont procédé à l’arrestation de quelques ouvriers du site qu’ils ont conduit à la brigade de Songon. C’est ainsi que le Commandant de cette brigade, après avoir remis en liberté les pauvres ouvriers, a convoqué la direction générale du CNRA ainsi que les chefs des deux villages pour en savoir davantage sur cette affaire déjà tranchée par la justice ivoirienne depuis un an environ.

«Aujourd’hui encore, la direction du CNRA a brillé par son absence à cette rencontre voulue par le Commandant de brigade. Je vous apprends qu’ils ont eu la même attitude quand le sous-préfet d’alors leur avait adressé un courrier pour avoir leur avis quand on était à l’étape de l’enquête de commodo et d’incommodo. Ils n’ont jamais répondu au courrier du sous-préfet jusqu’à la fin de l’enquête qui a abouti à l’approbation de notre parcelle. Cela parce qu’il n’avait aucun document pour se prévaloir de ces terres puisqu’aucun chef ne leur a jamais délivré de document à cet effet», nous apprend Ballé Abel.

cnra 4Poursuivant, il ajoute que les deux chefs se sont résolus, hier, à confirmer au chef de ce poste de gendarmerie que leurs villages sont bel et bien propriétaires des 231 hectares et que possédant une décision de justice, c’est eux qui ont commis des ouvriers à la mise en valeur de leur bien foncier.

«Tout ce que le CNRA est en train de faire est du faux. C’est une structure étatique qui dépend d’un ministère et si depuis leur ministère de tutelle ne se mêle pas de cette affaire, ça ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il y a anguille sous roche. C’est que c’est le directeur général qui a des problèmes avec les propriétaires terriens et non le CNRA. La preuve, depuis les procès jusqu’à présent, c’est lui qui se débat. D’ailleurs selon des informations en notre possession, la direction aurait vendu des parcelles de nos terres à des privés. Nous sommes en train de mener nos enquêtes pour vérifier ces informations. C’est certainement ce qui a poussé le directeur général à demander un ACD global sur notre patrimoine, mais heureusement pour nous sa demande a été rejetée», nous a-t-il révélé.

«Le CNRA fait intervenir des gendarmes dont la zone de compétence n’est pas Songon pour faire arrêter les travaux sur notre parcelle sous le prétexte qu’ils exécutent l’ordre reçu de leur hiérarchie qui aurait reçu à son tour l’ordre du Commandant supérieur de la Gendarmerie qui à son tour aurait reçu l’ordre du ministre d’Etat, ministre de la Défense Hamed Bakayoko. Nous croyons que c’est une manigance du directeur général du CNRA. Nous avons une décision de justice et nul n’est au-dessus de la loi.

litige CNRA LEDEBATIVOIRIEN.NETMême si le ministre Hamed Bakayoko doit intervenir dans cette affaire, ce sera avec un document à l’appui. Que M. Yté Wongbé arrête d’utiliser les forces publiques contre nous et de vouloir mêler le ministre Hamed Bakayoko dans une affaire où il a été débouté par la justice.

Pire, Gnahoua Guy Modeste qui est le directeur de leur patrimoine est même venu sur notre site et a porté des coups et blessures à un ouvrier. Suite à son attitude, il a été mis aux arrêts à la brigade de gendarmerie de Songon et a été relaxé la même nuit après l’intervention du sous-préfet auprès de qui M. Yté Wongbé a plaidé. On a été en procès et nous avons été rétablis dans nos droits. Qu’il s’en réfère et qu’il respecte les décisions de la justice ivoirienne», s’indigne Ballé Djoman Abel.

C’est que, depuis quelques temps, la direction générale du CNRA qui ne possède qu’environ 19 hectares à Songon sur la route de Dabou, tente d’empêcher les communautés villageoises d’Abadjin-Doumé et d’Abadjin-Kouté d’exploiter leur patrimoine foncier. Cela en dépit d’une décision de justice qui confirme le droit de propriété des deux villages.

Nadège Kondo

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