Urgent-Abidjan : à peine Gon Coulibaly inhumé que des victimes de la Justice  ivoirienne en sit-in éclatés devant la Présidence et l’Union Européenne

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Elles l’ont déjà fait savoir au Premier Président de la Cour D’Appel d’Abidjan-Plateau avec  le délibéré rabattu au 23 juillet 2020.  Les victimes excédées par cette situation de fait, vu que ledit Président essaie encore subtilement de renvoyer l’affaire à la troisième vacance judiciaire décident des sit-in pacifiques éclatés.

palais dePour dénoncer ce déni de justice  à partir du mardi 21 juillet  2020 dès 9H 30 minutes et ce, jusqu’à nouvel ordre. La police aux ordres commence à bander les  muscles face à ces victimes…

« Nous prenons la respectueuse liberté de vous saisir, es qualité de supérieur hiérarchique de Monsieur CISSOKO Amouroulaye Ibrahim, Président du Tribunal de Première Instance d’Abidjan sur son attitude on ne peut plus incompréhensible dans la gestion de l’affaire susvisée. Face à dilatoire, nous avons dû user de toutes les stratégies pour calmer les victimes qui voulaient alors vigoureusement protester publiquement contre le déni de justice dans lequel se Monsieur CISSOKO Amouroulaye Ibrahim, Président dudit Tribunal.

LES VICTIMES DES DECHTS TOXIQUES COTE DIVOIENous décidons d’organiser à partir du mardi 21 juillet  2020 à 9H30 minutes et ce, jusqu’à nouvel ordre, des sit-in pacifiques éclatés devant les palais de la Présidence de la République, de la justice, le Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme et le siège de l’Union Européenne pour dénoncer ce déni de justice.

Ces différentes manifestations regrouperont 50 personnes devant chaque institution sus visée et ce, dans le respect des consignes de sécurité sanitaire édictées par le Conseil National de Sécurité présidé par le  Président Alassane Ouattara, Président de la République » explique les président du Renadvitedt-ci dans l’affaire : Koffi Hanon Charles et 1665 autres C/ Gohourou Ziallo Claude Francois, Koné Cheick Oumar, Digbeu Léocadie, Awa N’diaye, Epouse M’baye Et Afriland First Bank.

Une affaire qui enrhume le palais de justice

tribunal 191En effet, le 6 mars 2018, les victimes ont saisi le Tribunal de Première Instance d’Abidjan-Plateau sur le fondement d’un arrêt correctionnel devenu définitif sur l’action publique. Il s’est agi pour elles  de solliciter du Tribunal, qu’il tire les conséquences de droit de cet arrêt au plan de la responsabilité civile délictuelle et quasi-délictuelle sur le fondement des articles 1382 et 1383 de notre code civil. Après plusieurs renvois, cette affaire a été utilement retenue par le Tribunal de céans le 29 novembre 2018 et mise en délibéré le 7 février 2019.

Advenue cette date, ledit délibéré a été renvoyé aux 28 février, 28 mars et 25 avril 2019. Le 25 avril 2019, ce même délibéré a été rabattu sans aucune raison valable et fixé à nouveau au jeudi 16 mai 2019. « A cette audience, lorsque nous avions demandé au Président dudit Tribunal les raisons de cet autre rabat, en réponse,  il avait souligné que ledit délibéré n’avait pas eu lieu pour cause du quorum qui n’aurait pas été atteint à cet effet. Il avait même fait valoir que la plupart des Magistrats seraient en séminaire », ajoute Charles Koffi.

dechetss tA la date du 16 mai 2019, ce délibéré a été encore rabattu mais cette fois-ci, selon ledit Président, pour cause  d’un courrier que le nommé GOHOUROU Ziallo Claude François aurait adressé à son Tribunal, à l’effet de manifester son intention d’intervenir dans ladite procédure. Délibérant sur le siège, ledit Président avait fait droit à sa requête.

« Par respect du principe du contradictoire, nous avons dû nous y résoudre quand bien même depuis le début de cette affaire devant ce Tribunal, GOHOUROU Claude qui a été régulièrement assigné était sur le sol ivoirien. Il organisait des conférences de presse relayées par les médias. A l’occasion de l’une de ses conférences de presse, il avait annoncé la création d’un parti politique dont il serait le Président nonobstant sa condamnation à 20 ans de prison ferme pour abus de confiance » poursuit-il.

Par ailleurs, après plusieurs renvois, ledit délibéré a été fixé au 18 juillet 2019 puis encore rabattu et fixé au 05 décembre 2019. Les différents renvois qui ont été faits durant toute cette période donnaient l’impression que le Président du Tribunal attendait un autre motif pouvant juridiquement justifier un autre rabat de ce délibéré.

LA SGCI DANS LE SCANDALE DES DECHETS TOXIQUES LEDEBATIVOIRIEN.NETA la dernière date susvisée, le même GOHOUROU Claude avait sollicité et obtenu dudit Tribunal, un sursis à statuer sur le fondement d’un pourvoi en cassation qu’il aurait formé contre l’arrêt du 27 juillet 2016 rendu par la Première Chambre Correctionnelle de la Cour d’Appel d’Abidjan ; lequel l’avait condamné à 20 ans de prison et à 3 millions de francs CFA pour abus de confiance et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 4.658 milliards destinés à l’indemnisation de 6.624 victimes, membres de notre association.

Cette décision de la Cour de Cassation avait simplement considéré à l’égard du sieur GOHOUROU Claude, que l’infraction de blanchiment de capitaux n’était pas constituée. Pour justifier cette décision, la Cour de Cassation précitée avait indiqué que la Cour d’Appel avait souligné que c’étaient les préposés de GOHOUROU Claude qui avaient manipulé la somme querellée. Suite à cela, ce même délibéré a été fixé au jeudi 16 avril 2020.

DECETS TOXIQUES ET SGBCI« De fait, l’arrêt relatif audit pourvoi en cassation rendu le 28 novembre 2019 a définitivement condamné GOHOUROU Claude à 20 ans de prison ferme et à 3 millions de francs CFA d’amende pour abus de confiance portant sur les 4.658 milliards de francs CFA, KONE Cheick Oumar, DIGBEU Léocadie, AWA N’diaye, épouse M’baye à 20 ans de prison ferme et à 3 millions de francs CFA d’amende chacun pour complicité d’abus de confiance et auteurs de blanchiment de capitaux portant sur les mêmes 4.658 milliards de francs CFA et ACCESS BANK CÔTE D’Ivoire à 21 milliards de francs CFA d’amende pour méconnaissance de prévention de blanchiment de capitaux portant sur le même montant », indique le président du Réseau national pour la défense des victimes des déchets  Toxiques de Cote d’Ivoire, Charles Koffi..

Le coronavirus dans le dossier

Charles Koffi et Hervé MakreAussi, eu égard à la crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie à coronavirus (Covid-19) et les mesures de sécurité sanitaire y induites, toutes les affaires du fond ont été suspendues par le Tribunal pour une période de 45 jours. Après quoi, toutes les affaires du rôle du 16 avril 2020 au nombre desquelles figuraient la leur ont été renvoyées en bloc au 28 mai 2020. Advenue cette date, le délibéré de notre affaire a été fixé au jeudi 2 juillet 2020.

«Contre toute attente et de façon curieuse, à la date susdite, notre affaire ne figurait sur le rôle de cette audience. Face à cette situation, nous avons dû rencontrer le Greffier audiencier pour en savoir les raisons. Ce dernier, après avoir consulté son plumitif, nous a demandé d’attendre l’audience en cause, le temps pour lui de se rapprocher du Président du Tribunal et nous revenir relativement aux éventuels motifs  de cette situation de fait.

Dans la salle d’audience, avant l’entrée du Président du Tribunal et de ses assesseurs, l’un de nos conseils avait approché ledit Greffier, lequel lui avait confié qu’il y aurait quelques petits problèmes à régler dans notre dossier. En conséquence, il lui avait fait noter que ledit délibéré serait renvoyé au jeudi 09 juillet 2020.  Effectivement, à l’entame de cette audience et après avoir appelé toutes les affaires en délibéré, le Président du Tribunal avait appelé la nôtre est renvoyée, le délibéré y relatif au jeudi 9 juillet 2020 sans aucune explication.

justice pour tousA la date susdite, ledit Président avait encore rabattu ce délibéré au 23 juillet 2020 et dans le même temps avait sollicité nos observations écrites sur la prétendue irrecevabilité tirée du défaut de qualité et intérêt pour agir des ayant-droits de feus TOURE Chiata, TAGNABOU Aniwé Jean-Baptiste, DOSSO Mafiessa, PORGO Amadé, KOUAKOU Ahou Alphonsine et SOUMAHORO Maury.

Pour le Président, nous n’avons pas apporté la preuve de la qualité d’héritiers des ayant-droits des susnommés, c’est-à-dire versé audit débat, leur certificat d’hérédité. Et Pour motiver ce énième rabat, il avait indiqué que c’était à l’occasion du délibéré du 09 juillet dernier, qu’il se serait aperçu desdites irrégularités et pour cause : selon lui, le pourvoi en cassation formé par GOHOUROU Claude n’avait pas permis à son Tribunal de statuer sur cette affaire ».

Un  véritable jeu de la justice!

hanon charles koffiCependant, il est à faire observer qu’à l’occasion de son audience intervenue le 18 juillet 2019, les victimes avaient vigoureusement protesté lorsqu’il avait encore rabattu le délibéré de cette affaire. Si bien que le Président du Tribunal avait dû interrompre momentanément cette audience. Lorsque quelques jours après, nous nous étions rendus avec quelques collaborateurs dans son bureau pour lui présenter nos excuses pour le désagrément causé par la réaction de ces victimes outrées par ces renvois intempestifs, il avait soutenu avoir été surpris par leur attitude motif pris de ce  qu’il serait en train de s’apprêter  à vider ce délibéré quand son attention avait été appelée par l’un de ses assesseurs sur l’existence d’un pourvoi en cassation dans ce dossier. Toute chose qui, juridiquement ne pouvait pas lui permettre de rendre la décision y relative.

«Par ailleurs, juste après l’audience du 09 juillet dernier, nous nous sommes rendus au secrétariat dudit Président avec quelques victimes, à l’effet d’être mieux informés sur les véritables raisons de cet autre rabat du délibéré de notre affaire au 23 juillet 2020.

Acceptant de nous recevoir seul et à cette rencontre prenant la parole, nous lui avions fait observer que dans le cadre de cette action, nous lui avions communiqué une clé USB sur laquelle se trouvaient tous les documents des victimes au nombre desquels figurent les certificats d’hérédité des ayant-droits des victimes décédés, des certificats de puissance paternelle pour les victimes mineures et documents administratifs de leur représentant.

tribunal 191En réponse, il nous avait demandé de les imprimer afin de les joindre à nos observations écrites par lui sollicitées. Aussi, avions-nous poursuivi en lui faisant observer que nous serons dans le mois de la vacance judiciaire prévue pour fin juillet 2020 et que les victimes étaient vraiment très fatiguées du fait de la longue durée quant au règlement de cette affaire qui dure maintenant 11 ans », indique toujours Charles Koffi.

En réponse, il avait déclaré ce qui suit : « Il y a des affaires qui durent plus de 20 ans même si je ne vous souhaite pas cela. Produisez d’abord les documents et on verra. D’ailleurs-même, ce n’est pas sûr qu’on ira en vacance…». Tout en ne sachant pertinemment qu’aucune décision relative à une affaire du fond ne pourrait valablement être prise dans la période de la vacance judiciaire.

Un déni de justice

Tout porterait à croire que CISSOKO Amouroulaye Ibrahim ne voudrait pas prendre la responsabilité de trancher définitivement cette affaire. Pourquoi ? « Nous n’en savons rien. Voudrait-il être dessaisi de ce dossier ? Nous n’en savons rien non plus. Mais en tout état de cause, son attitude nous paraît sujette à caution », note-t-il.

LES VICTIMES DES DECHTS TOXIQUES COTE DIVOIEEn outre, le motif invoqué par ledit Tribunal pour ce énième rabat du délibéré en cause nous paraît inconséquent  dans la mesure où plusieurs décisions ont été rendues par son Tribunal et par lui-même sur la base de ces mêmes documents sans qu’ils aient à demander des justificatifs concernant  la qualité et intérêt pour agir des ayants-droits des six personnes décédées sur les 1666 demandeurs à cette action. Documents qui pouvaient être demandés par ledit Tribunal sas qu’il n’eût besoin de rabattre ce délibéré.

« En ce qui concerne cette affaire, il a plusieurs fois fait valoir que les sommes demandées seraient très importantes de sorte qu’il ne pouvait pas prendre de décision à la légère. Mais, nous n’avons seulement demandé que nos 727.500 F CFA destinés à chacun de nous que nos adversaires ont détournés, les sommes indûment perçues par eux dans notre indemnisation et des dommages et intérêts qui sont juridiquement justifiés donc de l’argent dont nous sommes propriétaires et non de l’argent que nous quémandons.

sit-in des victimes de la justice devant le palais présidentiel et au siège de l'UE à Abidjan-LEDEBATIVOIRIEN.NETLe Ministère Public qui constitue le prolongement de l’exécutif dans l’appareil  judiciaire a requis dans cette affaire au bien-fondé de toutes nos prétentions depuis le 29 novembre 2018. Qu’est-ce qui empêche donc le siège de vider sa saisine ? Nous n’attendons pas forcément que ce Tribunal nous donne raison mais qu’il vide sa saisine conformément au droit pour permettre à la partie insatisfaite d’interjeter appel si elle le souhaite », explique encore Charles Koffi pour le compte de toutes ces victimes de la justice dans l’affaire de détournement de l’indemnisation des victimes de la société Trafugura. Une affaire jugée avec condamnation de la bande de Gouhourou Claude, Koné Cheick Oumar et Adamla Bictogo.

Charles Koffi Renadvidetci«Lorsque l’un des Clercs assermentés de feu Maître TOURE Mamadou, Commissaire de Justice signifiait cette procédure à Maître MINTA Daouda Traoré, conseil de la CNDVT-CI qui a indûment perçu la somme de trois cent quarante-deux millions huit cent quatre-vingt-neuf mille six cent vingt-neuf (342.889.629) francs CFA dans notre indemnisation, ce dernier lui avait déclaré ce qui suit :

« Il faut dire à Charles KOFFI que ce n’est pas la peine qu’il fatigue les victimes pour rien. Ce dossier-là est déjà géré, ça n’ira nulle part. Et le nommé GOHOUROU Claude reprend les mêmes déclarations à chacune de ses rencontres avec certaines victimes. L’attitude de Monsieur CISSOKO Amouroulaye Ibrahim semble conforter cette déclaration. C’est pourquoi, avant la tenue des manifestations sus visées, nous sollicitons  une audience», termine le président du Réseau  Charles KOFFI Hanon.

Des jours mouvementés s’annoncent devant le palais présidentiel d’Abidjan, devant les locaux du ministre de la Justice ainsi que le siège de l’Union Européen, la représentation internationale, car le navire battant pavillon panaméen qui a déversé des milliers de tonnes de déchets toxiques est Européen…

H.MAKRE

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