Geoffroy-Julien KOUAO auteur de ‘‘Côte d’Ivoire : « La troisième République est mal partie’’ ; ‘‘Et si la Côte d’Ivoire refusait la démocratie’’ ; ‘‘Le Premier ministre ivoirien : Un prince nu’’ ? ‘‘2020 ou le piège électorale ?’’ et ‘‘Côte d’Ivoire : une démocratie sans démocrates ? La ploutocratie n’est pas la démocratie», entraîne dans sa marche, le lecteur dans la longue réflexion sur la démocratique en Côte d’Ivoire.
Dans la ferveur de la sortie de sa dernière œuvre dont il multiplie les dédicaces, le ledebativoirien.net a rencontré l’écrivain, politologue et enseignant de droit public, afin de plonger avec lui dans l’environnement sociopolitique sous les tropiques, au regard de son cinquième essai politique.
Un essai au titre aussi provocateur qu’interrogateur: «Cote d’Ivoire : Une démocratie sans démocrates ? La ploutocratie n’est pas la démocratie». Mieux, procéder à un décryptage de l’atmosphère démocratique en Côte d’Ivoire à moins de deux mois de la présidentielle. Entretien exclusif!
Pourquoi ce titre ‘‘Côte d’Ivoire : une démocratie sans démocrates ? La ploutocratie n’est pas la démocratie ?
Cet essai est un recueil de trente (30) textes dont dix-sept (17) portent sur des thématiques politiques, neuf (9) concernent les sujets sociaux et quatre (4) relatifs aux questions juridiques. L’éditeur et moi avons choisi deux textes du livre pour en faire le titre et le sous-titre.
On a coutume de dire que gouverner, c’est prévoir. Mais, vous, à la page 18 de votre livre, vous dites que gouverner, c’est décevoir. Pourquoi cela ?
Parce que tout simplement avant leur accession au pouvoir, MM Gbagbo Et Ouattara étaient attendus comme des messies et les populations fondaient beaucoup d’espoir en eux. Malheureusement, dans leur gouvernance, les privilèges n’ont pas disparu, seuls les privilégiés ont changé. La majorité de la population est resté dans la pauvreté. C’est pourquoi j’écris à la page 61 « Et si les statistiques économiques n’étaient pas un critère de bonne gouvernance ? »
N’êtes-vous pas un iconoclaste politico-juridique ?
Tout démocrate est, par essence, iconoclaste, car, contre la pensée unique, contre le culte de la personnalité. Je ne crois pas à l’homme providentiel. Je crois à l’intelligence des peuples.
Vous écrivez que le débat républicain repose sur un trépied que sont la classe politique, la société civile et la communauté intellectuelle que vous appelez les professionnels de la pensée. Pouvez-vous étayer votre pensée ?
Il existe dans une société démocratique, trois principaux acteurs politiques. Les acteurs partisans (partis politiques) qui ont pour objectif, la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat, les acteurs sociaux (société civile) qui ne veulent pas le pouvoir mais l’influencer à leur faveurs, et les acteurs idéologiques (les intellectuels) qui sont à la recherche d’utopies heureuses, ils construisent la société idéale, mais l’exercice du pouvoir ne les intéressent pas.
Quel jugement portez-vous sur cette affaire de parrainage qui aura lieu pour la présidentielle d’octobre. Or, vous avez proposé que parrainage n’en soit pas pour maintenant ?
Le parrainage renforce la légitimité des gouvernants. C’est un critère démocratique et républicain de sélection des candidats. Pour cela, il faut permettre aux candidats d’aller chercher les voix. La codification du parrainage en Avril 2020 pour les élections prévues en Octobre 2020 me parait politiquement surréaliste pour les petites formations politiques et les candidats indépendants.
Pourquoi militez-vous pour que l’âge minimum de l’éligibilité présidentielle soit 18 ans ?
Parce que la limitation à 35 ans ne repose sur aucun critère objectif. Si on veut être libéral, alors, celui qui est capable de voter est capable de gouverner.
Ne pensez-vous que c’est utopique parce que vous-même écrivez à la page 41 que la politique repose sur la sagesse?
L’erreur que nous commettons en Côte d’Ivoire, c’est qu’on pense qu’on gouverne avec le diplôme. Le culte des diplômes est une erreur politique. Le culte de l’argent également. Le gouvernant doit être un bon père de famille or, le bon père de famille, c’est celui qui fait preuve de sagesse. Le sage est toujours à la recherche de la justice, de l’équité, il refuse la belligérance, c’est un faiseur de paix.
Interview réalisée
par Hervé Makré
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