Au-delà des considérations politiques et juridiques, le véritable enjeu du scrutin législatif du samedi 6 mars 2021 sera le taux de participation. Contrairement à l’élection du président de la république, les ivoiriens ont toujours boudé l’élection des députés. En effet, le 10 décembre 2000, sur une population électorale de 5.517.593, seuls 1740240 électeurs se sont déplacés dans les bureaux de vote, soit 31% de taux de participation. L’abstention était de 69%.Abyssal.
A l’élection des députés du 11 décembre 2011, il y avait 2.070.793 votants pour 5.6643.77 inscrits sur la liste électorale avec un taux d’abstention de 64%.Toujours abyssal. Le 18 décembre 2016, l’élection des députés a enregistré un taux d’abstention de 66%. Il faudrait, cependant, relativiser la portée de ces chiffres en notant que ces scrutins n’ont pas été inclusifs. En effet, en 2000, le Rassemblement des Républicains avait boycotté le scrutin législatif en réaction contre l’exclusion du président du parti, déclaré inéligible par le juge électoral.
En 2011, c’est au tour du Front Populaire Ivoirien de boycotter le scrutin législatif d’abord, parce qu’il ne reconnaissait pas le pouvoir d’Abidjan et, ensuite, pour protester contre la présence de son leader au Pays-Bas. En 2016, l’élection des députés a enregistré la non participation du FPI proche de l’ancien Président de la république.
Pour le scrutin de 6 mars prochain, toutes les tendances politiques seront présentes : Le RHDP, le PDCI-RDA et le FPI dans toutes ses composantes. Cette élection sera dont un excellent instrument de mesure de la représentation, du poids politique et sociologique des formations et courants politiques. Dans une telle configuration, un taux de participation faible prendrait valeur de désaveu, de rejet de la classe politique ivoirienne par les populations. Ce serait une véritable passivité rebelle des ivoiriens face à une classe politique en panne d’idées et passionnée d’incohérences et de belligérances politiques.
Selon toute vraisemblance (les violences électorales du dernier scrutin présidentiel y sont pour beaucoup), nous sommes bien partie pour une faible affluence dans les centres de vote le samedi 6 mars 2021. Ce qui poserait un véritable problème de légitimité. Quelle légitimité politique pour une assemblée nationale élue avec un taux d’abstention élevé ?
Le moment n’est-il pas venu de fixer un seuil de taux de participation pour la validation de nos différents scrutins ? L’Assemblée nationale peut-elle valablement représenter une nation avec un taux de participation inférieur à 50% ? A l’évidence, nous devons repenser sinon notre démocratie du moins les modalités de désignation de nos gouvernants.
Par Geoffroy-Julien KOUAO
Politologue et écrivain
Co-fondateur du Think-Thank Mou-Mou-né Institut des Libertés
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