Exclusif interview-Gbagbo parti, ce que Lia Ferdinand (pdt JFPI) dit de Navigué et AFFI: «J’ai été triste…Pascal Affi N’Guessan se trouve dans une position inconfortable… Navigué ? Non ! Cela me laisse croire que les militants du FPI sont des aubergines»

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Un grand déballage. A la suite de la déclaration de Laurent Gbagbo de quitter le FPI (son principal fondateur) le mardi 09 août 2021, ce qui a entrainé l’organisation d’un comité central extraordinaire le samedi 14 août 2021 par le président Pascal Affi N’Guessan, afin d’entériner ce fait, la rédaction de ledebativoirien.net s’est entretenu avec Lia Gnan Ferdinand, premier responsable de la Jeunesse du FPI. A notre rencontre, du jeudi 19 août 2021 sur les derniers développements de l’actualité au sein du Front Populaire Ivoirien, Lia Ferdinand a  ressorti la position de la jeunesse dudit parti dans la crise qui le secoue aujourd’hui. Suivez ce qu’il dit des leaders, Gbagbo, AffI, Navigué et même de  la communauté  internationale.

 

LIA GNAN FERDINAND JFP parle de Gbagbo de AFFI et Navigue12ledebativoirien.net : Monsieur Lia Ferdinand, vous êtes initialement le secrétaire national de la Jeunesse du FPI,  tendance Affi N’Guessan. Aujourd’hui, avec le départ de Laurent Gbagbo du FPI, il vous revient d’être entièrement et définitivement le premier responsable de la jeunesse de ce parti puisqu’il n‘y a plus deux tendances. Alors, quel est l’état d’esprit et la position de la JFPI après le départ de Laurent Gbagbo ?

Lia Ferdinand : Déjà je vais vous rappeler que je n’ai jamais été secrétaire national de la JFPI d’une tendance. J’ai été et je suis secrétaire national de la jeunesse du Front Populaire Ivoirien. Que cela soit bien clair dans les archives de votre rédaction et à l’endroit aussi de ceux qui vont lire dans la postérité. Quel est l’état d’esprit? Eh bien ! Nous sommes des « soldats ». Des « soldats » au front qui sont mobilisés, qui savent ce qu’ils ont désormais à faire et donc, qui restent sur la ligne de front à combattre pour leur parti, pour leur alliance, pour leur idéologie.

En un mot ce sont donc des militants mobilisés. Bien que nous ayons subi un véritable choc parce que cette décision du président Laurent Gbagbo était inattendue. Quand nous savons que, le 20 février 2020, nous avons entamé des discussions pour aboutir sinon qui devraient aboutir à un congrès dit unitaire qui allait réunifier la branche légale que nous représentons et la branche dissidente afin que Laurent Gbagbo soit président du Front Populaire Ivoirien.

gbagbo au palais1Malheureusement, nous n’avons pas aboutit à cela. Nous avons plutôt atterrit dans le champ de la division. C’est avec beaucoup d’amertume que nous avons reçu cette information. Mais, nous en prenons acte et restons mobilisés pour le rayonnement de notre parti politique. La JFPI, étant une structure spécialisée du parti, est militante du Front Populaire Ivoirien. Donc, elle s’aligne derrière son président en la personne du premier ministre Pascal Affi N’Guessan pour la suite de notre mission et pour la suite de la démocratie en Côte d’Ivoire.

LDI : Laurent Gbagbo a fait beaucoup pour plusieurs jeunes cadres du FPI au plan socioprofessionnel quand il dirigeait encore la Côte d’Ivoire. Un fait d’ailleurs évoqué par Konaté Navigué lors de son départ de la direction du FPI du premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Est ce que vous, également, n’avez pas de remords vis-à-vis des circonstances du départ de Laurent Gbagbo d’une part et de l’emploi du terme « autocrate », par Affi N’Guessan, pour résumer l’attitude du fondateur du FPI, d’autre part ?

LF : Vous me donnez à dire certaines choses. En politique, pour ce que je sais, on peut être fondateur d’une structure mais ne pas en être le propriétaire. D’ailleurs, cela n’est pas conseillé. Cela n’est pas juste de créer une structure politique qui réunit plusieurs sensibilités dans laquelle chacun s’engage de façon volontaire et où vous n’êtes pas salariés, puis dire que cette chose appartient à quelqu’un. C’est une erreur ! Et elle est grossière. Pour les démocrates que nous voulons être, il faut s’abstenir d’employer un tel langage.

konate navigueVous avez dit que le président Laurent Gbagbo a rendu service ? Oui ! Évidemment, il a rendu service à certaines personnes qui l’ont reconnu comme le grand frère Konaté Navigué. Mais, je ne crois pas que l’engagement politique de Konaté Navigué ait été à la suite des services que Laurent Gbagbo lui aurait rendu. Sinon de nombreuses personnes seraient à notre suite puisque nous rendons des services chaque jour.

Mais, des services véritablement importants, parfois, pour sauver des vies. Nous aurons eu des militants à notre suite qui auraient fait partir de notre équipe. Cependant, ils ont leur conviction politique. Je crois que ce n’est pour ce qu’on leur a rendu des services qu’ils deviennent obligatoirement nos militants. Si Konaté Navigué le dit, c’est que son militantisme est fondé sur le service qu’on pourrait lui rendre. Et si demain, le Président Alassane Ouattara lui rend un service plus grand que ce que Gbagbo lui a fait. Alors, va-t-il devenir militant du RHDP? Non !

Nous sommes engagés parce que nous avons une conviction. Nous sommes engagés parce que nous suivons une ligne. Nous sommes engagés parce que nous disons qu’il y a une idéologie à défendre. Nous sommes engagés parce que nous avons dit qu’entre les Ivoiriens, il existe une inégalité sociale pour laquelle le Front Populaire Ivoirien doit lutter.

Et pour laquelle nous luttons véritablement. Tant qu’il aura un Ivoirien qui ne bénéficiera pas des retombées de la richesse de l’État de Côte d’Ivoire, nous pensons qu’il aura injustice donc nous menons la lutte. Voilà, le but de notre engagement politique. Pour ce faire, nous tenons debout, droit dans nos bottes parce qu’on ne peut pas nous distraire avec cela.

LDI : Après le départ de Laurent Gbagbo du FPI avec « le contenu » de « l’enveloppe » comme il l’a dit lui-même devant ses partisans le mardi 09 août 2021 au palais de la culture de Treichville, avez vous les moyens d’assurer le défi de la mobilisation sur le terrain face aux jeunes du nouveau parti de Laurent Gbagbo afin de remplir à nouveau cet « enveloppe » vide qu’il laisse à Affi N’Guessan?

affi attaque gbagbao1122J’ai, sérieusement, été triste. Voyez-vous, j’ai été triste d’entendre le président Laurent Gbagbo dire qu’il laisse « une enveloppe » vide à Affi N’Guessan et qu’il part avec « le contenu ». Mais, cela me laisse croire que les militants du Front Populaire Ivoirien sont comme des aubergines qu’on peut enlever dans un sac et mettre dans un panier. C’est cela le caractère autocrate qu’on dénonce.

Les militants du Front Populaire Ivoirien ne sont pas des aubergines qu’on va enlever dans un sac et mettre dans un panier. C’est pourquoi, le président Affi N’Guessan a dit que c’est un test de la démocratie interne. Le test de la contradiction. Laurent Gbagbo parlait comme un autocrate. Oui ! Parce que c’est un autocrate, seul, qui peut dire : «C’est à moi, on parle comme ça ?»

Alors que nous sommes dans un cadre d’un parti qui a pour socle la discussion et la contradiction interne. Il y a des termes qui ne trahissent pas la position et le président Laurent Gbagbo en a tellement utilisé, qu’aujourd’hui, il serait difficile de le départir d’un autocrate, de le départir d’un dictateur.

LDI : Quelles sont, en substance, les résolutions prises par le comité central extraordinaire du samedi 14 août 2021 au siège de votre parti après l’analyse de la déclaration de départ de Laurent Gbagbo du FPI ?

Le comité central a pris acte. Donc, il a produit une décision provisoire pour acter le départ de Laurent Gbagbo et en ce qu’il ne fait plus partir de notre parti le FPI. Cette décision sera entérinée par un congrès. Par la suite, nous allons rependre le terrain. Vous avez parlé de défi de la mobilisation? Oui ! Je vous ai dit tantôt que les militants du Front Populaire Ivoirien sont restés mobilisés. Toutes nos bases, toutes nos fédérations ont été saisies et comme ce ne sont pas des militants qui suivent des hommes mais qui suivent des valeurs. Parce que les hommes passent et les valeurs restent.

affi attaque gbagbao11Nous pensons à la postérité donc nos militants restent donc mobilisés pour reprendre le terrain, expliquer le départ de Laurent Gbagbo et se projeter dans le futur en offrant ou en présentant au peuple de Côte d’Ivoire, aux ivoiriens dans leur généralité, notre projet de société qui doit être le fondement de leur engagement à nos côtés. Nous ne revendiquons pas de fédérations. Nous avons des fédérations parce que nous ne sommes en concurrence avec personne.

Notre organisation interne est fait de sorte à ce que le maximum d’ivoiriens adhèrent à notre cause et participent avec nous à la poursuite de notre idéal. Autant de fédérations qu’il pourrait exister, nous pourrons cela insuffisant. Ce qui importe, des mailles bien soudées et des maillons soudés entre eux qui puissent couvrir le territoire national afin de pouvoir permettre aux ivoiriens d’entrer dans cet idéal que nous poursuivons. Considérez que dans chaque sous-préfecture en Côte d’Ivoire, il y a une fédération alors, je vous laisse faire le calcul.

LDI : Lia Gnan Ferdinand, nous sommes au terme de notre entretien. Quel est le message de la JFPI aux ivoiriens et à la communauté internationale à la suite de ce schisme au FPI?

À la suite de ce schisme au sein de notre parti, ce que je pourrais dire aux ivoiriens qui vont nous lire et qui vont nous écouter, c’est que l’engagement politique surtout en Afrique, parce qu’on le dit, nous avons entendu des termes comme «parricide», nous avons entendu des termes comme «traitrise», nous avons entendu tellement de choses qu’il importante de dire aux Ivoiriens que l’engagement politique ne se fait pas selon les beaux yeux d’un individu.

On parle aujourd’hui de trois grands leaders, oui, c’est vrai, mais moi je parle plutôt de trois courants. Deux courants de la droite, les libéraux avec le pouvoir RHDP, les centristes avec le PDCI RDA et les hommes de gauche que nous représentons. Les socialistes que nous sommes qui lutte, en effet, pour l’égalité des classes sociales.

LIA GNAN FERDINAND JFP parle de Gbagbo de AFFI et Navigue1Donc, j’aimerais dire aux ivoiriens que c’est sur cela qu’il faudrait fonder son engagement politique et non sur un individu. Parce que je me pose une question fondamentale, quand Laurent Gbagbo passera, quand Henri Konan Bédié passera et quand Alassane Ouattara passera, que deviendront les différents partis dans lesquels ils sont? La question aura une réponse lourde de conséquence.

C’est pourquoi, je demande à tous les jeunes de Côte d’Ivoire, dès aujourd’hui et dès maintenant, de s’engager en politique mais sur la base des courants, sur la base des idéologies qui représentent les valeurs pour pouvoir construire un monde meilleur. En Europe, en Amérique, c’est sur cela que l’engagement politique se fonde. Que l’Afrique essaie et que les jeunes ivoiriens s’y essaient.

Je crois que nous gagnerons mieux. Et nous serons très loin des conflits partisans. Vous avez vu, en Côte d’Ivoire, on juge les conflits de partisans c’est parce que les ivoiriens s’agrippent à des leaders au lieu de s’agripper aux valeurs que ces leaders promeuvent. C’est ce que je peux donner comme conseil à chacun de nous.

On peut être deux, mais je rappelle toujours que Jésus Christ avait douze apôtres et il a conquis le monde. Aujourd’hui, on pourrait dire que Pascal Affi N’Guessan se trouve dans une position inconfortable, mais si nous pensons que nous avons avec nous la vérité c’est sûr que nous irons loin. Ça sera difficile, voyez vous, la masse aime les effets comme des feux de pailles. Nous aimons bien tout ce qui est bon. Tout ce qui regroupe du monde. Nous n’aimons pas là où il y a la vérité.

LIA GNAN FERDINAND JFP parle de Gbagbo de AFFI et Navigue12Là où il y a le mensonge, nous sommes nombreux. Il faut aimer la vérité, il faut aimer la droiture. C’est vrai que c’est un chemin difficile mais c’est un chemin prometteur. Laurent Gbagbo en 1990, quand il commençait, il n’y avait pas beaucoup de personnes avec lui. On ne pariait pas cher sa peau. Nous avons entendu un préfet d’alors dire que si Laurent Gbagbo prend le pouvoir, il démissionne. Il a fini par être le directeur de cabinet de Laurent Gbagbo.

À la communauté internationale, je crois qu’elle a le temps, aujourd’hui, de juger, de voir, qui sont les démocrates en Côte d’Ivoire et qui n’en sont pas. En revanche, je ne me remets pas à elle parce que, quand elle fait sa politique, elle ne se remet pas à nous. Je crois que nous devons avoir les leviers nécessaires pour garder entre eux et nous des rapports bilatéraux dans l’intérêt des nations de chacun.

LDI : Merci monsieur Lia Ferdinand pour avoir répondu à nos questions et également, pour le temps accordé à notre rédaction.

LF : Également, je dis merci à ledebativoirien.net pour m’avoir choisi pour cet entretien.

Par H.KARA

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