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« Contrairement aux attentes de certains, les Maliens ont choisi de mettre, non pas de l’eau dans leur gingembre, mais du gingembre dans leur eau dans la bouilloire. Et depuis l’indépendance, le 22 septembre 1960, c’est, en dehors de quelques parenthèses de l’histoire, le même discours pour revendiquer le respect de la souveraineté et de la dignité du pays.
Certes, Bamako n’a pas dit « Non », comme Ahmed Sékou Touré, à la communauté franco-africaine en 1958. Mais le Mali essaie de tenir à son indépendance comme à la prunelle de ses yeux. Et, sans combats militaires, le pays pourrait devenir, à moins de deux mois de la présidentielle française, le Dièn Bièn Phù politico-diplomatique de l’Hexagone.
Le 21 janvier 1961, Modibo Kéita, premier président malien (22 septembre 1960 – 19 novembre 1968), souverainiste et panafricaniste, était tout feu tout flamme.
Dans une déclaration solennelle et sans équivoque, il refusait le parapluie militaire français. Fustigeant le jeu trouble de la politique du « diviser pour mieux régner » de la France dans l’éclatement de la Fédération du Mali, il lui ordonnait, en conséquence et sans délai, de retirer ses troupes du territoire malien. Ci-dessous, l’extrait de ce discours.
« L’importance de la communication exige que je vous la fasse moi-même. A l’heure qu’il est, l’ambassade de France en république du Mali est informée, par mes soins, de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Gao, de Kati et de Tessalit qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens, signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali (État regroupant le Sénégal et le Mali appelé alors Soudan français) et qui deviennent caducs après les événements du 19 au 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance, par la France, du gouvernement du Sénégal. Acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali.
(…) La décision de mon pays et de mon gouvernement est l’expression de notre conviction qu’à moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un État jeune ou d’accords particuliers dans le domaine de la défense, les troupes de l’ex-puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex-colonie aux côtés des troupes du jeune État ». 61 ans plus tard, bis repetita sur le même ton de la défiance et de l’insoumission. Les autorités militaires de la transition sont placées en isolement, en raison des sanctions qui frappent le Mali. Mais peu leur chaut.
Le 18 février 2022, elles ont répondu du tac au tac à leurs homologues françaises. Étant montées au créneau pour dénoncer le mépris des dirigeants hexagonaux, elles ont exigé, sans délai, l’évacuation des troupes françaises et alliées dont les missions se sont conclues, sur le terrain, par un résultat mi-figue mi-raisin. Ci-dessous, le communiqué du gouvernement malien sous la plume de son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
« Le gouvernement de la république du Mali prend acte de la décision unilatérale du 17 février 2022 des autorités de procéder au retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, en violation des accords liant la France et le Mali et impliquant d’autres partenaires. Cette décision fait suite aux annonces également unilatérales de la France, le 3 juin 2021, de la suspension des opérations conjointes avec les forces armées maliennes, et le 10 juin 2021, de la fin de l’opération Barkhane, sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne.
Ces décisions unilatérales constituent des violations flagrantes du cadre juridique liant la France et le Mali. (…) Au regard de ces manquements répétés des accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes ».
Ainsi, d’hier à aujourd’hui, les descendants de Soundjata Kéita restent droit dans leurs bottes, refusant de s’en laisser conter et de subir, sans broncher, des diktats et autres humeurs de puissances étrangères.
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Avec F. M. Bally
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