Exclusif-interview avec l’ancienne ministre Thérèse N’Dri Yoman sur le 7è congrès de la Société Nationale Ivoirienne de la Gériatrie et la Gérontologie

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« On a beaucoup parlé de la prise en charge de toutes les autres personnes … Qu’en est-il pour l’Afrique ? »

 

Professeur Thérèse Aya N’Dri Yoman, ancienne ministre de la Santé de Côte d’Ivoire, était en ligne à l’émission « Priorité Santé » de la Radio France Internationale (RFI) pour parler du 7è Congrès de la Société Nationale Ivoirienne de Gériatrie et de Gérontologie (SNIGG) qui aura lieu les 21 et 22 juillet 2022 à l’amphithéâtre de l’ENSEA à Abidjan-Cocody.    Un congrès placé sous le thème «Covid-19 et personnes âgées en Afrique Sub-saharienne». Ledebativoirien.net vous retranscrit l’interview sur la thématique de ce congrès. Suivez !

RFI: Bonjour madame la ministre.

pr yoman christine 1Pr Thérèse Aya N’Dri Yoman : Bonjour Igor.

 

Merci d’être avec nous en direct sur « Priorité Santé ». Très brièvement qu’est-ce que vous attendez d’un tel congrès Madame la ministre ?

Oui. Merci beaucoup. Nous avons au niveau de la Société Nationale Ivoirienne de Gériatrie et de Gérontologie, choisi le thème de la «Covid-19 et personnes âgées en Afrique Sub-saharienne»  pour coller non seulement à l’actualité, mais aussi pour voir un peu comment cette affection a eu un impact sur la prise en charge médicale, sociale et culturelle des personnes âgées.

On a beaucoup parlé de la prise en charge de toutes les autres personnes mais on voudrait voir la part particulière qui a été réservée aux personnes âgées. En Europe, ce sont les personnes âgées qui ont été les plus touchées. Qu’en est-il pour l’Afrique ?

pr yoman christine 62

Justement vous nous avez révélé certaines statistiques dans le document que vous nous avez fait parvenir en préparant cette mission. Donc, d’après les experts de l’OMS 20% des malades du Covid-19 ont plus de 80 ans. Les 3/4 de ces personnes concernaient les personnes âgées de plus de 80 ans. Vous, ce qui vous intéresserait, c’est de connaître un peu les statistiques en Afrique et savoir comment s’est déroulée la prise en charge, le suivi psychologique et l’accompagnement de ces patients. C’est cela ?

Oui. C’est cela effectivement. Parce que nous avons consulté toutes les données mais, même dans les régions OMS Afrique, on n’a pas bien perçu la part de la prise en charge qui avait été consacré exclusivement aux personnes âgées en dehors de la promotion de la vaccination. Mais, dans la prise en charge médicale, qu’en est-il réellement des personnes âgées en Afrique ?

 

Vous souhaitez également réfléchir sur des meilleures pratiques de lutte contre la Covid-19 en faveur des personnes âgées. Est-ce à dire que cela a été mal fait selon vous ?

pr yoman christine 4Non, non ! Justement, là, il faudrait saluer tous les efforts qui ont été faits par tous les gouvernements africains pour la mise en place des différentes stratégies pour lutter contre la Covid-19. Mais, nous n’avons pas de statistiques précises. Et comme nous développons actuellement cette spécialité médicale qui est la Gériatrie et la Gérontologie, puisque les personnes âgées sont des personnes qui nous sont chères, et tout le monde prie pour atteindre le 3è âge, il faudrait être proactif. Voir ce qui a été fait et ce qu’on pourrait améliorer pour être plus efficace. Lorsque de telles affections surviendront encore dans nos pays.

 

Vous souhaitez également comprendre, savoir comment les familles proches des personnes décédées ont fait leur deuil. Est-ce que cela est une question importante pour vous ?

pr yoman christine 4yOui. C’est une question importante pour nous parce que, comme partout ailleurs, en Afrique particulièrement, nous attachons du prix à nos personnes âgées. Donc, les derniers moments, nous souhaitons les accompagner vraiment avec les règles de l’art et selon nos traditions.

Mais, devant ces pandémies récurrentes comme Ébola, comme la Covid-19, on se rend compte que pour la fin de vie, pour le dernier moment, on ne peut pas accompagner les proches comme on l’aurait souhaité. Et cela reste une préoccupation. Et même, je dirais un drame permanent.

Donc, on voudrait savoir, est-ce qu’à côté des barrières et des mesures qui sont indiquées par la médecine moderne, est-ce qu’on ne peut pas concilier un peu nos traditions avec ce type de comportement pour soulager et les personnes âgées et les familles qui restent après le départ de ces personnes âgées.

RFI : Merci Professeur Thérèse Aya N’Dri Yoman, je rappelle que vous êtes ancienne ministre de la Santé de Côte d’Ivoire.

Ledebativoirien.net

H.KARA

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