Côte d’Ivoire-la Directrice Zéhi Pauline: «La campagne Conscience alimenTERRE vise la réduction de pesticides chimiques dans notre système de production agricole »
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Madame Zéhi Pauline, ingénieure agronome, option défense et culture, Directrice d’INADES FORMATION Côte d’Ivoire nous explique les enjeux de la campagne alimenTERRE lancée par cet institut. Entretien avec LeDebatIvoirien.net.
LDI: Un mot sur INADES FORMATION…
INADES FORMATION Côte d’Ivoire est une organisation de la société civile, membre du réseau INADES FORMATION, un réseau panafricain présent dans dix pays en Afrique de l’ouest, en Afrique centrale et en Afrique de l’Est, qui a pour mission de travailler à l’auto-promotion sociale des communautés défavorisées.
Depuis 2016, INADES FORMATION s’est lancé dans une entreprise de restructuration, pour se repositionner comme un mouvement de la société civile capable d’influer sur les politiques de développement de nos pays africains. Depuis cette restructuration, INADES FORMATION a décidé de s’investir davantage sur les questions politiques, à travers le plaidoyer. Et dans ce cadre, des réflexions ont amené l’institution à identifier une thématique qui reste assez problématique par rapport à l’accomplissement du droit à l’alimentation pour les populations. Et cette problématique, c’est celle des pesticides dans notre agriculture, notre alimentation.
Pourquoi une Campagne Conscience AlimenTERRE et quelle est le slogan ?
Le réseau INADES a identifié la problématique des pesticides chimiques dans notre agriculture et notre alimentation comme un axe important de plaidoyer. Pour encadrer toutes ces actions à mener qui rentrent dans le cadre du plaidoyer sur cette problématique. Nous avons identifié cette campagne dénommée Campagne Conscience AlimenTERRE ; c’est une campagne qui vise à la fois à sensibiliser les citoyens sur la nécessité de pouvoir adopter des modes de production, de consommation, bref, adopter des systèmes alimentaires qui promeuvent la santé, le droit à l’alimentation et également conscientiser, emmener les pouvoirs publics, les décideurs à pouvoir adopter des réglementations qui permettent la réduction des pesticides chimiques dans nos systèmes de production et qui permettent aussi des réglementations permettant l’accomplissement du droit à l’alimentation.
Quelle est la cible de cette campagne ?
Cette campagne qui a pour slogan « l’alimentation est un droit et manger un vote », a pour cible l’ensemble de la population. Parce que tous, nous sommes contraints de pouvoir nous alimenter pour pouvoir vaquer à nos occupations. Donc, c’est une campagne qui touche l’ensemble de la population. Mais, de manière beaucoup plus opérationnelle, nous avons mis l’accent sur les producteurs, les utilisateurs de ces produits chimiques, également sur les pouvoirs publics, l’administration agricole qui est l’autorité qui régule, met en œuvre toutes les dispositions légales qui ont été prises pour encadrer l’utilisation des pesticides chimiques.
Nous agissons aussi sur tous ces acteurs-là…Nous espérons pouvoir faire réviser ces réglementations, pour qu’elles permettent la réduction et une meilleure réglementation autour de ces produits chimiques. Nous avons aussi les consommateurs, parce que tous nous sommes consommateurs. Nous sommes tous concernés par la question des pesticides chimiques. Et nous travaillons aussi sur les consommateurs pour les conscientiser sur les dangers liés aux pesticides chimiques dans notre système de production agricole et pour qu’ils puissent constituer une masse critique de citoyens susceptibles d’influer sur l’utilisation des pesticides chimiques dans notre environnement, nos politiques, nos pratiques, de sorte à pouvoir aussi amener à la fois les producteurs et les décideurs à adopter de bonnes pratiques pour garantir la santé de tous.( …)
La campagne a été lancée de manière effective en mars 2021, en collaboration avec INADES FORMATION SECRETARIAT GENERAL, et depuis lors, nous avons mené deux grandes actions. Il y a eu d’abord des études qui ont été faites. Des études exploratoires sur l’utilisation des pesticides chimiques en Côte d’Ivoire. Et à l’issue de cette étude, nous avons engagé plusieurs actions de formation, de sensibilisation des acteurs. Donc, il y a eu des ateliers de restitution de cette étude qui ont été organisés dans différentes régions de la Côte d’Ivoire, notamment à Bouaké, Korhogo, Boundiali…
Il y a eu aussi des émissions radio qui ont été organisées, des interviews télévisées qui ont été faites pour sensibiliser l’ensemble de la population sur la campagne Conscience alimenTERRE et sur les dangers liés aux pesticides concernant le droit à l’alimentation. Et il y a eu de manière spécifique des communiqués radio qui ont été faits dans les radios de proximité à l’intérieur pour que les populations, en région, dans les zones rurales, soient informées. Donc, les actions qui ont été menées ont porté sur ces deux grands axes. Les études, la sensibilisation, l’information de tous les acteurs.
Pourquoi cette écriture alimenTERRE ?
Je rappelle que cette campagne vise à sensibiliser, montrer l’impact négatif des pesticides chimiques sur l’accomplissement du droit à l’alimentation. Et cela est à mettre en lien avec le droit à la santé. Donc Conscience alimenTERRE pour montrer le lien qu’il y a entre la qualité du sol sur lequel ces aliments sont produits et la qualité finale des aliments que nous consommons. Donc c’est vraiment un mot qui a été formé à dessein, pour que, de manière immédiate, le consommateur ou l’acteur voit directement le lien entre notre santé, les aliments que nous consommons et la qualité, la santé du sol sur lequel ces aliments ont été produits.
Bien sur, quand on dit qualité du sol, on voit directement le producteur, mais il faut aussi tenir compte de tous les autres acteurs de la chaîne de valeur, qui ont aussi des pratiques qui peuvent nuire au droit à l’alimentation. Parce que le producteur peut faire l’effort de produire sa nourriture sur un sol sain, mais si tous les autres intervenants dans la chaîne de valeur utilisent par exemple des pesticides dans la conservation, dans la transformation, il va sans dire qu’au bout de la chaîne, le danger est toujours présent dans l’assiette du consommateur, ce qui va influer négativement sur sa santé…
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