L’opinion reste perplexe et observe. A-t-il raison ? A-t-il tort ? Il insiste. Il persiste et signe 13 questions. Le journaliste d’investigation Saïd Penda n’entend pas reculer devant sa grosse découverte jusqu’à lui prouver le contraire sur les données dont il dispose. Qui pour rabattre le cancan ? Et ben, le ministre des Transports en Côte d’ivoire qui n’est autre que le maire Amadou Koné. Mais, il tarde un peu.
Ledebativoirien.net qui a pu s’approprier les questions toutes aussi pertinentes que déroutantes, les met à la disposition de l’opinion pour que chacun se fasse sa petite idée. Ici les 13 questions du journaliste d’investigation et analyste politique, ex-journaliste à BBC et agence Associated Press (USA) Saïd Penda, sur ‘‘l’Affaire dite de surfacturation de l’ILS’’ posées au ministre Amadou Koné. Suivez !
Questionnaire au ministre des Transports, m. Amadou Koné, sur l’acquisition de l’ILs pour l’aéroport de Korhogo
1-Pouvez-vous nous présenter les références, en terme de construction des aéroports et d’installation des ILS qui ont motivées que le ministère ivoirien des transports accorde le marché d’installation de l’ILS de l’aéroport de Korhogo de même que la construction de l’aéroport de cette même ville, celui de San Pedro ainsi que ceux de Séguéla et Kong à entreprise EBOMAF?
2- Dans la lettre par laquelle vous sollicitez de passer le marché de l’installation de l’ILS de gré à gré, vous écrivez ceci : « Au cours de ‘exécution des travaux, j’ai instruit le BNETD et la SODEXAM de procéder à une actualisation contradictoire des quantités avec l’entreprise en prenant en compte la modification des aérogares, les terrassements nécessaires pour les aires de mouvement des aéroports de Kong et Séguéla,
les terrassements pour l’installation des ILS/DME de Korhogo et le transfert des installations des ILS/DME de San Pedro à Bouaké. L’ensemble de ces travaux est évalué à trente milliards vingt-deux millions huit cent soixante-huit mille six cent soixante- dix-neuf (30 022 868 679) Francs CFATTC ».
Cependant, sur la base d’éléments en notre possession, ni le BNTED, ni la SODEXAM n’ont été associés à la négociation des prix, comme vous l’affirmez. Si vous soutenez toujours le contraire, pouvez-vous nous fournir, s’il vous plaît, une copie des procès-verbaux des réunions entre ces structures et EBOMAF ?
3- De façon général, comme l’exige l’article 61.3 du code des marchés publics : « Dans le cadre du marché de gré à gré ou d’entente directe, les entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de services sont soumis à un contrôle aux fins de vérification de la réalité des prix. Les entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de services ont l’obligation de permettre et de faciliter la vérification éventuelle de l’exactitude de ces renseignements par les structures compétentes mentionnées… ».
Comme l’indique les éléments en notre possession, et sous réserve que vous puissiez nous apporter les preuves contraires, ne pensez-vous pas qu’on peut conclure que vous avez menti au ministre du budget pour obtenir l’autorisation de passer ce marché des ILS, de gré à gré, puisque ce « contrôle aux fins de vérification de la réalité des prix » n’a jamais eu lieu ?
4- Dans le contrat du marché de l’installation de l’ILS de Korhogo, il est facturé des travaux de remblais « en terrain meuble » à 2.775.000.000 FCFA et d’autres dits remblais provenant d’emprunts pour prolongements de la piste à 9.375.000.000 FCFA. Comment justifiez-vous un tel coût pour l’installation d’un équipement qui pèse moins d’une tonne et qui tient sur moins de 50 m² ? Ne pensez-vous pas qu’il s’agit là, comme me l’ont indiqué plusieurs experts qui ont travaillé sur ce dossier, de travaux fictifs pour camoufler des détournements de deniers publics ?
5- Je me suis discrètement rendu à Korhogo il y a quelques semaines, pour me faire présenter ces différents travaux, notamment ceux des remblais pour l’installation de l’ILS. Si on a pu me montrer les différents terrassements pour les travaux du marché de la rénovation de l’aéroport, il n’a pas été possible, pour les responsables des travaux rencontrés sur place,
de nous montrer spécifiquement des travaux de terrassement dans le cadre de l’installation de l’ILS qui aient pu coûter 12 milliards FCFA. Pensez-vous avoir été abusé par le prestataire ou êtes-vous le coauteur de ce qui apparaît clairement comme de la surfacturation par des pratiques de travaux fictifs dans le but de gonfler la facture ?
6- Dans le devis de l’entreprise EBOMAF, il est facturé 1.850.000.000 FCFA au titre de « Installations générales de chantier et des services généraux de l’entreprise y compris amené et repli du matériel ». Or, il se trouve que ce marché de l’installation des ILS est un marché supplémentaire pour la même entreprise qui était supposée être déjà installée sur l’aéroport de Korhogo.
Comment expliquez-vous n’avoir pas remarqué de telles aberrations et que répondez-vous à ceux qui pensent qu’un tel laxisme dénote d’une volonté commune entre vous et EBOMAF, d’opérer des détournements de deniers publics par des pratiques de travaux fictifs ?
7- Le prolongement de la piste n’était-il pas déjà dans le marché des travaux sur l’aéroport qui comprenait également la construction d’une aérogare et le reprofilage de la piste ?
8- Prévu pour durer 12 mois, ces travaux d’installation de l’ILS et, globalement les travaux sur l’aéroport de Korhogo ont finalement duré 4 ans. L’entreprise a-t-elle payé les pénalités de retards prévues dans le contrat ? 9- Il ressort des documents en notre possession que depuis 20 ans, l’OACI et la FAA (Federal Aviation Administration), l’agence des États-Unis responsable de la réglementation et de la supervision de l’aviation civile dans le pays ont recommandé l’utilisation des systèmes de navigation satellitaire jugés plus fiables que l’ILS. Etiez-vous au courant de cela ?
10- Savez-vous que l’ASECNA, reprenant à son compte les recommandations de l’OACI, a estimé qu’il n’était plus nécessaire d’installer des ILS et recommandé, là où il existe déjà, de le coupler au système de navigation par satellite ?
11- Avez-vous associé les structures spécialisées (BNETD, SODEXAM, ASECNA, ANAC, etc ?) dans le choix de cette technologie obsolète ? Si oui, merci de nous en fournir la preuve.
12- Que répondez-vous à ceux qui nous ont donné comme preuve de ce que vous avez travaillez sans associer les experts du domaine, le fait qu’un ILS a été acquis pour l’aéroport de San Pedro avant qu’on ne se rende compte, au moment de son installation, que le terrain de cet aéroport ne s’y prêtait pas, pour ensuite l’installer à Bouaké, avec naturellement des coûts supplémentaires ?
13- Comment expliquez-vous que ni vous-même (ministère des transports), ni le prestataire, n’aient fait des études préalables qui auraient permis de se rendre compte qu’on ne pouvait pas installer un ILS à San Pedro ? » Questions posées par le journaliste Saïd Penda.
En attendant les réponses.
Les Ivoiriens s’interrogent aussi. C’est que, cela fait déjà quelques semaines que le journaliste promoteur de site ‘‘lenqueteurdetermine.net’’ insiste en proclamant ceci : « Le marché surfacturé de l’achat d’un équipement de navigation aérienne, pour l’aéroport de Korhogo, a été accordé de gré à gré….23 milliards FCFA sans aucun appel d’offres.
Nous faisons donc de nouvelles révélations ce jour sur ce grand scandale, alors que nous attendons toujours la réponse aux questions par nous envoyées au ministre des transports, depuis mardi ». Ou encore : « On a donc surfacturé à 23 milliards FCFA un instrument de navigation qui relève d’une technologie obsolète. Le ministère des transports et l’entreprise EBOMAF, du Burkinabé Mahamadou Bonkoungou, ont fait forts.
Respectons le président ADO; respectons le peuple ivoirien et, surtout, ayons la crainte d’Allah. Si nous ne rendons pas compte ici-bas, nous rendrons compte devant notre Créateur ». Et encore : « En raison de nouvelles évidences en notre possession, qui mettent en cause le ministre des transports, nous devons transmettre des questions additionnelles au concerné. Nonobstant le fait que nous n’avons toujours reçu aucunes réponses à nos précédentes questions, contrairement aux assurances qui nous avaient été données à ce sujet par le ministre Amadou KONÉ lui-même, nous avons l’obligation déontologique de lui permettre de réagir à nos nouvelles interpellations.
Nous attendrons également que l’entreprise EBOMAF, complice de la surfacturation, réponde à nos questions spécifiques ». Puis : « En conséquence, la publication de notre article sur ce scandale financier est différée de quelques jours. Rendez-vous au plus tard le 05/07/24, insha’a Allah. Ce sera sur www. lenqueteurdetermine.net », écrit Saïd Penda.
En attendant les réponses du Ministre, les Ivoiriens s’interrogent. Comment sortir de l’étau de 13 questions ?
Ledebativoirien.net
Avec lenqueteurdetermine.net
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