« Nous n’allons pas accepter d’être expropriés sur notre terre, ‘‘Yopougon Kouté 2 »
« Nous n’avons pu être reçus par le ministre de la Construction, Bruno Koné. Plusieurs courriers sont restés sans suite. Nous ne comprenons pas pourquoi ? Est-ce que c’est fait sciemment ?
Ou bien le ministre de la construction ne reconnait plus l’arrêté signé par son prédécesseur ? Nous voulons comprendre », voilà la colère des populations de Yopougon Kouté ces dernières heures.
Cette populations a commencé à pousser des cris depuis l’annonce de l’entrée prochaine en vigueur de l’ADU. Et pour cause. Difficile pour eux de faire le point de la situation de la propriété foncière de Gbedjanto, premier site à accueillir les aïeuls des vivants de l’actuel village de Kouté. Les cris de la chefferie sont devenus plus strident ce dernier weekend de septembre 2024.
Retour sur une grosse colère
Gbedjanto, commune de Yopougon, zone industrielle secteur MICAO. Un site qui ressuscite l’histoire de Kouté village. Il se raconte dans les vestiges de l’histoire qu’au temps de la migration des peuplements d’Abidjan, les aïeuls de l’actuel village Yopougon Kouté, peuple Atchan (Ebrié) se sont installés les premiers sur des terres qu’ils ont baptisées Gbédjanto. Nom du premier installé sur le lieu qui serait un génie qui accepte de leur céder l’espace.
Les faits historiques veulent aussi que cette population désormais établie au 19è sur l’espace soit confrontée au fil des ans à un problème d’alimentation en eau potable au village Gbedjanto.
Ces habitants dont les descendants sont dans l’actuel village Yopougon Kouté essaient de rechercher de l’eau vers la forêt du banco qui en est dotée à profusion.
Mais, chacune des tentatives est soldée par l’hostilité des occupants des lieux, notamment venant du côté d’Adjamé-Attécoubé. Un des aïeuls, grand chasseur s’aventurant loin dans la forêt y découvre une source d’eau, côté du site qui abrite l’actuel village Kouté Yopougon.
Une source d’eau vers la lagune. Il apporte la bonne nouvelle à ses frères. Après réflexions, ils décident de se déplacer vers le nouveau site. Leurs plantations restent tout naturellement sur leurs terres de Gbedjanto. Ils y retournent chaque jour.
Un peu plus tard selon leurs témoignages, certaines populations, notamment du peuple Akiyé accueillies comme frères viendront demander l’hospitalité et s’installent sur les terres des aïeuls de l’actuel Kouté. D’autres arrivants sont installés vers la zone d’Andokoi et autres.
La ville d’Abidjan grandissant avec l’urbanisation, leurs terres de Gbedjanto sont envahies. Leur propriété commence à leur échappé. Les habitants de Kouté pointent du doigt une complicité de l’administration avec l’accaparement de leur propriété.
Cette communauté à bout de souffle de voir disparaitre ce qui leur reste comme propriété décident de lever la voix afin d’obtenir du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme les documents devant permettre de sécuriser le restant des terres de Gbédjanto. Face aux réformes annoncées par le ministre Bruno Koné, difficile reste la marche qui a commencé il y a plusieurs années, pour se voir attribuer la propriété de le terre.
La bataille pour Gbedjanto ou Kouté 2
Une demande de lotissement est formulée par le chef du village Yopougon Kouté en date du 2 avril 2001. Une Lettre d’Avis favorable N°1093/MY/CAB/SG du 21 août 2001 est délivrée par le Maire de Yopougon. Le projet de Lotissement N°01 050 du 23 novembre 2001 de Gbedjanto est dressé par la Sous-Direction de l’Aménagement du Foncier et ce, sur proposition du Directeur de l’Urbanisme.
Ce qui donnera lieu à une enquête publique en vue de l’approbation du lotissement de Gbedjanto par Arrêté ministériel du 18 Juillet 2002. Les enquêtes dites de comodo et incomodo sont lancées, pour traiter d’éventuelles oppositions. Une ouverture d’enquête dans les frais sont payés par la population de Kouté.
Le 2 février 2009, la chefferie du village Kouté obtient son Arrêté d’Approbation de Lotissement de « GBEDJANTO » sur proposition du directeur de l’urbanisme. L’Arrêté N°09-0001/MCUH/DGUF/DU/SDA portant approbation du plan de lotissement de « GBEDJANTO » commune de Yopougon, District d’Abidjan est signé.
Article 1 : Le Plan de lotissement A-644 du 22 décembre 2008 de « GBEDJANTO », commune de Yopougon est approuvé ; il est déclaré d’utilité publique et vaut alignement.
Article 2 : le plan de lotissement de « GBEDJANTO » comporte cent treize (113) îlots numérotés de 01 à 113. Les îlots suivants sont affectés à des équipements : 10, 27, 43, 44, 53, 89 et 94.
Tous les autres îlots sont affectés à l’habitation et comprennent mille cent vingt-neuf lots numérotés de 01 à 1129…», signé du ministère de la Construction et de l’Urbanisme et de l’Habitat. Mais hélas en 2024, difficile de respecté l’Arrêté ministériel ! Et pourquoi ?
Chaude journée du samedi 28 septembre 2024 à Gbedjanto (MICAO)
Les populations du village de Yopougon Kouté, conduites par le Porte-canne de la chefferie, Agbassi Timothée et Président de la Commission Foncière Tekoua Djaba Elie Nevil, débarquent sur le site de GBEDJANTO d’un lotissement de 158 hectares réalisé par le village de Yopougon-Kouté. Ils y sont pour informer tout occupant illicite qu’ils sont les propriétaires du lieu.
« Nous sommes sur notre site GBADJANTO pour, non seulement, prendre possession de ce qui est à nous mais surtout dire à tous ceux qui sont le site sans notre consentement qu’ils ont à se mettre en ordre avec le village de Yopougon-Kouté. Nous sommes les uniques et véritables propriétaires de ce site », déclare Tekoua Djaba Elie Nevil Président de la Commission Foncière.
« Nous avons pris la décision de nous faire entendre pour faire valoir nos droits sur notre propriété de GBEDJANTO d’une superficie de 158 hectares. Nous avons rencontré nos frères Akyé pour trouver une solution amiable à cette situation. Cette rencontre n’a pas abouti à une suite favorable. Nous avons essayé de rencontrer le Ministre de la construction par des courriers qui sont restés sans suite.
Vu le délai qui a été donné pour la mise à jour par rapport à l’ADU (Attestation de Droit Urbain coutumier), nous lançons encore un autre appel, parce que loin de nous l’idée de créer un conflit avec qui que ce soit, pour régler cette affaire à l’amiable. Est-ce qu’on peut autoriser un filleul d’abuser de l’hospitalité de ses tuteurs de cette façon ? Nous disons non. Il est encore temps qu’on nous écoute afin qu’une suite soit donnée à cette affaire.
Nos frères Akyé qui sont venus d’Adzopé ont été accueillis ici avant les indépendances. Nous avons cohabité harmonieusement. Malheureusement, le développement gagnant le district d’Abidjan, certains ont profité de cette situation par cupidité pour poser des actes qui sont vraiment regrettables.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est pourquoi nous lançons encore un appel aux acquéreurs qui ont certainement été induits en erreur qu’il est temps de venir rencontrer leurs frères de Yopougon-Kouté et qu’on se parle », termine-t-il.
Déjà 2 jours avant la descente sur le site Gbedjanto, Kouté criait sa colère
Apiti Apiti clément chef village de Yopougon Kouté sans détours
«Nous voulons faire savoir notre difficulté à rentrer en possession de nos propriétés du côté de MICAO zone industrielle de Yopougon sur un lotissement que nous avons fait et dénommé GBEDJANTO. Ce lotissement a été fait pour le village de Yopougon Kouté. Et depuis lors, nous avons des difficultés à exploiter ce domaine malgré les documents authentiques qui fait de nous propriétaires du site en l’espèce.
Nous avons à travers des courriers appelé les autorités à régler ce problème, mais nous sommes tenus de faire cette sortie vu l’urgence des nouvelles dispositions du foncier qui s’impose à toute la Côte d’Ivoire à travers l’ADU- l’Attestation de Droit d’Usage Coutumier délivrée sur les lotissements approuvés.
Récemment, nous avons saisi à nouveau la Justice pour une Ordonnance aux fins de compulsoire pour nous permettre d’accéder aux guides du village et autres documentations susceptibles de nous amener à comprendre pourquoi nos demandes d’ACD n’aboutissent pas pour un site dont le lotissement porte le nom du village de Yopougon-Kouté. L’acte de compulsoire est signifié au Guichet de la Construction.
Ce document est reçu au ministère qui nous renvoie après la date du 30 septembre 2024. Voilà pourquoi nous avons décidé de nous exprimer parce que si nous n’y prenons garde, le temps que nous ayons accès à ces documents avec ce délai, risque de compromettre nos acquis », indique stupéfait, le chef du village Kouté, Apiti Apiti.
Message au ministre de la Construction Bruno Koné
« Le ministre de la Construction Bruno Koné est la première cible de notre message. Parce que toutes les dispositions qu’il a arrêtées au niveau de la Côte d’Ivoire nous font courir.
En ce sens qu’il y a une date butoir pour déclarer tout ce que nous avons comme documents pour nous faire identifier nos propriétés. Mais nous rencontrons des difficultés, parce que ces document nous ne les avons pas tous.
C’est pourquoi, depuis l’année dernière nous avons commencé à écrire à son cabinet pour nous recevoir.
Mais ils ne nous ont pas encore reçu ne serait-ce que pour poser nos préoccupations et recueillir d’éventuelles solutions concernant nos propriétés qui sont en péril. Le temps joue cotre nous. Le site en concerné par cette cause est Gbédjanto.
Nous disons que notre préoccupation de rencontrer le ministre va faciliter les choses et permettre de trouver une solution au problème que nous posons et prendre conscience de la situation que nous vivions. Si cela n’est pas fait je ne peux pas présager de ce qui va advenir sur le site dont nos sollicitations des documents. Nous voulons que des solutions puissent être trouvées pour nous éviter des voies que nous ne souhaitons pas. Ce n’est pas notre souhait. Nous avons le droit de réagir si nous n’avions pas de solutions à nos préoccupations », déclare clairement le chef Apiti Apiti Clément.
Du faux découvert à Gbedjanto
Ainsi, les ressortissants de Yopougon Kouté dont les ancêtres viennent du site « GBEDJANTO », découvrent avec stupéfaction que des personnes inconnues d’eux ont transmis des dossiers au Guichet Unique de la Construction en vue de l’obtention de l’ACD (Arrêté de concession définitive),;
sans justifier la possession d’Attestation de la propriété villageoise portant sur plusieurs parcelles. L’attention du ministère a été attirée sur des dossiers, entre autres : îlot 34 lot 412 ; îlot 58 lot 638 ; îlot 61 lot 673 ; îlot 77 lot 788 ; îlot 77 lot 791 ; îlot 77 lot 792 ; îlot 77 lot 793 ; îlot 15 lot 143 et 145 ; îlot 38 lot 429 ; îlot 38 lot 463 ; îlot 38 lot 461 etc.
Eu égard à cette situation, la communauté de Kouté conduite par la chefferie a un introduit une ordonnance aux fins de compulsoire auprès du Ministre la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, BRUNO KONE NABAGNE. Acte, pour l’heure resté lettre morte.
«C’est le propriétaire d’un terrain qui_ demande un plan de lotissement. Le ministre doit s’en tenir à l’Arrêté de Lotissement. Il ne peut donner d’ACD à quelqu’un tant que le chef du village de Kouté ne lui donne pas d’attestation villageoise. Par extraordinaire des gens ont des ACD sans aucune source. Aujourd’hui nous disputons notre propriété, nous discutions de ce que notre âme se trouve là-bas.
C’est nous qui les avons installés là-bas et disons que celui qui veut obtenir un ACD doit obtenir l’attestation du notre chef du village. Tant qu’ils diront qu’ils ont un document administratif sans l’attestation de notre chef, c’est qu’il y a quelque chose qui n’est pas claire, c’est qu’il y a une irrégularité quelque part. C’est qu’il y a eu une complicité pour l’obtenir. Nous appelons le ministère pour ne pas qu’il rame à contre-courant.
Gbedjanto, est notre terre, si on ne nous donne pas l’ADU dans le temps nous allons nous y installer. Si on nous donne l’ADU dans le temps nous allons nous y installer parc parce que naturellement c’est chez nous, car nous n’avions pas le choix. L’autorité a été trompée, elle n’a pas pu démêler le faux et n’a pas fait droit à qui de droit, c’est-à-dire la communauté de Gbedjanto, la communauté de Kouté village.
Nous voulons que le ministère respect l’arrêté que lui-même a signé. A tous ceux qui s’agitent, qu’ils sachent que le seul document qui est valable pour initier la demande l’ACD est l’attestation du chef du village de Kouté, représentant de Gbedjanto. Tous ceux qui y sont installés le sont de manière précaire…», soutient Ayo Agbassi Simon, le 1ER adjoint au Chef du village de Kouté.
Une autre précision faite par…
« Il faut que le ministère de la Construction le sache, c’est le peuple Gbedjanto du village Kouté qui a payé les frais de l’ouverture des enquêtes. Nous ne pouvons pas dépenser des sous pour la facturation et obtenir une expropriation, et qu’on puisse nous exproprier. Nous nous adressons d’abord au ministre de la Construction, monsieur Bruno Koné Nabagné.
A plusieurs reprises, le chef et son équipe se sont rendus au sein de son ministère. Nous n’avons pu être reçus. Plusieurs courriers sont restés sans suite. Nous ne comprenons pas pourquoi ? Est-ce que c’est fait sciemment ? Ou bien le ministre de la construction ne reconnait plus l’arrêté signé par son prédécesseur ? Nous voulons comprendre : par qui le lotissement a été fait ? Pour qui le lotissement a été attribué ? Voici des questions posées à monsieur le ministre. Et nous attendons qu’il nous réponde, sinon il y a quelque chose qui n’est pas clair.
Nous interpellons le Premier ministre Robert Beugré Mambé. C’est un Atchan, il connait les difficultés du peuple Atchan. Nous avons presque tout cédé pour le développement de la Côte d’Ivoire….», laisse exploser le président de la Commission Foncière Tékoua Djaba Elie Nevil à la chefferie de Kouté.
Le chef Akyé du village d’Andokoi, Yenon Yenon réagit
Le chef Akyé dont la communauté est indexée ne s’est pas empêcher de réagir, lorsqu’il est interrogé. « Les Ebriés ne sont pas les propriétaires de ce site qui appartient aux Akyé de Yopougon-Attié, Banco 2 et Yopougon-Andokoi. Les Ebrié ont installé qui là-bas ? Personne. Ils ne sont pas les seuls propriétaires d’Abidjan. Quand ils sont arrivés, ils se sont installés au bord de la lagune, c’est tout », lâche le chef du village d’Andokoi.
Mais lorsque nous lui demandons : ‘‘Pourquoi le lotissement a été fait au nom du village de Yopougon-Kouté ? ‘’Le chef Akyé du village d’Andokoi, Yenon Yenon, soutient qu’il n’en sait rien à ce sujet parce que, dira-t-il, « n’étant pas Chef à cette période et tous ceux qui en étaient les témoins ne sont plus de ce monde ».
Ce à quoi réagi vigoureusement le président de la Commission Foncière Tékoua Djaba Elie Nevil de Kouté : « Nous n’allons pas accepter d’être expropriés sur notre terre, parce que nous désormais nous l’appelons ‘‘Yopougon Kouté 2’’. Et c’est là que nous allons aller nous installer. Et cela doit être clair dans l’entendement de tous ». Une crise se profile à l’horizon, au regard de la détermination des populations de Yopougon-Kouté décidées à faire de ce site Yopougon KOUTE 2.
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HERVE MAKRE
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