« Nous avons été informés de la nomination d’un liquidateur dans notre dossier…»
Le dossier des oubliés des fondateurs Actionnaires de la multinationale en terre ivoirienne et des autorités publiques. Mais aussi de l’Ambassade du pays d’origine de la société, les Etats Unis d’Amérique qui ont suivi de près et de bout en bout le dossier au profit de ses compatriotes et citoyens. Mais et du côté de la République de Côte d’Ivoire qu’elles actions pour soulager les souffrances?
Une page Noire. Les désormais sans emploi pour leur soulagement se constitueront en Collectif baptisé : le Collectif des Travailleurs de l’ex Société CORA SA paru au Journal Officiel, le 7 septembre 2018. Soit 15 ans de désert continus, pour trouver un petit souffle. Ce Collectif entend contribuer au bien-être de ses membres abattus par la situation, les représenter et défendre leurs intérêts devant toutes les instances administratives et judiciaires.
Mais aussi promouvoir la solidarité et l’entraide entre eux. Le Collectif veut aussi apporter une assistance financière et matérielle à ses membres malgré l’absence du petit sous. C’est dans ce contexte qu’il multiplie les courriers et audiences d’interpellations des autorités ivoiriennes.
Ses membres secrètement sont redynamisés par l’accord entre l’Etat de Côte d’Ivoire et les Actionnaires de CORA SA, en février 2006 aux USA. Il y a de l’espoir. Ici dans un entretien avec le premier responsable du collectif des ex employés de CORA-SA, N’guessan Bernard, les horizons futurs sont explorés. Interview.
LDI: Monsieur N’guessan Bernard, Président du collectif des ex employés de Cora SA, le mois d’octobre doit certainement vous dire beaucoup…
Hum! Oui en effet ! Octobre 2003-Octobre 2024 cela fait bien 21 ans que la société de téléphonie mobile CORA SA est fermée.
Et 21 ans que dure cette traversée du désert pour plus de 160 ex employés de cette société de téléphonie mobile, la première en terre ivoirienne, qui brusquement en cette année 2003 fermait portes, sans regarder en arrière.
Comment expliquez-vous cette situation?
Nous n’allons pas revenir sur toute l’histoire, mais sachez que l’ex société américaine CORA SA-COMSTAR, a fait son entrée sur le marché de la téléphonie mobile en Côte d’Ivoire en 1994 et a fermé en octobre 2003. Un protocole d’accord signé le 24 février 2006 à Washington DC entre l’Etat de Côte d’Ivoire qui est le liquidateur et les Américains de Western Werless International Ivory Coast Corporation Modern Africa Tow-LLC et Werless Communications Technology Inc (Ics Actionnaires) concernant Cora de Comstar, S.A. (CORA), a décidé d’enjoindre le gouvernement ivoirien à faire payer par le nouvel opérateur acquéreur de la Licence de Cora, 6 millions de dollars US aux actionnaires au plus tard, le 31 décembre 2006 ; ou par le gouvernement de la Côte d’Ivoire, à assurer le paiement d’ici, le 31 décembre 2006 en cas de défaillance du nouvel opérateur. Ce qui a été fait.
Le même protocole indique que, lorsque le paiement de la somme de 6 millions de dollars US sera effectué, les Actionnaires céderont les intérêts qu’ils détiennent dans CORA à l’Etat de Côte d’Ivoire qui lancera le processus de liquidation de CORA. L’Etat de Côte d’Ivoire a été représenté par une délégation mandatée par le ministre des Nouvelles Technologies de l’Information et des communications de la République de Côte d’Ivoire.
La délégation des américains lors des négociations était composée de: Jim HANSLEY-Directeur des souscriptions privées du Département des fonds d’investissement OPIC ; Cynthia HOSTETLER, vice-présidente des fonds d’investissement OPIC ; Maria Elena RIVERA, Chargée du dossier Côte d’Ivoire-Ministère du Commerce des Etats-Unis ; K. Riva LEVINSON, Directeur Général BKSH & Associates ; Scott MORRIS, Vice-président Affaires Juridiques Western Wireless International Corp ; Varel FREEMAN ; Directeur Modern Africa Two, LLC ; Brad HORWITZ, Western Wireless International Corp ; Niles E. HELMBOLDT, Modern Africa Two, LLC. C’est important de bien le souligner, pour dire que nous ne sommes pas dans un monde virtuel.
Les Actionnaires américains ont été dédommagés, il ne reste plus que les employés de CORA SA, qui attendent qu’un liquidateur soit nommé par l’Etat ivoirien pour le paiement de leurs droits. Et cela a été fait.
Cela fait déjà des années que vous conduisez une bataille pour une réhabilitation. Quels en sont les fruits à-mi-parcours ?
Depuis la fermeture de notre société nous nous sommes mobilisés pour le paiement de nos droits avec la détermination des premiers à se tenir debout et qui ont pris à bras le corps ce combat. Je voudrais parler de feu N’da Guillaume en passant par Chérif Hamza, Soualio Tao…puis Coulibaly Daouda, jusqu’à moi depuis 2018.
Je tiens à rendre hommage à tous ceux-là qui se sont battus. À feu N’da Guillaume, que la terre lui soit légère et que de là où il se trouve, il veille sur ce combat.
De 2018 à ce jour, il y a eu des avancées même si nous avons perdu 4 années à tourner en rond. Le mois d’octobre de l’année 2022 a été un tournant décisif dans notre lutte et le début des avancées notables dans le dossier. Car, effectivement c’est en octobre de l’année 2022 que j’ai rencontré notre ancien conseil juridique pour renégocier le taux d’honoraires à la baisse et il m’a brutalisé et menacé de mort, et c’est à partir de là que j’ai pris le dossier en main pour la suite. Je n’ai plus baissé les bras avec mes compagnons de fortune, à ce jour.
Nous sommes en octobre 2024, il y a donc de l’espoir?
Oui, nous avons beaucoup d’espoir dans la résolution de notre problème. Nous nous sommes appuyés sur 3 piliers dans cette lutte à savoir: l’Espérance-la détermination-la foi. Beaucoup parmi nos ex-collègues ne croyaient plus en la lutte car, après 15 an, il n’y avait plus d’espoir selon eux. Il a fallu les remotiver et ce pari a été gagné.
L’autre volet consistait à se rendre à l’évidence que le dossier ne bougeait pas et qu’il était important de changer de stratégie et d’approche. Une bataille s’est déclenchée pour récupérer notre dossier et le suivre nous-mêmes, malgré des menaces de tous ordres et là, il nous fallait de la détermination.
Le dernier volet important dans cette lutte était de trouver la face de notre Créateur. Il fallait avoir la FOI en DIEU, le véritable Seigneur. C’est Lui qui guide nos pas et nous ouvre les différentes portes. Grâce à Lui, nous avons pu écrire aux Autorités compétentes du pays à savoir: le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Economie numérique qui est la tutelle, le ministre des Finances et du Budget ainsi qu’aux trois Directeurs de cabinet de ces trois ministères. Nous avons aussi écrit à Madame l’ambassadrice des USA en Côte d’Ivoire ainsi qu’à la Chambre de commerce des USA en Côte d’Ivoire, puisque la société Cora SA est américaine.
Quel est votre message au Président de la République et aux membres du collectif ?
Au nom des ex-employés de CORA SA, je tiens à dire un grand merci au Président de la République qui a donné des instructions afin que ce dossier soit réglé le plus rapidement possible, car sachant que l’administration est une continuité, il ne pouvait laisser 163 pères, mères de familles dans la précarité depuis l’année 2003. Nous sommes en 2004.
Les orphelins, les veuves, les veufs et tous les autres membres du Collectif remercient, Monsieur le Président de la République, le Premier Ministre, les Ministres et toutes les personnes qui n’ont ménagés aucun effort pour la résolution de cette injustice.
Nous avons été informés de la nomination d’un Liquidateur dans notre dossier. Nous sommes en contact avec lui. Nous rendons gloire à Dieu et nous Lui demandons de donner la force à ce dernier afin qu’il accélère les choses pour permettre aux orphelins et les nécessiteux que nous sommes de pouvoir scolariser nos enfants.
Je profite de l’occasion pour dire merci à notre ancien conseil juridique. Il est vrai que nous nous sommes séparés dans des conditions difficiles, mais je reconnais sa générosité et les aides qu’il m’a apportées quand j’en avais besoin.
Maintenant qu’un Liquidateur a été nommé par le gouvernement et un comité interministériel est mis en place par tous les départements concernés par la question de CORA SA, nous gardons espoir, qu’un jour se lèvera avec un soleil rayonnant pour nous, ex employés de cette société de téléphonie mobile, la première en Côte d’Ivoire, serons soulagés, je veux dire CORA SA. Je vous remercie monsieur. Nous avons espoir.
Ledebativoirien.net
HERVE MAKRE
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