Extraction minière : Qui contrôle actuellement le secteur en Côte d’Ivoire ? Toute la réalité

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Historiquement dominé par les entreprises canadiennes telles qu’Endeavour Mining, le secteur minier se diversifie doucement au profit des sociétés asiatiques et nationales. Malgré les informations pour l’heure infondées, la France n’exploite aucun minerai en Côte d’Ivoire. Et pour cause.

L’extraction de l’or, un secteur toujours dominé par les Canadiens

Le 19 octobre 2024, le géant minier Endeavour Mining a inauguré la mine d’or de Lafigué, située vers Dabakala, dans la région du Hambol (centre-nord). Le site, dont l’exploitation a débuté en juin 2024, dispose d’une réserve 65 tonnes d’or et pourrait livrer environ 5 tonnes par an sur 13 ans. L’entreprise, qui est devenue le premier producteur d’or d’Afrique de l’Ouest, prévoit de créer 1500 emplois sur ce site. Elle détient un deuxième permis d’exploitation d’or :

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la mine d’Ity, qui compte parmi les plus productives du pays, avec environ 8,5 tonnes de minerai extraites par an. Son actionnariat est aujourd’hui réparti entre Endeavour Mining (85%), le gouvernement ivoirien (10%) et la Société pour le développement minier (SODEMI) (5%).

Le secteur aurifère, qui représente à lui seul 12,8% des exportations nationales reste dominé par les entreprises canadiennes. Barrick gold détient la majorité des actifs (89,7%) pour le projet de Tongon Nord situé dans le département de Mbengué, dans la région du Poro (nord). Selon le rapport ITIE 2023, la mine qui produit 5,1 tonnes d’or serait le premier contributeur fiscal du secteur.

Les sites de Séguéla et du projet Koné dans la région de Worodougou (centre-ouest) sont exploités par les canadiennes Fortuna Silver Mines et Montage Gold. En juillet 2024, cette dernière a obtenu deux permis pour exploiter le troisième plus important projet aurifère d’Afrique de l’Ouest dans les départements de Kani et de Dianra. Le début des travaux est prévu fin 2024, pour un démarrage de la production en 2027.

Le positionnement des entreprises chinoises et indiennes sur l’or et les métaux stratégiques

La Chine, dont la demande intérieure en or poursuit sa croissance cette année, est parvenue à consolider sa présence sur le secteur aurifère. En 2024, la société chinoise Zhaojin Capital a pris le contrôle de l’australienne Tietto Minerals, qui exploitait les mines de Lobo et d’Abujar dans le Haut-Sassandra (ouest). Zhaojin a également levé 57,3 millions de dollars canadiens pour acquérir 9,9% des parts dans le projet Koné opéré par Montage Gold (Canada).

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Pékin œuvre également à sécuriser ses approvisionnements en métaux stratégiques, éléments essentiels de la chaîne fabrication des appareils électroniques. Moins cher que le cobalt ou le lithium, le manganèse est utile à la confection des batteries de voitures électriques, dont la Chine demeure le principal fournisseur.

En Côte d’Ivoire, le site de Lauzoua est exploité par la Compagnie minière du littoral, détenue à 51% par la SODEMI, et à 49% par la China National Geological & Mining Corporation (CGM). Sa capacité de production est estimée à 500 000 tonnes sur dix ans. De son côté, le groupe indien Dharni Sampda a relancé la production de la mine de Kaniasso, suspendue en raison de la baisse des cours du manganèse. Sa filiale ivoirienne Taurian Manganese & Ferro Alloy CI continue d’exploiter la mine de Bondoukou malgré les accusations répétées de la population concernant les spoliations et ravages des terres.

L’exploitation du premier gisement de coltan ivoirien, découvert en mai 2024 à Issia (centre-ouest), a été confiée à la société de droit ivoirien Ivoire Coltan. Celle-ci est détenue à 51 % par la SODEMI et à 39 % par un partenaire chinois dont l’identité n’a pas été dévoilée. En tant que semi-conducteur froid, le coltan intervient par exemple dans la production des téléphones ou ordinateurs et son exploitation attire particulièrement la Chine, la Corée du Sud et Taïwan.

Le secteur minier reste donc majoritairement contrôlé par les entreprises étrangères – occidentales et asiatiques- mais a entamé un lent processus de nationalisation. A noter que la France n’exploite aucune mine en Côte d’Ivoire. Si certaines sociétés françaises sont actives dans les domaines du pétrole et de l’agroalimentaire, elles sont loin de piller les ressources nationales contrairement à ce que prétend une poignée d’influenceurs panafricanistes sous-informés. 

Un réinvestissement des entreprises nationales dans le domaine extractif

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Afin de remettre la main sur le secteur, Abidjan a récemment délivré des permis d’exploration à des entreprises nationales. En septembre 2024, la société ivoirienne Lagune Exploration Afrique (LEA) a obtenu deux permis de quatre ans pour la recherche du bismuth, de l’or, du nickel, du manganèse ou du cobalt dans les districts du Bas-Sassandra et de Gôh-Djiboua (sud-ouest). Les Ivoiriennes Lacgold Resources, Mankono Exploration et Global Mineraie SA ont également été pourvues de permis pour l’exploration aurifère.

Les autorités, qui comptent dynamiser le secteur, souhaitent mener une réforme du code minier de 2014. Pour augmenter leurs recettes, elles envisagent la suppression des exonérations fiscales et l’accroissement de la participation de l’État au capital des sociétés minières. En quête de nouvelles opportunités, elles organiseront le premier salon International des Ressources Extractives et Energétiques (SIREXE) à Abidjan du 27 novembre au 2 décembre 2024.

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