La société du nom de Harvest Capital Holding a été créée le mercredi 18 décembre 2024, et, à peine 24 heures après sa création, elle s’est retrouvée au cœur d’une opération de privatisation majeure.

C’est que, le jeudi 19 décembre 2024, en Conseil des ministres, l’État ivoirien a officiellement cédé ses parts dans Versus Bank à cette structure, contrôlée par l’homme d’affaires ivoirien Koné Daouda Soukpafolo.
Cette séquence chronologique inhabituelle et précipitée suscite des interrogations et laisse planer des soupçons d’un possible hold-up sur une partie du patrimoine public, orchestré à travers un arrangement entre proches au sommet de l’État.
Une cession au parfum de controverse
Après, près de dix ans de négociations autour de la privatisation de Versus Bank, l’opération a finalement été actée dans une démarche surprenante et éclair. L’annonce en Conseil des ministres de la cession de 52,89 % des parts de l’État à Harvest Capital Holding, une entreprise dont on dit tout juste créée, soulève des préoccupations légitimes.
Selon des données disponibles, la société dénommée HARVEST CAPITAL HOLDING, une société Anonyme avec Capital 500.000.000FCFA, RCCM : CI-ABJ-03-2024-B14-00131 a été immatriculée, le 18/12/2024 à Abidjan. La proximité temporelle entre la création de cette société et la validation de l’opération par le gouvernement alimente des soupçons de collusion.
Versus Bank : de la résilience à la privatisation

Créée en 2003 par Sidi Kagnassi, Versus Bank avait été cédée à l’État en 2008 suite à des difficultés financières. Destinée à devenir un outil stratégique pour le financement des PME ivoiriennes, elle avait connu des périodes tumultueuses avant d’être placée sur la liste des entreprises à privatiser dès le début des années 2010.
Sous la direction de Guy Koizan, puis de Jérôme Ehui, la banque a réussi à renouer avec des bénéfices après plusieurs restructurations. Mais cette dynamique n’aura pas suffi à convaincre l’État de conserver cet actif stratégique, désormais cédé à un acteur économique influent, Koné Daouda Soukpafolo.
Une opération qui interroge
Le choix de Koné Daouda Soukpafolo, surnommé le « Roi du coton », comme repreneur, ne surprend pas. Classé parmi les grandes fortunes de Côte d’Ivoire, il est également connu pour ses investissements dans l’agro-industrie et son rôle de promoteur de l’économie locale, notamment dans le nord du pays.
Cependant, l’acquisition de Versus Bank par une société récemment créée, Harvest Capital Holding, pose des questions sur les conditions de cette cession. Était-elle planifiée pour un acteur précis ? Quels mécanismes ont conduit à cette transaction ?
Un patrimoine public en jeu?

En seulement 24 heures, une décision qui engageait une partie importante du patrimoine public a été actée, donnant l’impression d’une précipitation organisée.
Cette privatisation s’inscrit dans une stratégie plus large de désengagement de l’État du secteur bancaire, mais elle ne manque pas d’inquiéter quant à la transparence des mécanismes en jeu.
Le précédent d’autres privatisations
Ce n’est pas la première fois que l’État ivoirien cède des parts dans le secteur bancaire.
Avant Versus Bank, la Banque Populaire de Côte d’Ivoire avait été vendue au groupe AFG de Koné Dossongui, tandis que l’État a parallèlement renforcé son contrôle sur la BICICI, filiale locale de BNP Paribas. Cependant, dans le cas de Versus Bank, la rapidité et les modalités de l’opération donnent lieu à des interrogations qui devront trouver des réponses.
Une dynamique à surveiller

Si cette privatisation peut potentiellement apporter une nouvelle dynamique à Versus Bank, les conditions dans lesquelles elle a été réalisée ne manqueront pas de faire l’objet de débats dans les mois à venir.
Les questions sur la gouvernance, la transparence et l’équité des processus de cession des actifs publics demeurent au cœur des préoccupations des citoyens.
Daouda Soukpafolo Koné natif de Korhogo, au Nord de Côte d’Ivoire, est donc cet entrepreneur ivoirien qui a repris les parts de l’Etat, soit 52, 89%, dans Versus Bank, selon l’annonce faite le 19 décembre 2024 par le gouvernement. L’institution financière était en vente depuis plusieurs années. Pour le bonheur des Ivoiriens. La direction de la Banque n’a pas encore fait d’éclairage sur cette reprise aussi rapide qu’urgente avec la nouvelle société.
Le Débat Ivoirien
H.KARA
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