«Nous ne savons pas s’il existe un processus de réconciliation…
C’est bel et bien Sékou Sanogo qui a mis fin définitivement au travail forcé, avec à ses côtés Senghor du Sénégal et Mamadou Konaté du Mali »

Samba Koné, Président et leader de la renaissance du parti EDICI-Entente des Indépendants de Côte d’Ivoire, fondé par l’un des combattant pour les indépendances en Afrique Sékou Sanogo.
C’est en 2018 qu’il débute la lutte pour la cause de la réhabilitation de l’ex grand Conseiller de l’AOF, mais c’est véritablement en 2019 qu’il écrit aux autorités françaises et ivoiriennes pour réclamer que justice soit rendue au père de la démocratie ivoirienne. Suivez sa vision en cette année 2025 au micro de ledebativoirien.net 76 ans après la création de l’EDICI.
Quel est l’agenda de votre formation politique EDICI en cette année électorale en Côte d’Ivoire ?
Samba Koné : Je voudrais, avant tout propos, saluer la mobilisation constante et déterminée des populations ivoiriennes, en l’occurrence, celles de Touba, Séguéla, Mankono , Kani et autres, qui ont bien voulu recevoir la délégation conduite par moi-même dans le cadre de la tournée d’information concernant la renaissance du parti EDICI fondé par notre leader Sékou Sanogo, le 31 Janvier 1949.
Je leur dis merci et de continuer la mobilisation et de continuer à faire confiance à la nouvelle équipe dirigeante de l’EDICI, 76 ans après sa création.

Nous devons continuer le combat de l’implantation sur le terrain. La Côte d’Ivoire a besoin de nous pour maintenir la flamme de la démocratie.
Aujourd’hui, beaucoup ignorent que c’est l’EDICI qui a planté les racines de la démocratie ivoirienne en 1950, à travers son leader Sékou Sanogo, grand Conseiller de l’Afrique Occidentale Française à cette époque, lorsque certaines personnes voulaient le parti unique.
C’est nous qui sommes les véritables héritiers de la démocratie et nous sommes déterminés à participer à la mise en œuvre d’un État de droit, juste et équitable.
Que peut-on retenir du retour de l’EDICI sur l’échiquier politique ?
Lorsque ma délégation et moi avions commencé les tournées d’informations, j’ai été surpris de la mobilisation des jeunes, des personnes du 3ème âge et des femmes qui se déplaçaient à vélos ou à motos pour venir écouter la nouvelle, la bonne nouvelle. Plusieurs ont témoigné leurs regrets d’avoir abandonné la maison au profit de celle du voisin. Aujourd’hui, le retour de l’EDICI est une propriété qui leur appartient, sans gêne. Vous savez, ce qui est pour toi et ce qui n’est pas pour toi, ce n’est pas la même chose. L’EDICI va récupérer tous ses enfants, grands ou petits.
Que représente votre leader ?
Le leader Sékou Sanogo est un symbole pour la Côte d’Ivoire, tant sur le plan national que sur le plan international. Je voudrais apporter une clarification, Sékou Sanogo et Houphouët-Boigny étaient plutôt des adversaires politiques, contrairement à ce que dit l’histoire. Sékou Sanogo avait la même valeur politique que Houphouët entre 1946 et 1950.

Mais de 1951 à 1955, c’est plutôt Houphouët qui était opposé à Sékou Sanogo, puisque toutes lois votées au profit de la Côte d’Ivoire et des africains étaient proposées par Sékou Sanogo. Houphouët était dans la dissidence contre les initiatives de Sékou Sanogo, jusqu’aux élections législatives du 02 janvier 1956 où la victoire fut volées à Sékou Sanogo au profit d’Houphouët qui s’était rallié au gouvernement français.
Mais malheureusement, la dictature du PDCI, le règne machiavélique du régime du PDCI a voulu essayé de fermer la page Sékou Sanogo, mais hélas ! Nous sommes là. Evidemment, l’histoire a longtemps été camouflée parce que le lion avait été empêché de rentrer au village pour raconter sa part de vérité. Et nous sommes désormais là !
Le leader Sékou Sanogo sera réhabilité et nul ne pourra empêcher cette initiative. Chacun peut imaginer sa danse, mais la réhabilitation se fera et justice sera rendue, et cette heure est arrivée. Sékou Sanogo a sacrifié toute sa vie à servir son pays, la Côte d’Ivoire. Trop de choses malhonnêtes ont été entretenues, rien que pour ternir l’image et l’honneur de Sékou Sanogo. La seule et unique personne avoir été partisan de l’impérialisme, c’est bel et bien Houphouët-Boigny.
La preuve en est qu’il existe plusieurs boulevards qui portent le nom des colons. Le RDA qui est le Rassemblement Démocratique Africain, qui regroupait plus de 800 délégué venus de toute l’Afrique, dès sa création en 1946 à Bamako, s’est réduit en PDCI RDA, tout simplement, tout était illusoire, utopique.

Chose que Sékou Sanogo avait compris tôt. Malheureusement, Modibo Keita, Kwame Nkrumah, Ouezzin Coulibaly, Sékou Touré et autres se sont laissés abusés par la confiance placée en Houphouët. Sékou Sanogo était pour une décolonisation pacifique, sans verser de sang, parce que l’Afrique n’avait ni les moyens humains, ni les moyens militaires pour combattre les colons français.
Mais Houphouët a fait croire que lui, il le pouvait. Il y a eu des massacres des femmes à Bassam. Tout ça pour devenir ministre dans le gouvernement français. Tout ça pour installer une base militaire française en Côte d’Ivoire tout ça pour défendre l’intérêt du franc CFA logé en France, etc.…Et sans oublier, les achats de plusieurs appartements luxueux à Paris. Sékou Sanogo était convaincu du mensonge d’Houphouët.
Il savait que tout ce que Houphouët recherchait, c’était de rapprocher du gouvernement français, tout en utilisant comme proie, c’est propres frères Africains. Et ça été fait. Il fut récompensé comme ministre dans le gouvernement français en 1959. C’est bel et bien Sékou Sanogo qui a mis fin définitivement au travail forcé, avec à ses côtés Senghor du Sénégal et Mamadou Konaté du Mali, en 1953, lors de son séjour à l’assemblée Constituante Française.

La loi proposée par Houphouët sur l’abolition du travail forcé le 11 Avril 1946 n’a jamais été respectée. Le décès suspect du leader Sékou Sanogo ne restera pas impuni. Nous exigeons que les archives sous-scellées soient déclassifiées, comme convenue entre la France et nous.
Il y va de l’intérêt de la France. Si pour Thomas Sankara a été fait, pourquoi pas Sékou Sanogo qui fut député français ? Nous insistons sur l’implication du gouvernement ivoirien dans ce dossier.
En votre qualité de président de parti politique quelle lecture faites-vous de l’environnement sociopolitique actuelle ?
Bien, sur ce volet, en ce qui nous concerne, nous acceptons le débat démocratique, mais que cela tienne compte de la préservation de la paix. Il existe trop de chose qui rongent les cœurs et ça, ce n’est pas bon pour les jours à venir. Vous savez, depuis un bon moment, il y a eu de nombreux processus de déguerpissement, au profit du développement et de l’Assainissement, ce qui a agrandit le taux de pauvreté et de sans-emplois.
Alors, s’il fait venir ajouter à cela, une autre crise civilo-militaire, ça sera la catastrophe. Nous, notre vision des choses actuelles doit aller vers liberté d’expression et de mouvement. Nous savons tous, ce qui a envoyé de nombreuses crises en Côte d’Ivoire et si nous voulons persister dans cette même voie, on risque de perdre le contrôle de tout. Ce que nul ne souhaite encore, nous l’espérons bien.
Le Président et chef d’Etat actuel Alassane Ouattara lors des vœux 2025 a affirmé être en bonne santé pour continuer le job. D’aucun soutiennent que s’il part à la présidentielle prochaine, ce serait un mandat de trop. Qu’en dites-vous ?

J’ai moi-même été un acteur souterrain et homme de terrain pour que tout le monde soit candidat, au moment où certains ivoiriens étaient contre la candidature d’Alassane Ouattara. J’ai participé l’organisation de la mise en œuvre du processus de la liberté d’expression et d’organisation. Et lorsqu’on luttait pour ce faite, on ne parlait pas de nombre de mois, de jours où d’années à faire à la tête du pays. C’était la vie ou la mort.
Nous, c’était notre liberté, la préservation de nos droits. Tant nous étions opprimés à cause des divisions ethniques et religieuses. Certains pour leur appartenance à une ethnie jugée étrangère, d’autres pour leur appartenance à un groupe politique. La question électorale nous préoccupait peu. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous soustraire de ce processus essentiel dans un Etat normal.
Et donc, si le président Alassane Ouattara dit qu’il veut encore diriger la Côte d’Ivoire, où est le mal, c’est aux ivoiriens d’en décider, de le voter ou non. Nous ne pensons pas que ça soit mauvais que tout le monde se présente et que le meilleur gagne. Arrêtons les bavardages inutiles. Que ce soit, programme contre programme et non, les armes contre les armes. Les Ivoiriens sont assez mûrs pour comprendre que la guerre n’est pas une bonne chose.
Peut-on dire aujourd’hui que la Côte d’Ivoire est loin des heures sombres ?

À l’EDICI, nous prônons la justice et la paix. Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous pensons que les ivoiriens sont assez mûrs pour comprendre que la guerre n’est pas une bonne chose. À travers le monde, nous voyons qu’il y a un vent qui souffle sur tous les pays.
Un ordre mondial qui souffle dans l’esprit de tous les pays du tiers monde. Un équilibre d’ordre mondial qui prend en compte toutes les aspirations et sensibilités ou opinions est en train de naître.
Il faut mettre sur la table tout ce qui fâche ou peu fâcher. Susceptible de créer une grave crise non maîtrisable. Je n’aime pas la politique de comparaison musculaire et des forces. Asseyons-nous et parlons-nous avec amour, tout en pensant à tout ce qui a été réalisé pour le bien de tous. Souvent quand je vais visiter des plages, des espaces gastronomiques, je me pose la question; est-ce que les ivoiriens aiment la guerre ? La Côte d’Ivoire est belle, il nous revient à chacun et à chacune de penser que notre devoir est de semer ce qui est bon pour demain. Et ça, ça passe par s’écouter avec attention.
Votre regard sur la réconciliation nationale ?
Nous ne savons pas s’il existe un processus de réconciliation actuellement, non ! Mais je crois qu’il faut créer les conditions qui vont empêcher une grave crise. Nous, à L’EDICI, notre souhait c’est de voir notre leader Sékou Sanogo être réhabilité. Notre parti est ouvert à tout processus de cohésion qui tient compte du respect de nos valeurs.
Préparez-vous l’après Ouattara ?

Bien sûr que oui ! Quel serait l’importance de la renaissance de l’Entente des Indépendants de Côte d’Ivoire-EDICI, s’il s’agit de venu figurer et disparaître. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que le parti récupère sa place sur l’échiquier national.
Notre objectif s’est d’accomplir le vœu inachevé de notre leader Sékou Sanogo. Pour ceux qui ne savent pas, nous allons vous confirmer cela très bientôt en hommage à Sékou Sanogo. L’EDICI sera le futur espoir de la Côte d’Ivoire. Nous tendons la main à tout le monde pour que justice soit faite à ce valeureux leader et serviteur de la Côte d’Ivoire qui est Sékou Sanogo.
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HERVE MAKRE
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