Allons-y dans cette première partie de la causerie révélation, avec l’étudiant Kouamé N’guessan Jean Vincent en détention. Condamné en décembre 2024 à 6 mois fermes de prison, avait-il mis le pied là où il ne fallait pas ? Ceci qui suit est une révélation de l’ex secrétaire général de l’Union Nationale Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire dissoute par décret du 30 octobre 2024, l’étudiant Kouamé N’guessan Jean Vincent dit NL Pacifik.

Il séjourne actuellement en prison, au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan suite à la plainte du ministère de l’enseignement supérieur du professeur Adama Diawara, pour ‘‘outrage à l’autorité publique’’. Le détenu, lors d’une visite à l’occasion des fêtes de fin d’année et de nouvel An s’est confié à Ledebativoirien.net.
Il parle des raisons de la dissolution des organisations estudiantines et de sa détention. « C’est un complot pour faire taire les leaders estudiantins et masquer l’incompétence… Une mafia au ministère… ». Suivez en exclusivité l’ex SG de l’UNESCI depuis sa cellule.
L’étudiant Kouamé N’guessan Jean Vincent parle :
« Dans l’après-midi du 29 Mars 2024, j’ai vu sur une plateforme WhatsApp, un arrêté du Ministre de l’Enseignement Supérieur mettant fin à la délivrance des diplômes autre que ceux du LMD. Dès que j’ai lu l’arrêté, je l’ai tout de suite envoyé au Ministre Adama Diawara sur son WhatsApp et j’ai fait accompagner par un message.
Le Message disait ceci: ‘‘Si cet arrêté est de vous, c’est une erreur’’. Après avoir lu mon message, Monsieur le Ministre m’a rappelé aussitôt. Je lui ai fait savoir mes observations sur l’arrêté et attirer son attention sur les implications de cet arrêté, surtout au niveau de l’enseignement supérieur privé. Après nos échanges par appel WhatsApp, Monsieur le Ministre a fait modifier son arrêté en ajoutant un paragraphe concernant le BTS. Il m’a ensuite envoyé l’arrêté modifié.

Monsieur le ministre pensant le problème résolu, je lui ai encore fait savoir que le problème était plus profond qu’un simple paragraphe ajouté à un arrêté ministériel. Je lui ai fait savoir que l’origine du problème se trouve dans la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur qu’il fallait revoir. S’en est suivi des échanges jusqu’à tard dans la nuit, sans toutefois arriver à se convaincre. J’ai donc signé au Ministre que j’allais faire un mémo sur la nouvelle loi que j’allais mettre à la disposition de la presse pour mettre en exergue les incongruités contenues dans cette loi.
Le lendemain 30 Mars 2024, Monsieur le Ministre à son réveil m’a laissé un message kilométrique qui laissait entendre que certains membres du gouvernement souhaitaient la dissolution des organisations de défense des intérêts des étudiants parce qu’elles devenaient agaçantes….La dissolution des organisations syndicales est un projet pour faire taire les organisations.
C’est pourquoi, pour une histoire entre les membres de la FESCI, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique demande la dissolution de toutes organisations estudiantines à caractère syndical. Je suis en prison parce que le ministre ADAMA DIAWARA a peur de mes révélations. Il savait que je n’allais pas rester les bras croisés face à ce complot. Il m’a jeté ici mais la vérité triomphera. D’ailleurs, a commencé à triompher…» confie-t-il depuis sa cellule de Pôle Pénitentiaire d’Abidjan.
Il poursuit sur ce qu’il croit savoir des dessous de la dissolution de l’ensemble des associations estudiantines et scolaires dites syndicales :
« Vous savez sans doute que l’Enseignement Supérieur de notre Pays a basculé dans le système Licence Master Doctorat en abrégé LMD en 2012. Jusqu’en Mai 2023, la Côte d’Ivoire était encore dans une phase transitoire à la mise place effective du système LMD. La phase transitoire a duré 11 ans. Ce qui signifiait que les diplômes de l’ancien système étaient délivrés en même temps que ceux du nouveau système (LMD).

Ainsi, l’annonce de l’élaboration d’une nouvelle loi sur l’Enseignement Supérieur par Monsieur le Ministre ADAMA DIAWARA, a suscité beaucoup d’engouement et d’espoir dans le monde des organisations estudiantines et scolaires car elle viendrait corriger les inégalités à travers des reformes adaptées au système LMD en vigueur.
Mais, à peine cette nouvelle Loi promulguée, elle suscite plus de polémiques que ne résout les problèmes sempiternels de notre système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. Occasionnant ainsi un plus grand déséquilibre, engendrant plus d’inégalités et d’injustices. Selon la nouvelle Loi (Loi n°2023-429 du 22 Mai 2023 relative à l’enseignement supérieur, à la recherche scientifique et à l’innovation) à son article 26 :
‘ Le déroulement des études supérieures est structuré selon le système Licence-Master-Doctorat, en abrégé LMD, en trois cycles conférant des grades correspondant aux diplômes nationaux de Licence, en abrégé L, de Master, en abrégé M, et de Doctorat en abrégé D’’. À la question de savoir la place du BTS dans le système LMD, notre ministère nous fait savoir que le BTS n’est pas un diplôme du système LMD. Pourquoi alors envoyer chaque année plus de 60% des bacheliers, aller faire un BTS ?
Autrement dit, pourquoi exclure la plus grande population des bacheliers chaque année du système LMD en vigueur ? La cerise sur le gâteau vient avec l’arrêté n°240/MESRS/CAB du 28 Mars 2024 fixant la fin de la période transitoire de délivrance des diplômes par les universités et grandes écoles d’enseignement supérieur avec l’entrée en vigueur du système Licence- Master[1]Doctorat (LMD)’’. L’article 4 de cet arrêté dit ceci :

« dans le cadre du présent arrêté, on entend par grades universitaires les principaux niveaux de référence du système Licence-Master-Doctorat de l’Enseignement Supérieur, à savoir : La Licence : le deuxième grade universitaire conféré par un diplôme national de l’Enseignement Supérieur obtenu au terme de trois années d’études après le Baccalauréat (BAC+3 ou 180 crédits) ;
Le Master : le troisième grade universitaire conféré par un diplôme national de l’Enseignement Supérieur, après l’obtention du grade Licence (BAC+5 ou 300 crédits) ; Le Doctorat : le quatrième grade universitaire conféré par un diplôme national de l’Enseignement Supérieur, après trois années de recherche postérieures à l’obtention du grade Master et à la suite de la soutenance d’une thèse portant sur la réalisation de travaux scientifiques originaux (BAC+8 ou 480 crédits).
De tout ce qui précède, le BTS n’est pas un diplôme reconnu par le système LMD en vigueur en Côte d’Ivoire et donc ne pourra désormais plus permettre à ses détenteurs de passer les concours de la fonction publique. Etant donné que le DEUG2 ne sera plus délivré, il ne sera donc plus valable pour les concours de la fonction publique ainsi que les diplômes équivalents tel le BTS.
C’est une injustice que nous ne saurions accepter. Cette année encore le ministère de l’Enseignement Supérieur a envoyé à l’abattoir plus de 60% des nouveaux bacheliers de Côte d’Ivoire. Nous appelons abattoir le fait que ces étudiants iront faire un BTS qui ne correspond à aucun diplôme du système LMD en vigueur.

Nous avons depuis deux années maintenant, demandé à Monsieur le Ministre ADAMA DIAWARA dans le cadre de la nouvelle loi, de procéder à l’adaptation de l’enseignement supérieur privé aux normes LMD en orientant désormais nos camarades bacheliers faire une Licence Professionnelle en lieu et place du BTS. Le BTS s’il devra toujours exister sera exclusivement dédié au secteur privé et laissé au choix de l’apprenant qui voudra faire un cycle court pour faire carrière dans le secteur privé.
Aussi le MESRS devra revoir les curricula de formation afin que le BTS corresponde à 120 crédits comme c’est le cas en France et non à 60 crédits comme c’est le cas actuellement en Côte d’Ivoire selon Monsieur ADAMA DIAWARA. Car nous organisations de défense des intérêts des élèves et étudiants ne saurions accepter que nos camarades qui obtiennent un BTS en trois ans ; 2 ans admissibilité+6 mois de stage et sachant qu’il y a une seule session de soutenance, celle de décembre) soient considérés comme ayant le niveau BAC+1 dans le système LMD.
Nous avons depuis le 09 juillet 2024 déposé une plateforme de revendications sur la table du Ministre, parmi les points figurait cette fâcheuse injustice faite à nos camarades des grandes écoles privées en BTS. Nous lui avions demandé de ne pas orienter cette année académique 2024-2025 d’étudiants en cycle BTS, ce qu’il a malheureusement fait à notre grand désarroi.
Nous avons menacé de ne pas permettre l’effectivité de cette rentrée académique dans les grandes écoles privées s’il s’entêtait à y orienter des bacheliers pour y faire BTS. Suite à un meeting que nous avons programmé le mercredi 18 août 2024 à son Cabinet sis au Plateau, Monsieur le Ministre nous a envoyé comme émissaires, son Chef de Cabinet, Monsieur Touré VAMARA et son conseiller Technique, Directeur du CROU-A1, Monsieur Soro MAMADOU.

A l’issue des trois séances de discussions que nous avons eues, les émissaires nous ont laissé entendre que le Ministre Adama DIAWARA dit ne pas avoir de solutions à nos points de revendications. Pis, nous avons subi des menaces verbales, des tentatives d’intimidation et des promesses d’insertion sociale à condition de lâcher prise. Chose, qui a contribué à casser le Collectif d’organisations estudiantines et Scolaires que nous constituons.
Sur cinq organisations, nous nous sommes retrouvés à deux (02) organisations, l’UNESCI et le RESPET. Je ne vais pas citer les autres organisations qui se sont démêlées pour éviter d’autres interprétations, mais pour ceux qui nous suivent depuis un moment les reconnaitront. Malgré le désistement des trois autres organisations, nous avons maintenu la pression jusqu’au refus d’autorisation de notre meeting par la Préfecture d’Abidjan.
Nous prévoyons à la reprise des cours dans les grandes écoles de faire une tournée de sensibilisation des étudiants victimes de cette injustice fragrante. Il faut faire remarquer que la plupart des nouveaux bacheliers ne savent rien du système actuel. Pour ceux qui en savent quelque chose ou les parents sont instruits se donnent tous les moyens pour intégrer les universités publiques pour être dans le système en vigueur parce que les universités privées coûtent très chères et ne sont pas à la portée de tous.
C’est dans cette démarche que nous étions lorsque les événements du 29 au 30 Août sont survenus. Sachez que l’Etat de Côte d’Ivoire à travers son Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a exclu le cycle BTS du système LMD, qu’il a lui-même choisi. Faire trois ans pour avoir un BTS qui selon le Ministre Adama Diawara équivaut à un BAC+1 du système LMD.

Le BTS sera retiré de la liste des diplômes pour postuler aux concours de la fonction publique. Nous sommes d’accord que tous les étudiants de Côte d’Ivoire ne peuvent pas accéder aux universités publiques mais, ils ont quand-même le droit d’être dans un même système d’Enseignement Supérieur. Pour qu’on se taise sur cette injustice, le Ministre Adama Diawara a profité de la situation qui a prévalu avec la perte de l’étudiant Zigui Deagoue dit Gal Sorcier pour demander la dissolution de l’ensemble des associations Estudiantines et scolaires dites syndicales.
Adama Diawara a demandé notre dissolution pour nous faire taire sur son incompétence. L’UNESCI qui ne s’est jamais illustrée par la violence sur les espaces universitaires et qui n’a rien à avoir avec cette situation qui a prévalu, pourquoi la dissoudre ? Plus d’organisation de défense des intérêts matériels et moraux des étudiants, qui pour porter les combats des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire? Pourquoi l’UNESCI doit-elle être dissoute dans une histoire interne à une autre association?
Le ministre Adama Diawara a juste bondit sur une occasion pour régler ses comptes avec toutes les autres organisations en général, en particulier l’UNESCI qu’il craint pour sa pertinence. Une enquête parlementaire doit être ouverte sur la nature du système d’enseignement supérieur dans notre Pays et son fonctionnement » confie le détenu, lors d’une visite au PPA pour Ledebativoirien. A SUIVRE PARTIE 2.
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GRACE OZHYLLY
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