Les communautés villageoises d’Eloka (Elokaté et Elokato) et M’batto-bouaké, ont manifesté pacifiquement, le jeudi 26 juin 2025 sur le site de la société Palmafrique situé sur leur aire géographique historique, dans la sous-préfecture de Bingerville.

La manifestation pacifique s’est achevée par la remise d’une motion intitulée : « Protestation officielle contre l’accaparement de nos terres coutumières », au Directeur Général de ladite société par le Comité pour la Défense du Patrimoine Foncier des villages Eloka et M’batto-bouaké.
Voici ce qu’elles ont expliqué clairement au directeur général de la société Palmafrique (absent ce jour, mais réceptionnée par la direction), sous le regard de quelques travailleurs sur le site.
« A monsieur le Directeur Général, au nom de nos Doyens d’Âge, au nom de nos autorités Coutumières, au nom des hommes, des femmes et des jeunes des villages M’Batto-Bouaké et ELOKA; nous venons par la présente, vous rappeler que vous aviez sollicité et obtenu du Ministère de la Construction du Logement et de l’Urbanisme, la radiation de la clause d’affectation:

« à usage exclusif de produits récoltés et terre rural» qui constituait la base légale de votre présence sur nos terres; Dès lors, votre occupation actuelle de ces terres est dépourvue de tout titre et de tout droit et constitue une violation flagrante de nos droits fondamentaux.
Bref historique contexte de la crise foncière
En 1928, la Société des Plantations de l’Afrique de l’Ouest (SPAO) a réquisitionné, sous le régime colonial, les terres des villages d’Elokato, d’Elokaté et de M’Batto-Bouaké à des fins agricoles, sans purge des droits coutumiers ni indemnisation;

De 1964 à 1996, ces terres ont été exploitées durant trente-deux (32) ans par l’État à travers la SODEPALM, puis la PALMINDUSTRIE, sans aucune rétribution aux populations, avec pour conséquences l’abandon des infrastructures rurales et la précarité grandissante des communautés;
En 2008, après une descente des populations dans les plantations de palmiers, un accord a eté trouvé par la signature d’une convention entre nos villages et la société PALMAFRIQUE SA. Le 20 Mars 2023, le Ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, sur demande de Monsieur THIERRY DAVAILLES, Directeur Général de la société PALMAFRIQUE SA a procédé à la radiation de la clause d’usage rural portant sur 23 392 828 ㎡ de terrain àEloka et M’Batto-Bouaké sans la moindre consultation des propriétaires coutumiers concernés;
En conséquence du déclassement de nos terres voulu par l’État Ivoirien, nous avions engagé une procédure d’immatriculation de nos terres conformément à la loi 2020-624 du 14 Août 2020 portant Code de l’Urbanisme et du Domaine Foncier Urbain;

Mais à notre grand étonnement, le Ministre de la Construction du Logement et de l’Urbanisme par courriers en dates des 06 Septembre et 09 octobre 2023, a affecté 19 179200 m’ sur les 23 392 228 ㎡ soit 80% de nos parcelles sises à Eloka et M’Batto-Bouaké à une société privée dénommée SCI PALMAFRIQUE IMMOBILIER. Cette affectation a été faite en plusieurs blocs.
Nos griefs
Nous dénonçons avec fermeté: le non-respect.de nos droits coutumiers et de notre dignité de peuples autochtones; La violation des principes de consentement libre, préalable et éclairé; L’absence de transparence dans la gestion foncière de PALMAFRIQUE SA sur nos terres; Le non-respect de la convention nous liant; L’exploitation et la transformation de nos terres à des fins purement lucratives, sans bénéfice ni compensation pour les communautés locales.
Nos exigences

En conséquence, nous exigeons : 1. La libération de nos terres à travers le départ de votre structure; 2. La restitution immédiate des terres coutumières occupées illégalement par PALMAFRIQUE SA depuis la radiation des clauses;
3. L’annulation de tous les courriers d’affectation des terTes émis sans consultation des communautés; 4. La réparation des préjudices économiques, sociaux et culturels subis par nos communautés depuis des décennies; 5. La cessation immédiate de toute opération et activité sur les terres concernées jusqu’à résolution définitive du différend.
Nous, populations d’Elokato, Elokaté et M’Batto-Bouake, restons attachées à la paix, à la justice et à la légalité; Nous vous rendons responsable, en tant que dirigeant des tensions sociales croissantes et des troubles que cette situation, pourrait engendrer si aucune réponse rapide et concrète n’est apportée;

Toutefois, nous nous réservons le droit de poursuivre toutes actions citoyennes et juridiques nécessaires pour la récupération de nos terres pour la restauration de notre dignité collective; Dans l’espoir que vous saurez faire preuve de responsabilité, Veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de nos salutations distinguées.
Ampliation:
Présidence de république ; l’assemblée nationale, la primature, ministère d’état, ministère de la défense- ministère de l’intérieur ; ministère de la construction du logement et de l’urbanisme : préfecture d’Abidjan ; Sous-préfecture de Bingerville ». Fait à ELOKATO, ELOKATE et M’BATTO-BOUAKÉ, le 26 Juin 2025.
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