Crise doctorale en Côte d’Ivoire : FECODARCI plaide pour un décret auprès du Président Alassane Ouattara  

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Dans un contexte socio-éducatif où les docteurs sans emploi continuent de grossir les rangs d’une jeunesse désemparée, la Fédération des Collectifs des Docteur(e)s en Attente de Recrutement en Côte d’Ivoire (FECODARCI) était samedi 5 avril 2025 au Baron de Yopougon. Au centre des propos liminaires du Secrétaire Général de ladite fédération, Dr Tiahi Bi : un plaidoyer vigoureux adressé au Président de la République, Alassane Ouattara, pour une issue immédiate et durable à une crise qui dure depuis plus d’une décennie.

Une décennie de souffrances et d’incompréhension

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Dès l’entame de son propos, le Dr Tiahi Bi a dressé un tableau sombre et inquiétant de la situation des docteurs non recrutés en Côte d’Ivoire. « Voilà bientôt une décennie que cette crise véhicule un très mauvais message à la jeunesse ivoirienne : à quoi sert-il d’aller jusqu’au doctorat si c’est pour être le plus malheureux de la chaîne sociale et scolaire ? », a-t-il interrogé avec gravité.

Pour lui, le paradoxe est profond : consacrer 21 années d’une vie (dans un pays où l’espérance de vie avoisine les 60 ans) aux études pour ensuite passer dix ans dans le chômage, est une injustice sociale inacceptable. Il a rappelé que huit docteurs sont déjà décédés dans l’indifférence totale, sans jamais avoir exercé le métier pour lequel ils ont consenti d’énormes sacrifices. D’autres, rongés par la pauvreté, sombrent dans la dépression. « Faut-il que ces hommes et femmes meurent dans le silence, sans avoir servi leur pays ? », s’est-il indigné.

Le concours : une solution insuffisante

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Dans son développement, Dr Tiahi Bi a relevé les limites criantes du concours de recrutement tel que pratiqué actuellement. Si le principe d’un concours peut sembler juste en théorie, il est en réalité discriminatoire en pratique. Il ne prend pas en compte toutes les filières.

« Il y a des années où certaines disciplines ne figurent même pas parmi les besoins exprimés. Pourtant, les soutenances continuent, et les docteurs diplômés s’accumulent », a-t-il dénoncé. Par ailleurs, plusieurs docteurs, fonctionnaires dans d’autres administrations, doivent abandonner leur ancien statut pour espérer intégrer l’enseignement supérieur, sans garantie d’être recrutés. D’autres encore, âgés de 58 ans, n’ont que deux années à passer avant la retraite, sans jamais avoir été reclassés selon leur niveau réel. La situation devient ainsi un cercle vicieux, où l’attente ne débouche sur rien.

La reconversion : un faux espoir pour les docteurs

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Abordant la question de la reconversion, le SG de la FECODARCI s’est voulu clair : « On n’a pas besoin d’un doctorat pour entreprendre ou faire du commerce. Le doctorat, par essence, est orienté vers la recherche et le service à l’État ».

Ce diplôme est obtenu après une sélection rigoureuse, avec une autorisation préalable pour s’inscrire en Master 2 et en thèse. Il ne saurait donc être banalisé comme un simple diplôme de plus sur le marché du travail. Il estime que cette logique de reconversion impose aux docteurs une perte de sens et une frustration morale. « Ce n’est pas que nous refusons de travailler, mais ce que nous voulons, c’est servir notre pays à la hauteur de nos compétences, là où notre formation est la plus utile », a-t-il expliqué.

Le doctorat : une richesse nationale à valoriser

Dans une envolée empreinte de patriotisme, Dr Tiahi Bi a défendu la nécessité du doctorat pour la Côte d’Ivoire. Pour lui, toutes les grandes nations du monde se sont développées grâce à l’investissement dans la recherche et l’éducation. « Le doctorat est un pilier du développement durable. Il est temps que la Côte d’Ivoire s’appuie sur son intelligentsia pour relever les défis du présent et de l’avenir », a-t-il martelé.

Un décret présidentiel pour une sortie durable de crise

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Face aux limites du concours et aux souffrances des docteurs, la FECODARCI appelle à une solution politique forte : un décret présidentiel pour leur recrutement exceptionnel. Pour Dr Tiahi Bi, il s’agit de répondre à une urgence sociale et morale.

« Monsieur le Président de la République, vous seul pouvez donner de l’espoir à ces milliers d’Ivoiriens qui ont tout donné pour être utiles à leur pays. Vous seul pouvez faire de cette génération sacrifiée, une génération retrouvée », a-t-il plaidé.  Et de conclure :

« Nos parents ont souffert pour que nous arrivions au doctorat. Aujourd’hui, ils regrettent parfois de nous avoir poussés jusqu’à ce niveau. Donnez-nous la chance de leur prouver qu’ils ont eu raison de croire en l’école. Donnez à cette jeunesse méritante l’occasion de servir avec foi et compétence. Nous n’aspirons pas à devenir riches, mais à servir la nation avec dignité ».

La FECODARCI est à une énième lamentation, mais un cri du cœur, un appel à la justice et à la responsabilité. Les docteurs ivoiriens attendent un signal fort de leur Président. Ils espèrent un décret qui marquera un tournant dans la gestion de l’élite intellectuelle du pays. Ils espèrent, tout simplement, exister.

Ledebativoirien.net

H.KARA


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