Crise ivoirienne-«Que faire pour des élections apaisées en 2020 ?’’: les 3 recettes du politologue Julien KOUAO

5 min read

Elections apaisées cote d'ivoire Julien Kouao critique LEDEBATIVOIRIEN.NETAux pages 37, 38 et 39 de son dernier essai, paru en Juillet 2020, il expose les erreurs à éviter pour avoir une élection présidentielle apaisée. «Malheureusement, personne ne lit et n’écoute les écrivains» crie-t-il et pourtant. Avec  « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates? La ploutocratie n’est pas la démocratie », le politologue et écrivain Geoffroy-Julien KOUAO, tient à éclairer les pas des gouvernants dans la marche de la démocratie par des élections transparentes. Il livre ici, 3 clefs pour la paix…

PP 37, 38 et 39 « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates? La ploutocratie n’est pas la démocratie »

« Un parti politique est une association de droit privé regroupant des personnes physiques unies par une idéologie avec pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. Dans une démocratie républicaine, la conquête et la dévolution du pouvoir se font par voie d’élection. Celle-ci se définie comme étant un mode de désignation des gouvernants par les gouvernés. Malheureusement, la compétition  électorale a toujours été source de déchirure politique et de fracture sociale.

En 1995, le Front républicain, qui réunissait la droite libérale et la gauche socialiste,  avait  appelé ses militants au boycott actif du scrutin présidentiel. Le FPI et le RDR réclamaient des urnes transparentes, la création d’une commission électorale indépendante. Le pouvoir, dirigé par le PDCI-RDA,  leur a opposé une fin de non recevoir. Le bilan du boycott s’élevait à  30 morts. En 2000, en pleine proclamation des résultats  de l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat dissout  la commission chargée d’organiser les élections et s’autoproclame Président de la République.

Son adversaire, le candidat du FPI,  appelle à la résistance d’une part, le RDR, dont le candidat avait été écarté de la course présidentielle par la cour suprême, demande la reprise du scrutin, d’autre part. La confusion est totale. Bilan 300 morts. En 2010, à l’élection présidentielle,  La CEI proclame le candidat du RHDP vainqueur, le Conseil  constitutionnel  affirme le contraire et proclame le candidat de la LMP victorieux.

kouao julien4 politologue5Il s’ensuit une guerre civile avec 3000 morts. Comment éviter qu’en 2020, l’élection du président de la république n’occasionne pas 30.000 morts ? C’est le principal enjeu des prochaines consultations électorales. Pour des élections apaisées, les partis politiques ont un grand rôle à jouer. Tous les politologues  le savent, un parti politique a un triple rôle : La formation de l’opinion ; le choix des candidats et le suivi des élus.

 

1-Éviter des discours impolitiques et centrifuges

Les formations politiques ivoiriennes doivent enseigner à leurs militants la culture de la courtoisie discursive et de la rhétorique pacifique.

Les militants doivent tenir des propos allant dans le sens de l’apaisement, de la sincérité et de la crédibilité du scrutin. Les dirigeants et militants doivent éviter des discours et attitudes équivoques. Quand des leaders politiques affirment avant les élections ou pendant la campagne électorale « On gagne ou on gagne », ou encore « Tout est bouclé, tout est géré », quelle est l’objectif poursuivi ?

Quelle intention se cache derrière  de tels propos ? Même si par extraordinaire, vous êtes élus, vos adversaires ont des raisons objectives de douter de la sincérité du scrutin puisque  de par votre posture impolitique, vous leur avez prêté le flanc. Toutes choses qui peuvent occasionner des contestations et conduire à des violences électorales.

 

2-Eviter de choisir des candidats problématiques

julien kouao crise électorale ledebativoirien.netLes partis politiques et leurs militants ont connaissance des conditionnalités à remplir pour être candidat à une élection nationale ou locale. La Constitution et le code électoral sont d’une extrême accessibilité. Les formations politiques doivent éviter de présenter des candidats qui  ne réunissent pas les conditions.

De deux choses l’une, soit la candidature est rejetée et le parti ou les partis parrainant le candidat font leur, la posture de la victimisation, soit la candidature est acceptée et ce sont les adversaires politiques qui diront que  les institutions chargées d’organiser et d’arbitrer  les élections sont sous  les ordres de telle ou telle autre institution et tout ceci, à l’évidence, contribué à créer un environnement propice aux violences électorales. Les partis politiques doivent donc choisir des candidats irréprochables, non problématiques.

3-Eviter les réformes inopportunes

La troisième fonction des partis politiques est l’encadrement, le suivi de leurs élus. Relativement aux élections, les partis doivent donner des  consignes claires à leurs sénateurs et députés. Ceux-doivent éviter de voter des lois  qui peuvent remettre en cause  la crédibilité des élections.

KOUA GEOFFROY AMADOU GON LEDEBATIVOIRIEN.NETLes parlementaires doivent par exemple rejeter toute tentative de révision du code électoral ou de la constitution visant à écarter de potentiels candidats. Les élus doivent s’interdire des prendre des actes juridiques allant contre la transparence des élections, l’égalité entre les candidats. A l’inverse, les partis politiques,  même s’ils sont de l’opposition,  doivent demander  à leurs élus de voter toute loi ou mesure  qui favorisent des élections inclusives, démocratiques et transparentes. Les partis politiques, les hommes et les femmes politiques ivoiriens doivent savoir que le multipartisme suppose la compétition politique mais parfois sinon souvent  la coopération politique, surtout quand l’intérêt de la nation l’exige ».

ledebativoirien.net

Extraits du livre « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates?

La ploutocratie n’est pas la démocratie. » de Geoffroy-Julien KOUAO


En savoir plus sur LE DEBAT IVOIRIEN

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Du même auteur