Aux pages 37, 38 et 39 de son dernier essai, paru en Juillet 2020, il expose les erreurs à éviter pour avoir une élection présidentielle apaisée. «Malheureusement, personne ne lit et n’écoute les écrivains» crie-t-il et pourtant. Avec « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates? La ploutocratie n’est pas la démocratie », le politologue et écrivain Geoffroy-Julien KOUAO, tient à éclairer les pas des gouvernants dans la marche de la démocratie par des élections transparentes. Il livre ici, 3 clefs pour la paix…
PP 37, 38 et 39 « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates? La ploutocratie n’est pas la démocratie »
« Un parti politique est une association de droit privé regroupant des personnes physiques unies par une idéologie avec pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. Dans une démocratie républicaine, la conquête et la dévolution du pouvoir se font par voie d’élection. Celle-ci se définie comme étant un mode de désignation des gouvernants par les gouvernés. Malheureusement, la compétition électorale a toujours été source de déchirure politique et de fracture sociale.
En 1995, le Front républicain, qui réunissait la droite libérale et la gauche socialiste, avait appelé ses militants au boycott actif du scrutin présidentiel. Le FPI et le RDR réclamaient des urnes transparentes, la création d’une commission électorale indépendante. Le pouvoir, dirigé par le PDCI-RDA, leur a opposé une fin de non recevoir. Le bilan du boycott s’élevait à 30 morts. En 2000, en pleine proclamation des résultats de l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat dissout la commission chargée d’organiser les élections et s’autoproclame Président de la République.
Son adversaire, le candidat du FPI, appelle à la résistance d’une part, le RDR, dont le candidat avait été écarté de la course présidentielle par la cour suprême, demande la reprise du scrutin, d’autre part. La confusion est totale. Bilan 300 morts. En 2010, à l’élection présidentielle, La CEI proclame le candidat du RHDP vainqueur, le Conseil constitutionnel affirme le contraire et proclame le candidat de la LMP victorieux.
Il s’ensuit une guerre civile avec 3000 morts. Comment éviter qu’en 2020, l’élection du président de la république n’occasionne pas 30.000 morts ? C’est le principal enjeu des prochaines consultations électorales. Pour des élections apaisées, les partis politiques ont un grand rôle à jouer. Tous les politologues le savent, un parti politique a un triple rôle : La formation de l’opinion ; le choix des candidats et le suivi des élus.
1-Éviter des discours impolitiques et centrifuges
Les formations politiques ivoiriennes doivent enseigner à leurs militants la culture de la courtoisie discursive et de la rhétorique pacifique.
Les militants doivent tenir des propos allant dans le sens de l’apaisement, de la sincérité et de la crédibilité du scrutin. Les dirigeants et militants doivent éviter des discours et attitudes équivoques. Quand des leaders politiques affirment avant les élections ou pendant la campagne électorale « On gagne ou on gagne », ou encore « Tout est bouclé, tout est géré », quelle est l’objectif poursuivi ?
Quelle intention se cache derrière de tels propos ? Même si par extraordinaire, vous êtes élus, vos adversaires ont des raisons objectives de douter de la sincérité du scrutin puisque de par votre posture impolitique, vous leur avez prêté le flanc. Toutes choses qui peuvent occasionner des contestations et conduire à des violences électorales.
2-Eviter de choisir des candidats problématiques
Les partis politiques et leurs militants ont connaissance des conditionnalités à remplir pour être candidat à une élection nationale ou locale. La Constitution et le code électoral sont d’une extrême accessibilité. Les formations politiques doivent éviter de présenter des candidats qui ne réunissent pas les conditions.
De deux choses l’une, soit la candidature est rejetée et le parti ou les partis parrainant le candidat font leur, la posture de la victimisation, soit la candidature est acceptée et ce sont les adversaires politiques qui diront que les institutions chargées d’organiser et d’arbitrer les élections sont sous les ordres de telle ou telle autre institution et tout ceci, à l’évidence, contribué à créer un environnement propice aux violences électorales. Les partis politiques doivent donc choisir des candidats irréprochables, non problématiques.
3-Eviter les réformes inopportunes
La troisième fonction des partis politiques est l’encadrement, le suivi de leurs élus. Relativement aux élections, les partis doivent donner des consignes claires à leurs sénateurs et députés. Ceux-doivent éviter de voter des lois qui peuvent remettre en cause la crédibilité des élections.
Les parlementaires doivent par exemple rejeter toute tentative de révision du code électoral ou de la constitution visant à écarter de potentiels candidats. Les élus doivent s’interdire des prendre des actes juridiques allant contre la transparence des élections, l’égalité entre les candidats. A l’inverse, les partis politiques, même s’ils sont de l’opposition, doivent demander à leurs élus de voter toute loi ou mesure qui favorisent des élections inclusives, démocratiques et transparentes. Les partis politiques, les hommes et les femmes politiques ivoiriens doivent savoir que le multipartisme suppose la compétition politique mais parfois sinon souvent la coopération politique, surtout quand l’intérêt de la nation l’exige ».
ledebativoirien.net
Extraits du livre « Côte d’Ivoire: Une démocratie sans démocrates?
La ploutocratie n’est pas la démocratie. » de Geoffroy-Julien KOUAO
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