Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? »-Chronique de Petrouce

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Ce lundi 20 octobre 2025, le PDCI-RDA totalise 79 ans, 6 mois et 11 jours d’existence. Un âge vénérable pour un parti qui fut le creuset des luttes pour l’indépendance, le bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne, le père fondateur de l’État républicain, et l’architecte des institutions démocratiques.

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net

Mais aujourd’hui, ce patrimoine politique exceptionnel semble en dissonance avec sa propre mélodie. Le parti qui incarnait la rigueur, la vision et la stabilité apparaît désorienté, en perte de repères, et en décalage avec son credo historique. Le contraste est saisissant :

Un parti né pour structurer la nation, qui peine désormais à se structurer lui-même. Un parti qui a codifié les droits fondamentaux, mais qui peine à les faire valoir pour ses propres candidats. Le PDCI-RDA est à la croisée des chemins : entre mémoire glorieuse et présent incertain. Le PDCI-RDA, jadis symbole de sagesse, de rigueur, de vision et de dignité, fut porté par deux figures tutélaires de l’histoire ivoirienne :

Félix Houphouët-Boigny, le Sage de l’Afrique, père fondateur de la nation.

Henri Konan Bédié, juriste, économiste, diplomate, et Père du miracle ivoirien, affectueusement surnommé le Pépé ivoirien. À travers eux, le PDCI-RDA incarnait une certaine idée de la Côte d’Ivoire : celle du dialogue, de la stabilité, et d’un enracinement populaire profond. Il était plus qu’un parti : un pilier de la République, un repère moral et institutionnel. Mais aujourd’hui, ce fondement historique vacille.

Le parti semble s’éloigner de ses préceptes, perdre ses repères et diluer sa mémoire militante dans une logique de gestion d’apprentis politiciens et de communication creuse. La question n’est plus seulement politique. Elle est existentielle. Car un parti qui ne sait plus d’où il vient peine à savoir où il va.

Un parti en perte d’âme sous une direction contestée

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net

Aujourd’hui, le PDCI-RDA est en train de perdre son âme. Et si rien n’est fait pour corriger le cap, il risque de la perdre définitivement. Sous la direction de Tidjane Thiam, le fameux ingénieur de formation, propulsé pour ne pas dire bombardé à la tête du parti sans véritable ancrage militant, le PDCI-RDA semble s’éloigner de ses préceptes historiques, de son identité politique, et de sa mémoire collective.

La logique du mérite, qui faisait la force du parti, a cédé la place à celle du prestige. La charrue est passée avant le bœuf : les ambitions personnelles ont pris le pas sur les exigences statutaires et les réalités du terrain. Les promesses s’accumulent sans lendemain, les incohérences internes se multiplient, et les maladresses juridiques fragilisent le parti.

Les symptômes d’un affaiblissement profond

Les signes de déclin sont désormais visibles et incontestables : un militantisme affaibli, miné par la perte de repères et le manque de reconnaissance. Des procédures statutaires bafouées, au mépris des textes fondateurs du parti. Une administration interne en panne, incapable de répondre aux exigences modernes. Une participation électorale en chute libre, révélant un affaiblissement stratégique et organisationnel.

 Le PDCI-RDA version Thiam : un paradoxe institutionnel troublant

Comment un parti aussi structuré, qui a fondé tous les organes juridictionnels de la Côte d’Ivoire, peut-il se retrouver exclu du processus présidentiel, simplement parce qu’il a été incapable de proposer un candidat en règle, avec des documents conformes aux exigences constitutionnelles ?

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net

Le paradoxe est saisissant : le PDCI-RDA, rédacteur historique de la loi fondamentale ivoirienne, garant des droits et libertés républicaines, se retrouve aujourd’hui en porte-à-faux avec les mêmes textes qu’il a contribué à bâtir. Un parti qui a pensé, codifié et institué les droits primordiaux ne peut se permettre de les tordre, de les contourner ou de les négliger, surtout lorsqu’il prétend incarner l’alternance et la rigueur institutionnelle.

Ce dysfonctionnement révèle une crise de gouvernance interne, une déconnexion entre les ambitions affichées et les réalités administratives, et notamment une perte de maîtrise juridique qui entame la crédibilité du parti.

Le PDCI-RDA ne peut se contenter d’un vernis historique. Il doit redevenir acteur de droit, et non victime de ses propres lacunes. Car l’histoire ne protège pas de l’oubli, et le prestige ne garantit pas la légitimité.

Ce paradoxe est révélateur d’un malaise plus profond. Le PDCI-RDA, qui avait plusieurs cordes à son arc sur le plan politico-juridique, semble aujourd’hui jouer faux, désaccordé, et en perte de cohérence.

Et si l’âme du parti ne réside pas seulement dans ses archives, ses figures historiques ou ses discours d’antan, mais dans sa capacité à incarner une vision partagée, une rigueur institutionnelle et une proximité militante, alors la question mérite d’être posée sans détour :

le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme…ou l’a-t-il déjà perdue ?

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net
PETROUCE Pierre Nicaise GNAGNE
(Citoyen ivoirien engagé, observateur libre des silences politiques, témoin lucide des stratégies manquées. Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA

Comment un parti qui a façonné la République peut-il aujourd’hui se retrouver en marge de la compétition électorale, exclu du corps électoral, et incapable de faire respecter ses droits ? Comment expliquer qu’on accède à la présidence du parti avec des documents jugés non conformes aux statuts, tout en prétendant à la magistrature suprême avec une identité binationale dans un pays où la question de la nationalité est politiquement sensible ?

Le PDCI-RDA avait plusieurs cordes à son arc : sagesse, enracinement, expérience, réseau, mémoire (…). Mais aujourd’hui, il semble jouer faux, désaccordé, et en perte de repères. Alors oui, la question mérite d’être posée sans détour : le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme… ou l’a-t-il déjà perdue ?

 Présidentielle du 25 octobre 2025 : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

La question reste entière, et le malaise persiste : pourquoi Tidjane Thiam n’est-il pas inscrit sur la liste électorale ? À quelques jours d’un scrutin crucial, cette absence soulève des interrogations profondes sur la stratégie, la préparation et la gouvernance du PDCI-RDA. Est-ce le fruit d’un défaut d’enracinement local, d’une erreur administrative, ou d’une stratégie politique mal ficelée ? Certains observateurs évoquent une méconnaissance des exigences du Code électoral ivoirien, notamment en matière de résidence effective, de présence territoriale continue, et de justificatifs légaux.

D’autres pointent du doigt des blocages internes au parti, des rivalités non résolues, ou une gestion approximative du calendrier électoral, qui aurait laissé passer les délais sans réaction. Ce flou alimente une crise de crédibilité. Comment un parti aussi ancien, aussi structuré, peut-il se retrouver dans une telle impasse ? Comment le PDCI-RDA, qui a contribué à rédiger la Constitution et à bâtir les institutions républicaines, peut-il échouer à faire respecter les règles qu’il a lui-même instituées ?

Présidentielle 2025 : un retrait volontaire aux allures de naufrage politique

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net

Le retrait volontaire, mais en réalité forcé, du PDCI-RDA de la présidentielle du 25 octobre 2025, imputable à Tidjane Thiam et à sa direction controversée, constitue l’un des plus grands ratés politiques de l’histoire contemporaine du parti. Ce faux pas, orchestré par un apprenti politicien propulsé sans enracinement militant, restera gravé dans les annales du PDCI-RDA comme une faute stratégique majeure, aux conséquences durables.

Pour l’heure, Tidjane Thiam et son équipe contestée semblent minimiser la gravité de cette auto-exclusion. Le PDCI-RDA ne fut pas écarté par une force extérieure, mais par ses propres erreurs et choix stratégiques mal maîtrisés. Cette mise à l’écart du jeu électoral est le fruit d’une négligence interne, non d’une injustice institutionnelle. Ce déni de responsabilité pourrait bien coûter cher au parti. Car tôt ou tard, le regret s’imposera comme une évidence politique et historique.

Car cette erreur n’est ni anodine, ni passagère : elle révèle une incapacité à anticiper les exigences électorales, une fragilité juridique, et une désorganisation interne qui entame profondément la crédibilité du parti. Ce retrait, loin d’être une simple absence, est le symptôme d’un malaise structurel, d’un leadership déconnecté, et d’une rupture entre les ambitions affichées et les réalités du terrain.

PDCI

Elle est : •    Politico-juridique, car elle révèle une méconnaissance des règles électorales et des exigences constitutionnelles.•    Structurelle, car elle expose les failles internes du parti.•         Symbolique, car elle entame l’image d’un parti qui fut jadis le garant des institutions républicaines.

Ce raté met en lumière

•        Une désorganisation interne, où les rouages du parti ne fonctionnent plus en cohérence.• Une fragilité juridique, qui expose le PDCI-RDA à des exclusions et des contestations.•     Une perte de maîtrise politique, qui affaiblit sa capacité à anticiper, à mobiliser et à incarner une alternative crédible.

Ce flou alimente les interrogations sur

•        La solidité de la candidature Thiam.•        La légitimité de sa direction.• La capacité du PDCI-RDA à naviguer dans l’arène électorale avec rigueur et stratégie.

Comment un parti septuagénaire et bien structuré peut-il se retrouver dans une telle impasse ? Comment le rédacteur historique de la Constitution ivoirienne peut-il être incapable de respecter les règles qu’il a lui-même instituées ? 

Retrait volontaire aux allures de naufrage politique : « Le PDCI-RDA est-il en train de perdre son âme ou l’a déjà perdue ? » -Chronique de Petrouce; Ledebativoirien.net
PETROUCE Pierre Nicaise GNAGNE

(Citoyen ivoirien engagé, observateur libre des silences politiques, témoin lucide des stratégies manquées. Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA Analyste politique –Chroniqueur–Éditorialiste-Consultant en Stratégie Électorale et Gouvernance).

Ce raté, s’il n’est pas assumé et corrigé, risque de fragiliser davantage la crédibilité du parti, d’alimenter le doute dans les rangs militants, et de creuser une fracture durable entre la base et la direction. Et dans un contexte sous lequel la confiance est le socle de toute mobilisation politique, le PDCI-RDA ne peut se permettre de jouer avec sa propre survie politique.

Par PETROUCE Pierre Nicaise GNAGNE

(Citoyen ivoirien engagé, observateur libre des silences politiques, témoin lucide des stratégies manquées. Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA Analyste politique –Chroniqueur–Éditorialiste-Consultant en Stratégie Électorale et Gouvernance).

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