Le village de M’Batto-Bouaké au Conseil Constitutionnel
A la recherche d’un parapluie atomique. Le 8 juillet 2025, le Tribunal de Première Instance de Bingerville condamne Hien Kambiré Ibrahim à 36 mois de prison ferme, à une amende de 1.000.000 FCFA et au versement de dommages et intérêts au village de M’Batto-Bouaké, pour faux et usage de faux.
Le Tribunal : « déclare le prévenu HIEN KAMBIRE IBRAHIM, coupable des faits d’abus de confiance portant sur des frais de mutation mis à sa charge. Requalifie les faits de faux et usage de faux commis en écriture publique et authentique initialement poursuivis en ceux de faux et usage de faux en écriture privée et déclare le prévenu HIEN KAMBIRE IBRAHIM coupable des faits ainsi requalifiés;
En répression, le condamne à 36 mois d’emprisonnement ferme et à 1 000.000 FCFA d’amende; Le condamne, en outre, à 10 ans de privation des droits et 03 ans d’interdiction de paraître en dehors de son lieu de naissance ». Mais, le condamné veut être le député de la commune de ses victimes. Allez-y comprendre quelque chose à Bingerville.
Hien Ibrahim réagit et dénonce une tentative d’induction en erreur de la justice
L’accusé ou mis en cause s’est prononcé sur sa candidature aux législatives le 28 novembre 2025 devant la presse. Il estime être victime d’un harcèlement de personnes tapis dans l’ombre qui tentent d’induire en erreur la justice en vue de l’écarter de la course aux législatives dans la circonscription de Bingerville. ́ « C’est une grosse cabale pour tenter de tromper la justice, alors que nous bénéficions de la présomption d’innocence…
On a voulu utiliser la justice pour tenter de m’écarter, mais nous faisons confiance en la justice, nous avons confiance. Il y a plusieurs manœuvres d’acharnement contre nous;
cela signifie que nous représentons quelque chose sur le terrain. Car sur 10 candidats que nous sommes à Bingerville, c’est sur nous que des personnes tapis dans l’ombre s’acharnent » s’est-il défendu.
Mais que lui reproche au juste le Tribunal dans le scandale foncier
L’affaire concerne sa gestion controversée du lotissement « Apponian Résidentiel » dans la circonscription de Bingerville. Après quelques semaines de détention au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan, l’homme d’affaires obtient une liberté conditionnelle le 27 août 2025. Il reste à la disposition de la justice pour un détournement de fonds estimé par les plaignants à « plus de 400 millions de FCFA ».
Il sent la menace planer comme l’épée Damoclès sur sa tête. Mais une idée pousse sous son crâne. Chercher rapidement une immunité parlementaire comme plusieurs hommes d’affaires ayant enfilé la tenue du parlementaire. Il a de la chance, sa mise en liberté provisoire conditionnelle coïncide avec les préparatifs des législatifs de décembre 2025. Il s’engouffre dans l’opportunité.
Condamné en juillet 2025 à la prison ferme l’opérateur économique Hien Kambiré Ibrahim. Il veut devenir député de la commune de Bingerville. Son nom a été retrouvé par les populations du village de M’Batto-Bouaké sur la liste provisoire des candidats publiée le mardi 18 novembre 2025 par la Commission électorale.
Elles saisissent le Conseil Constitutionnel. Un autre combat commence pour l’homme du lotissement « Apponian Résidentiel ». Vat-il sortir de ses démêlés judiciaires ? Ledebativoirien.net membre d’un consortium de médias d’investigation revient sur les faits.
Ingénieux système d’escroquerie foncière
L’enquête ayant abouti à la condamnation de Hien Kambiré Ibrahim, initiée par une citation directe le 2 décembre 2024, a révélé un système bien rodé. L’homme d’affaires comparaissait pour des faits d’escroquerie, d’abus de confiance sur des frais de mutation, et de faux et usage de faux, commis entre 2019 et 2024 à Bingerville.
En sa qualité de gérant de la société CICP ASSAMAD SARL, il était chargé de reverser à la chefferie du village les frais de mutation de chaque lot vendu, s’élevant à 400 000 FCFA par parcelle. Selon les témoignages à l’audience, il n’a pas respecté cet engagement. Un précédent jugement du Tribunal de Commerce d’Abidjan a déjà établi qu’il a conservé indûment les frais de mutation de 338 lots, pour un montant total de 135.000 000 FCFA.
Des promesses illusoires et des preuves accablantes
A la barre le 8 juillet 2025, le procureur a souligné que Hien Ibrahim a « fait rêver la communauté villageoise de M’Batto-Bouaké » en leur promettant 35 lots au sein du projet « Apponian Résidentiel ». Or, la plupart de ces lots avaient déjà été attribués à d’autres personnes, caractérisant ainsi une escroquerie. Face à l’ensemble des preuves, des documents administratifs falsifiés,
le procureur a requis contre lui une peine de 36 mois d’emprisonnement ferme et une amende de 1 000 000 FCFA. Une réquisition suivie par le tribunal, qui l’a déclaré coupable de l’ensemble des faits reprochés. Condamné, il passe quelques semaine en prison, puis, il bénéficié d’une liberté provisoire qu’il tente de mettre à profit de façon massive par une cachette de cinq ans bien assurée à l’hémicycle.
Ce que décide et déclare le Tribunal
« Étant entendu que la chefferie et la communauté villageoise de M’Batto-Bouaké ont subi un énorme préjudice financier, dû à la perte de dix-neuf (19) lots, abusivement vendus par le prévenu sans le consentement de ladite communauté et à la perte de frais de mutation, sans oublier le préjudice moral souffert par la victime (l’ex chef du village).
Que, cependant, la somme sollicitée est excessive de sorte qu’il y a lieu de la ramener à de justes proportions en tenant compte des circonstances de la cause et de condamner le prévenu Hien Kambiré Ibrahim, sous la garantie de la Société CICP ASSAMAD SARL à lui payer la somme de 100.000.000 FCFA à titre de dommages et intérêts en réparation du préjudice moral subi, tout en déboutant la partie civile du surplus de cette demande.
Statuant publiquement contradictoirement,
en matière correctionnelle et en premier ressort, la Cour a rejeté l’irrecevabilité de l’action publique soulevée par les conseils du prévenu. Elle a déclaré le prévenu Hien Kambiré Ibrahim non coupable des faits d’escroquerie mis à sa charge. Le renvoie des fins de la poursuite pour cette infraction.
En revanche, déclare le prévenu
HIEN KAMBIRE IBRAHIM, coupable des faits d’abus de confiance portant sur des frais de mutation mis à sa charge. Requalifie les faits de faux et usage de faux commis en écriture publique et authentique initialement poursuivis en ceux de faux et usage de faux en écriture privée et déclare le prévenu HIEN KAMBIRE IBRAHIM coupable des faits ainsi requalifiés;
En répression, le condamne à 36 mois d’emprisonnement ferme et à 1 000.000 FCFA d’amende; Le condamne, en outre, à 10 ans de privation des droits et 03 ans d’interdiction de paraître en dehors de son lieu de naissance; Ordonne la confiscation des guides qu’il a illégalement confectionnés en vue de leur remise à la chefferie du village de M’BATTO-BOUAKE. Vu la gravité des faits décerne mandat d’arrêt à l’encontre de HIEN KMBIRE IBRAHIM. Condamne le prévenu aux entiers dépens de l’instance.
Le condamne, en outre au remboursement des frais liquidés à trente mille trois cents francs (33.330 FCFA) et ce, compris les droits de timbre d’enregistrement, de communication postale et de signification du présent jugement auxquels ils sont condamnés;
Fixe, quant à l’amende et aux dommages-intérêts et au paiement des frais envers l’Etat, la durée de la contrainte par corps minimum s’il y a lieu de l’exercer dans le délai de trois mois à compter du jour où la décision sera devenue définitive, en application de l’article 488 de la loi portant code de procédure pénale (….)
En foi de quoi, le présent jugement est signé, par le Magistrat qui l’a rendu et par le Greffier, les jour, mois, et an susdits./. Enregistré à Abidjan, le 31 juillet 2025 Registre A.J-VOL.48 AF 55N° Bordereau 565/01 le 31 juillet 2025″, le Tribunal. » Ainsi jugé. Mais Hien Kambiré chargé de cette condamnation veut s’abrité à l’hémicycle….
Sa candidature : une provocation pour les victimes
C’est peu de dire que la candidature de Hien Kambiré Ibrahim, à peine sorti de prison, soulève de sérieuses questions éthiques et juridiques sur l’éligibilité d’une personne condamnée pour avoir spolié une communauté qu’elle prétendra représenter demain. À peine sorti de prison le 27 août 2025, grâce à une liberté conditionnelle accordée avec une certaine clémence;
Hien Ibrahim n’a pas tardé à faire de nouveau parler de lui en déposant sa candidature en tant qu’indépendant aux prochaines élections législatives pour la circonscription de Bingerville. Pour le village de M’Batto-Bouaké, qui se bat toujours pour obtenir réparation, cette initiative est une véritable provocation et un acte une défiance totale envers la justice et ses victimes. « C’est une insulte pour nous tous », confie la communauté spoliée.
Que dit son casier judiciaire ?
Un individu condamné et placé en liberté conditionnelle peut-il briguer un mandat électif ? En Côte d’Ivoire, la loi électorale est claire : pour être éligible, un candidat doit jouir de tous ses droits civils et politiques. Or, une condamnation pénale pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance, surtout assortie d’une peine de prison ferme, entraîne généralement une déchéance ou une suspension de ces droits pour une durée déterminée.
Le statut de la liberté conditionnelle ne simplifie pas l’affaire pour Hien Kambiré Ibrahim. Bien qu’il ne soit plus en détention, il reste sous le contrôle de la justice et sa peine n’est pas encore purgée dans sa totalité. Ce cas met en lumière les débats récurrents sur l’indépendance de la justice et l’application parfois variable des règles en Côte d’Ivoire, où les interprétations juridiques peuvent teinter d’enjeux politiques.
Pour de nombreux observateurs, la validation d’une telle candidature par la CEI pourrait sérieusement entamer la crédibilité du processus démocratique et renforcer le sentiment d’une justice à deux vitesses, où les condamnations n’empêchent pas de viser les plus hautes fonctions. Mais le Conseil Constitutionnel n’a pas encore parlé sur son cas.
Quel signal pour la morale publique
Au-delà des subtilités juridiques, la candidature de Hien Ibrahim pourrait envoyer un signal désastreux à la société. En se présentant devant les électeurs, un individu condamné pour avoir trahi la confiance de ses partenaires et spolié une communauté semble promouvoir l’idée que l’intégrité n’est plus une condition nécessaire pour exercer une fonction publique. Cette situation risque de renforcer le cynisme des citoyens envers la classe politique et de banaliser la malhonnêteté.
Quel message envoie-t-on à la jeunesse et à l’ensemble de la population lorsqu’une condamnation pour escroquerie ne constitue plus un obstacle, mais une simple péripétie dans un parcours politique ? « C’est une prime à l’impunité qui écorne profondément les valeurs républicaines et le principe fondamental selon lequel un élu doit être, avant tout, digne de confiance », juge un analyste politiste.
Un casse-tête juridique et politique en perspective s’il était élu
L’hypothèse de son élection, bien que semblant cynique, soulève un véritable casse-tête. Que se passerait-il si Hien Ibrahim remportait le siège de député et que, dans le même temps, sa condamnation était devenue définitive ? Le sort qui lui serait alors réservé est en principe dicté par la loi. Une condamnation pénale définitive pour des faits de cette nature entraîne la déchéance des droits civiques, et par conséquent, une inéligibilité. Dans ce cas, même élu, il se retrouverait dans l’incapacité légale d’exercer son mandat.
Le Conseil Constitutionnel serait alors saisi pour constater la vacance du siège, déclenchant l’organisation d’une nouvelle élection partielle. Son immunité parlementaire ne le protégerait pas, car celle-ci ne saurait faire obstacle à l’exécution d’une décision de justice devenue définitive pour des faits commis avant son élection.
La situation créerait une crise institutionnelle inédite et coûteuse, tout en jetant le discrédit sur l’Assemblée Nationale. Ce scénario illustre parfaitement le risque que représente une telle candidature, non seulement pour la morale, mais aussi pour la stabilité et la crédibilité des institutions de la République.
Soné quipe de campagne réagit
Pour défendre son image et sa candidature dans cette affaire juridico-politique, Hien Ibrahima a le soutien du Engagement Citoyen pour Bingerville. Cette structure déclare : « Le mouvement ECB, Engagement Citoyen pour Bingerville, la coordination de campagne de M. Hien Ibrahim, candidat déclaré à la candidature aux élections législatives à Bingerville, informe l’opinion publique qu’elle s’insurge formellement contre les allégations relayées par un article attribué à une personne se présentant comme un journaliste.
A ce jour, aucune condamnation pénale définitive, aucune privation de droits civiques légalement établie, ni aucune décision judiciaire exécutoire n’a été notifiée à M. Hien Ibrahim….». Une réaction de la direction de campagne pour le compte du condamné candidat.
Voici ce que disait aussi le concerné Hien Ibrahim juste après le prooncé de la sentence
En août dernier, joint par la rédaction après le prononcé du verdict voici ce que déclare le condamné Hien Ibrahim. : « Je n’ai rien à dire pour le moment sur cette affaire. L’affaire étant toujours en instruction, en appel. Je me réserverai le droit de donner en temps voulu, ma position et ma version». Il bénéficie d’une liberté provisoire, depuis, le mercredi 27 août 2025, mais reste à la disposition de la justice.
Ce que KOUDOU LIDO GOMEZ, l’ex collaborateur du gestionnaire a déclaré au juge: « Hien était à la fois opérateur et chef du village»
«Vers fin 2015, j’ai fait la connaissance de M. Hien Ibrahim qui était à la recherche de maisons et de terrains. (…) Après le partage des lots à Apponian Résidentiel, il a donné une partie à la chefferie.
Comme nous étions l’entreprise gérante, c’est nous qui faisions les répartitions. Normalement le chef est le garant des guides villageois qu’il a en sa possession. Nous n’avons pas compris par quelle alchimie, il s’est trouvé des guides opérateurs entre les mains de Hien Ibrahim.
Toutes les mutations de ce lotissement-là se faisaient au cabinet chez Hien Ibrahim. Je rappelle que l’argent des mutations appartient à la chefferie sensée les faire. Hien a donné des attestations villageoises à la chefferie avec des doublons. Cela veut dire que chaque fois que la chefferie faisait une mutation, Hien Ibrahim avait déjà vendu le lot à une ou plusieurs personnes….». Pas du tout facile, mais il veut devenir Député de la Nation. A SUIVRE….
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GRACE OZHYLLY

