Le contenu d’un enregistrement sonore présenté comme celui d’une conversation téléphonique entre Guillaume Soro et Djibrill Bassolé crée des remous entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. Au-delà de la polémique, virulente, voici les points clés d’une affaire qui suscite autant de bruit que de questions actuellement sans réponses.
Faut-il parler de «putschtape» ? Près de 24 heures après sa publication sur Internet par des personnalités pro-Gbagbo, l’enregistrement présenté comme une conversation entre Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, et Djibrill Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, n’en finit plus de faire le buzz.
Et si les réactions politiques sont, pour le moment, très timides – tout comme la couverture médiatique de l’affaire, sauf du côté de la presse pro-Gbagbo en Côte d’Ivoire -, c’est bien parce que la fameuse bande audio présente de nombreuses zones d’ombre et que les enjeux qu’elle recèle sont pour le moins considérables.
Pour l’avenir des relations ivoiro-burkinabè bien sûr, mais aussi pour le sort judiciaire de Djibrill Bassolé, incarcéré depuis le 29 septembre à Ouagadougou. Et enfin pour la carrière politique d’un acteur majeur de la scène politique ivoirienne, Guillaume Soro, dont les ambitions présidentielles ne sont plus qu’un secret de polichinelle. Jeune Afrique fait le point sur cette affaire explosive qui, manifestement, ne fait que commencer.
Un enregistrement au contenu explosif
Proposition de financement, rémunération des militaires, stratégie à adopter au cas où ce plan réussisse, mais aussi menaces de morts envers deux personnages majeurs de la transition… « Il y a deux personnes chez vous là, que moi je ne laisserai jamais, Bassolé, dit alors son interlocuteur. En tous cas, quand on va finir tout ça là, ces deux personnes là, tu dois accepter que je règle. Il y a Salif Diallo [ancien conseiller de Blaise Compaoré aujourd’hui bras droit de Roch Marc Christian Kaboré, l’un des favoris à l’élection présidentielle burkinabè, NDLR] et puis un Sy là [Chérif Sy, le président du Parlement de la transition actuelle, NDLR]… Ah non, non, non, ça je ne vais pas laisser, Bassolé, non, non, non…Ces gens peuvent pas vivre et vous allez être tranquille. Quelle que soit ta bonne volonté Bassolé, ceux-là que j’ai cités là, ils ne peuvent pas être vivants et le Burkina va être tranquille».
Est-ce un véritable enregistrement ou un montage ? Soro et Bassolé ont-ils pu parler d’événements aussi sensibles au téléphone ?
Et de lâcher : « Est-ce que toi tu imagines que nous on aurait pu faire ce qu’on est en train de faire si Tagro [Désiré de son prénom, et secrétaire général à la présidence de l’ex-président Laurent Gbagbo, blessé mortellement lors de l’assaut du bunker de ce dernier par les forces pro-Ouattara en avril 2011, NDLR] et puis IB [Ibrahim Coulibaly, rival historique de Soro au sein de la rébellion des Forces nouvelles, tué à la fin de la crise postélectorale de 2010-2011 par des forces pro-Ouattara] étaient vivants ? C’est-à-dire que tous les jours IB allait chercher à faire un coup d’État (rires)… » Rien que ça.
Un « grossier montage », selon le camp Soro
Pour l’entourage de Soro, les choses sont claires : c’est un montage de trois voix (celles de Bassolé, de Soro et une troisième non authentifiée, qui pourrait être celle d’un imitateur) que des experts vont bientôt dénoncer. Selon eux, il y a bien eu une conversation téléphonique entre Djibrill Bassolé et Guillaume Soro, mais celle-ci ne durerait que 4 minutes. Lors de cet échange, Guillaume Soro aurait effectivement proposé une aide, notamment financière, à Djibrill Bassolé pour se retirer du Burkina, suite au gel de ses avoirs.
« De toutes les façons, Djibrill est là, il est vivant et pourra témoigner », dit-on dans l’entourage de l’Ivoirien, tout en ajoutant que ce dernier « a huit ans de rébellion derrière lui » et qu’il sait donc « qu’il y a des sujets que l’on n’aborde pas au téléphone ». La contre-attaque du camps Soro a d’ailleurs déjà commencé sur Internet, avec plusieurs tweets de l’intéressé lui-même et la publication d’une seconde bande audio présentée comme extraite de la véritable conversation.
Pour le moment, dans le camp du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, on se dit donc «droit dans nos bottes » et on affiche un « business as usual » pour faire retomber le soufflet.
La réaction de l’avocat de Djibril Bassolé
La thèse d’une véritable interception téléphonique
D’où vient l’enregistrement ?
Mais après on fait quoi ?
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