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C’était l’information du mercredi 23 décembre qu’il ne fallait pas rater. Très peu d’Ivoiriens y ont pourtant fait attention. Après tout, dans un pays où les cadeaux aux amis politiques sont plutôt monnaie courante, chercher à comprendre le passage réussi de Mayama fondation, partie d’un statut de parfaite anonyme à celui d’utilité publique, qui plus est en une seule année, c’est avant tout comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Surtout quand le scandale lui-même prend la forme d’un parfait délit d’initié.
En effet, ce mercredi-là, Mayama fondation n’est pas la seule association ainsi promue. Deux autres décrets érigent la fondation du footballeur international Didier Drogba et celle du groupe Magic system en associations d’utilité publique. On est donc loin du passage en force d’avril ou mars 2011 où Alassane Ouattara, parvenu au pouvoir, prend d’autorité un décret pour proclamer Children of Africa, l’ONG de son épouse, et Servir,celle de Bédié son allié du RHDP, associations d’utilité publique.
Cette fois-ci, l’action semble désintéressée a priori puisque les promoteurs concernés semblent loin du premier cercle des amis politiques. Sauf lorsque l’on découvre le fondateur de Mayama. De nombreux biens appartenant en effet au minister de l’intérieur Hamed Bakayoko portent ce patronyme qui serait celui de sa grand-mère. On a ainsi Mayama Editions, détentrice d’une roto d’imprimerie et du journal «Le Patriote», très proche du Rassemblement Des Républicains mais avant tout propriété du ministre.
Mayama fondation n’a pas non plus de siège connu. Donc pas d’employés. Ce qui pourrait aisément expliquer pourquoi elle n’a pas de site. Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Selon un journaliste de Déclic qui connait bien Magic System, c’est maintenant que le groupe va songer à construire un siège pour la fondation Magic System. En attendant, le patron des magiciens reçoit dans les bureaux de sa boîte de nuit de Cocody et organise quelques dons après des spectacles à la promotion desquels il promet de reverser les bénéfices.
Ce qu’on peut difficilement vérifier chaque année. Alors question, comment des associations qui n’ont pas de siège et de notoriété particulière peuvent-elles être déclarées associations d’utilité publique ? C’est le principal enjeu de ce nouveau tour de passe-passe auquel le régime est coutumier lorsqu’il veut faire plaisir à ses amis. La déclaration d’utilité publique a pourtant des conséquences juridiques assez précises. Une association déclarée telle peut en effet bénéficier de la subvention de l’Etat et obtenir des abattements fiscaux allant jusqu’à une fiscalité zéro.
Guerre impitoyable!
. Mais au-delà, cette déclaration d’utilité publique reconnue à Mayama fondation relève également d’une guerre de succession ouverte entre Hamed Bakayoko, chouchou du gouvernement, et Guillaume Soro le président de l’Assemblée nationale. Ce dernier a également créé sa propre fondation dénommée GKS fondation. Mais Soro n’a pas bénéficié des mêmes largesses de Ouattara. Sans doute parce que celui qui est aux mannettes n’est pas celui qui peut lui faire les faveurs comme celles qui ont été faites aux trois nouvelles associations devenues d’utilité publique et à Mayama fondation en particulier.
HM avec une correspondance particulière
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