Abidjan-réconciliation-agrobusiness-Zadi Djédjé règle quelques comptes : «Des proches de Ouattara pensent  que la Côte d’Ivoire se limite à eux…Je rappelle  à ces novices que la politique est  un jeu de dame..»; «Yapi Christophe n’est pas un voleur»

Il multiplie les sorties ces jours-ci. Voici la deuxième partie de l’entretien avec l’opposant Zadi Djédjé, président du Front Populaire uni. Il fustige le gouvernement  ivoirien. Suivez-le avec ledebativoirien.net!

par HM

Cinq ans  bientôt que Zadi Djédjé a mis fin à son exil en revenant en Côte d’ivoire; aujourd’hui comment se  porte  votre pays ?
C’est un grand  moment de souvenirs. Je revis encore la période 2012-2013. Avec du recul, je pu affirmer que  mon pays va mal, très  mal. Mon pays est malade ! Très malade même ! Quand je rentrais d’exil, nous étions dans une phase de sortie d’élections qui a opposé deux camps, avec chaque camp qui en voulait  terriblement à l’autre. Une  période dominée par la crainte de voir le pays basculer de  nouveau dans la violence avec une grande  méfiance de part et d’autre.  C’est  en ce moment-là  que  je me suis donné pour  mission de parler de  réconciliation surtout dans notre camp, les  pros-Gbagbo qui venions de  perdre le  pouvoir d’Etat.

Nous croyions construire  notre pays en faisant  le tour des contrées pour parler de paix, et appeler à la réconciliation des frères. Si je devrais  faire le bilan, je dirai  qu’il est positif  pour moi et mes amis. Nous avons travaillé au retour de beaucoup de nos frères, et  permis à beaucoup qui était dans  la clandestinité de s’afficher sans peur.

Cela est à mettre  à l’actif du gouvernement  qui a bien géré la question du retour des exilés ?

Il y a de gros regrets. Ecoutez, je pensais que le gouvernement  après  l’arrestation de Laurent Gbagbo, allait créer les conditions d’un pays où le vivre ensemble serait  une réalité,  un pays  ou le dioula et  le bété marcherait ensemble. Mais cela n’est pas encore le cas. Certain de  nos camarades rentrés sont aussitôt arrêtés. Des règlements de  compte ont toujours cours. J’ai demandé  au  pouvoir de mettre fin à cela. Une situation qui n’incite  pas  nombreux de  nos frères encore  en exil à regagner leur  pays. Ils  ont raison.

Mais vous, dès votre retour, vous avez bénéficiez du soutien et l’assistance du ministre Hamed Bakayoko, ce qui n’a pas été le cas des autres…

Entre le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et moi ce sont des relations  fraternelles. C’est un       ainé et nous nous sommes connus alors que j’étais encore très  jeune. Mais  je  l’ai plus estimé durant le pouvoir Gbagbo. Hier quand  nous étions  au  pouvoir, il était celui qui se rapprochait  plus du président Laurent Gbagbo. Les gens  pensent que je l’ai connu quand Alassane Ouattara a pris  le pouvoir avec  mon retour d’exil. Non !

…Avec quel autre membre du gouvernement Ouattara avez des contacts poussés ?

Je voudrais remercier Dieu pour cet homme qui a l’humanité en  lui. Le ministre Hamed est généreux et  il   a l’Ivoirien dans le sang, là où  des personnalités de ce pays ne pensent qu’à elles seules et ne pensent  à personne d’autre. Quand  je rentrais d’exil avec tous mes camarades, je vivais des moments  difficiles.

C’était le moment de la crise où l’on pensait qu’un bété ne  pouvait pas fréquenter un dioula. Lui, il ne s’est jamais braqué contre l’opposition, lorsque certains  voulaient que tous les  pros-Gbagbo aillent  en  prison. Il a dit  non ! Nous devons travailler  avec eux  pour le retour au calme. Il a dit : ‘‘pensons réconciliation’’. J’ai accepté sa  main tendue. Il a permis  à  plusieurs de nos camarades à avoir un emploi.

En dehors d’Hamed Bakayoko, je ne vois pas de ministres qui ne pensent  pas que la Côte d’Ivoire appartient qu’à eux seuls. Certains  collaborateur  du  président  Alassane Ouattara pensent  que la côte d’Ivoire se  limitent  à eux seuls. Ils pensent qu’ils  vont éternellement  demeurer au gouvernement.

A qui faites-vous allusion ou de  qui parlez-vous ?

Je ne veux  pas citer expressément de noms. Mais  s’il y a de bonnes volontés dans le gouvernement actuel, cependant il y a dans ce même  gouvernement, des ministres et  à côté d’eux de directeurs généraux qui pensent qu’Alassane  Ouattara va rester éternellement  au pouvoir. Ils ne ménagent aucun effort pour faire montre d’une monstrueuse  méchanceté.

Alors que, lorsque Laurent  Gbagbo était  au  pouvoir, j’étais  souvent  envoyé vers ces mêmes personnes pour leur remettre des enveloppes pour arrondir leurs fins de mois. Elles sont là et savent de quoi je parle lorsqu’elles me liront. Ces  personnes sont  aujourd’hui là pour humilier  tous les  proches de Gbagbo. Je voudrais rappeler  à ces novices que la politique est  un jeu de dame. Je voudrais dire merci à  Soro Guillaume qui a pris le parti de la réconciliation. 

Mais dès  votre retour vous avez  lancé un collectif des patriotes pour l’émergence, une œuvre que l’on dirait mort-né, après quelques actions d’éclats.  Vouliez-vous, vous attirer les bonnes grâces du pouvoir comme au beaux temps de la galaxie des jeunes patriotes?

Vous savez, il y a des  institutions dans ce pays chargées de reconnaitre  le service rendu  à la nation 
et qui est reconnu par des décorations. Nous nous sommes dit mais, pourquoi continuer de prêcher dans le désert, parce que le premier gagnant de  notre combat pour la paix et de réconciliation, c’est  bien et après tout, le pouvoir en  place.

C’est avant tout le président Alassane Ouattara qui est bénéficiaire de  notre combat pour la réconciliation. Il avait besoin de stabilité pour diriger le pays aux lendemains chauds du 11 avril 2011. Pendant que attaques surgissaient ici et là, je parcourais le pays avec mes amis appelant  à la paix et  à la réconciliation. Moi j’ai gagné beaucoup parce que je suis vivant. J’ai mené  ce combat  pour la réconciliation et je ne voulais pas un pays en feu.

Je l’ai fait pour  mon pays où il était difficile de vivre après le 11 avril 2011. C’est pourquoi, je demande aux amis de la nouvelle génération de quitter derrière la vielle classe politique  pour une nouvelle Côte d’Ivoire de demain. Nous n’avons jamais été remerciés pour  notre combat par les tenants actuels du  pouvoir. Ils sont méchants alors qu’ils profitent des fruits de  notre combat. Ce régime ne reconnait pas le bienfait.

Etes-vous en train de dire qu’Alassane Ouattara n’est pas reconnaissant ?

Je veux dire qu’un jour, un père de famille voit deux de ses fils qui se livrent une petite guerre que lui, le père n’arrive pas  à contrôler. Il n’arrive pas  à les clamer, et un voisin arrive et les calme et ramène la paix. Que fait ce père !

Le combat que j’ai mené était son combat puisque je ne voulais pas de guerre civile  pour  mon pays. Quand je parcourais la Côte d’Ivoire pour ramener la paix, il n’y avait aucun jeune du RDR  ou encore du RHDP avec nous. J’ai tracé les sillons de  la réconciliation à  mon retour d’exil. Mais…

A vous écouter c’est  à croire qu’il y a à désespérer du Pays ou de ses dirigeants !

Je ne peux pas désespérer de  mon pays. Il y a un avenir radieux  pour la nouvelle génération. Nous aurons  une nouvelle Côte d’Ivoire comme l’a annoncé notre leader Charles Blé Goudé qui au cœur de la crise a dormis dans la chambre de Issiaka Wattao, et wattao l’a fait à Guiberoua.

Un bété et un dioula marcher main dans la main, c’est encore possible. La Côte d’Ivoire nouvelle n’est pas loin. Et je suis heureux que Charles Blé  Goudé se porte bien là où il est, que l’Eternel se souvienne de  lui. Mon souhait est de voir un pays qui retrouve sa tranquillité. C’est pourquoi je demande  au président de  la république de profiter de cette accalmie  pour écouter les Ivoiriens.

Donc vous maintenez que le pouvoir n’est pas reconnaissant pour tous les efforts que vous avez faits. Pourtant, l’on dit que vous avez bénéficiez des largesses du ministre Hamed Bakayoko, proche d’Alassane Ouattara. N’est-ce pas un acte du président?

Moi je ne renierai pas Hamed Bakayoko ! J’ai bénéficié du soutien d’un grand frère qui voulait la stabilité. C’est à lui que je dis merci tout en lui souhaitant une longue vie. Mais je n’ai reçu aucun centime de ce  pouvoir pour une quelconque mission  ou pour service rendu à  la nation.

Hamed Bakayoko est un aîné, donc mes rapports avec  lui sont fraternels. Mais nous n’avons reçu aucune reconnaissance de l’Etat alors que c’est nous qui nous sommes battus pour donner  un sens  à la journée de  la paix. Une journée qui devrait nous être dédiée. Tout n’est pas qu’argent !

 Pensez-vous que la stabilité est de retour ? Il  y a que les mutins se sont calmés et aussi, la levée de  la grève des fonctionnaires. Mais il y a cette affaire d’agrobusiness…

Je salue le retour au calme et félicite les fonctionnaires. Ce sont des patriotes. Par contre, j’ai eu des échanges avec 350 souscripteurs qui  m’ont remis des dossiers compromettants pour des dirigeants impliqués dans cette affaire d’agrobusiness qui défraie la chronique. Nous demandons au chef de  l’Etat d’ouvrir les yeux sur mes agissements de ses collaborateurs.

Nous pensons qu’il le gouvernement doit créer les conditions du retour de Yapi Christophe afin de comprendre le  fond de  toute cette histoire. Un de ses ministres, Allah Kouadio Remi a même décoré cet investisseur. En ce temps-là, n’était-il pas un escroc ?  D’où vient ce si brusque changement d’appréciation de cet homme d’affaires.

Pourquoi le gouvernement l’a laissé  monter son business et alors que les souscripteurs attendent de recevoir leurs fonds qu’il parle d’arnaque. Nous avons des enregistrements et autres documents impliquant des hautes personnalités qui sont dans cette affaire. Alors que le chef de  l’Etat parle d’emploi jeune et que ceux-ci mobilisent des fonds pour se voir créer un projet, c’est alors que des  personnalités dans le gouvernement lancent une opération de sabotage en  bloquant les comptes des souscripteurs. Un jeune qui n’est  pas  occuper et qui est sans emploi est un danger pour le pays.

Est-ce que le gouvernement  s’est-il rendu  complice de  monsieur  Yapi Christophe  parce que la télévision nationale  dirigée par le gouvernement  lui donnait de larges séquences pour parler et présenter son projet d’agrobusiness dénommé monheveha.com. J’appelle le chef de l’Etat  à créer un cadre pour résoudre cette question avant qu’elle ne dégénère.  On ne sait jamais d’où  peut venir un mauvais vent. Mais dans le même temps, j’invite  les souscripteurs au nombre desquels se  trouvent  les  militants de  notre formation politique le Front  Populaire Uni-FPU,  à garder le calme. 

Mais  Yapi Christophe au centre de cette affaire est en fuite, hors du pays…

Après  plusieurs audiences avec des souscripteurs, je conclue que Yapi Christophe n’est pas un voleur. Car aucun souscripteur n’a porté plainte contre lui, puisque ce sont eux qui y ont  mis leur argent. Comment se fait-il que celui qui a investi son argent  dans une affaire ne se plaint d’aucune menace sur  son investissement  et c’est une tierce personne qui s’en plaint.
Nous constatons que c’est personne veulent  être les seules à vivre dans l’aisance et ne veulent pas le bien-être des Ivoiriens. C’est de  la sorcellerie et  moi je dis  non. Il y a même des ministres qui disent  que les Ivoiriens aiment l’argent facile. Mais, vous, dites-moi, quel est cet homme-là ou cette femme-là qui n’aime  pas l’argent  facile et qui adore la souffrance ?

Il faut assez de responsabilité de la part du président de  la république afin qu’il ouvre les yeux sur les manigance des membres de son gouvernement, afin de mettre fin à cette mascarade  au sommet de  l’Etat. Il y a des hauts  cadres de  l’administration qui ont réclamé 10% des  fonds disponibles à Yapi Christophe  pour régler cette crise. Il a refusé ; voilà ! Aucun souscripteur n’a  porté plainte contre Yapi Christophe; où est le problème du gouvernement ?

Nous disons qu’il y a anguille sous roche. Quelles sont les mains tapies dans l’ombre et certainement membres du gouvernement qui pourrissent le projet? C’est au gouvernement  qu’il faut demander des comptes. Les ivoiriens l’attendent  sur des dossiers encore plus sérieux pour la stabilité de la nation, pour le retour définitif de la paix et la réconciliation.

Les Ivoiriens attendent le gouvernement sur le retour définitif des exilés ; les  ivoiriens attendent le gouvernement sur la libération des prisonniers politiques, Dahi Nestor, Simone Gbagbo et autres. Les  ivoiriens  l’attendent sur ces terrains-là. Il y a que dans cette affaire, des  ivoiriens ont vendus leurs biens, maisons et autres terrains pour investir dans monhevea.com, parce qu’ils veulent voir leur condition de vie changer.

Pourquoi veut-on les maintenir dans la pauvreté par tous les  moyens ? Nous disons au président de la république Alassane Ouattara de mettre fin à cette affaire  en autorisant  Yapi Christophe  à rentrer à Abidjan, car le gouvernement  parle de  22 milliards et lui, il dit plusieurs centaines de  milliards. Qui dit vrai ? Nous  invitons le  gouvernement à  plus de responsabilité. Je pense que le chef de  l’Etat saura réagir  à  temps en attendant notre appel.

Les souscripteurs ne  pourront pas se contenir  trop  longtemps. Attention on ne sait jamais d’où peut  partir  un violent  vent. Ce sont des dizaines de  milliers d’ivoiriens qui y ont mis leur argent. Ce n’est pas l’argent du gouvernement ou des membres du gouvernement. Toutefois j’invite les ivoiriens au calme.

Réalisé  par HERVE  MAKRE

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