Abidjan-Vidéo-Pourquoi Lago Paulin a réglé ses comptes

Son soutien à M. Ouattara en 2010 lui vaut encore quelques coups. Mais il est égal à lui-même. L’artiste zouglou Lago Paulin ne écule pas dans sa vision de la musique ivoirienne. Interview ledebativoirien.net l’a suivi.

Quelle est l’actualité de Lago Paulin ?

Actuellement je suis en train de préparer mon prochain album, ‘’l’histoire’’. Après l’album, faire un grand concert au Palais de la culture.

Vous visez le Palais de la culture. En l’état actuel de votre audience auprès des mélomanes, pensez-vous pouvoir relever ce défi ?

Je peux le relever parce qu’aujourd’hui il y a une sorte de solidarité au sein de la grande famille de la musique ivoirienne. Et mes fans attendent cet événement. Ils veulent que je joue au Palais de la culture. C’est eux qui vont se déplacer. Et quand on dit Lago Paulin, c’est une histoire de Guiglo, Gagnoa, Daloa… c’est toute la Côte d’Ivoire.

C’est encore sûr ça ? Qui sont-ils encore vos fans ?

Moi, je suis toujours en spectacle hein ! J’ai commencé à chanter depuis 1991. Je suis le seul de ma génération qui peut faire du spectacle que ne peut faire nul autre. Je bouge beaucoup. D’ailleurs ce vendredi je suis à Man, samedi je suis à Bouaké et le dimanche je joue à Daloa.

Lago Paulin a-t-il quelques regrets quand il voit que ceux qui émergent aujourd’hui sont les artistes zouglou de la nouvelle génération ?

Des regrets !? Non jamais. Les jeunes de la nouvelle génération savent bien que je suis leur maître ! On a tous commencé dans l’ambiance facile et ici ils me connaissent bien et ils ne peuvent pas s’attaquer à leur maître de l’ambiance facile. Non je n’ai aucun regret. Ils chantent bien oui ! C’est grâce à eux que le zouglou tient et je ne peux que les remercier mais le maître que je suis ne peut avoir de regret.

Pour être plus clair est-ce que vos fans n’ont pas reculé quand vous apportiez votre soutien à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010, sachant que le zouglou défendait à l’origine les valeurs de gauche ?

Non ! Mes fans n’ont pas reculé. La preuve en est que je suis toujours à Yopougon. Mes fans n’ont pas reculé. En 2010, chacun est parti soutenir son candidat. Moi, j’ai soutenu Alassane Ouattara et si c’était à refaire, j’allais le refaire.

Mais à un moment donné vous avez reconnu que, avec ce soutien à Ouattara, des portes vous avaient été fermées notamment sur la place parisienne et dans la diaspora…

Effectivement ! Mais vous savez on peut toujours parler mal de la France et se retrouver en Europe. On se souvient ici de la formule ‘’A chacun son blanc !’’. Mais quand tu l’as dit et que c’est à Paris tu vas t’asseoir pour continuer la politique, c’est une incitation à la violence. Je crois que quand on se dit patriote, on reste dans son pays pour faire la politique.

Vous ne répondez pas à la question. Vous avez affirmé que ceux qui organisent les spectacles à Paris vous ont fermé les portes. N’est-ce pas ?

Oui ils avaient fermé les portes mais les mêmes promoteurs nous appellent et disent que c’est les mêmes qu’on voit depuis un moment et qu’ils sont fatigués. Ils veulent de nouveaux chanteurs.

Est-ce que vous avez été récompensé à la hauteur du soutien apporté à Ouattara ?

Je ne l’ai pas fait pour recueillir quelque chose. Alassane Ouattara était le premier ministre d’Houphouët-Boigny et mon père était le chauffeur d’Houphouët. Il est mort dans l’exercice de ses fonctions à Yamoussoukro.

Est-ce que vous avez été récompensé à la hauteur du soutien apporté à Ouattara ?

Je ne l’ai pas fait pour recueillir quelque chose. Alassane Ouattara était le premier ministre d’Houphouët-Boigny et mon père était le chauffeur d’Houphouët. Il est mort dans l’exercice de ses fonctions à Yamoussoukro.

Pour moi c’est une reconnaissance. Soutenir Alassane Ouattara en vue de recueillir de l’argent, là ce n’est pas un soutien ! C’est Ouattara qui a enterré mon père à Tazibouo (Daloa). Il est mort dans la résidence présidentielle dix jours après le décès d’Houphouët. Donc si c’était à refaire, j’allais le refaire. Pour moi, c’était une obligation de le soutenir.

Ceux qui émergent dans le zouglou aujourd’hui, visiblement ce sont les groupes. C’est l’exemple Magic System et autres. Vous étiez au départ avec Maga Dindin, après vous vous êtes détaché pour faire en solo. Est-ce que cela vous réussit ?

C’est vrai que l’union fait la force. Mais un artiste talentueux comme Lago Paulin ne peut pas s’effacer. La musique est innée (il cite Ernesto Djédjé en Bété). Il y a des gens qui sont nés avec la chanson, comme moi. Je n’ai jamais fait un album qui est passé inaperçu. Je suis parti de succès en succès. Pour moi, un artiste c’est à partir de cinq albums. Quand vous dites que la nouvelle génération émerge, moi j’apprécie cela en termes de succès, c’est-à-dire, un premier succès, un deuxième succès jusqu’au cinquième. C’est en cela que je respecte Magic System, Yodé et Siro, je respecte Espoir 2000.

Combien de titres comportera votre prochain album ‘’l’histoire’’ ?

L’histoire est un témoignage qui repose sur la vérité et cette vérité est bonne à dire lorsqu’elle est dépourvue de tout mensonge. Ça c’est le titre principal. Après il y a les sonorités Alloukou et les autres rythmes traditionnels qu’on connait chez Lago Paulin. Ce sera du zouglou à l’état pur.

Revenons à cette chanson ‘’on est fatigué’’ où vous dénonciez « cheveu noir pourquoi ton cœur est noir ». De qui parliez-vous dans cette chanson qui vous a valu des déboires avec vos fans qui en avaient fait une autre interprétation ?

Moi, j’ai fait ma chanson et mon album est sorti en 2008. On dit qui se sent morveux se mouche. En 2008, je ne savais pas qu’il allait avoir une élection en Côte d’Ivoire. On dit que je suis suspendu des média d’état, j’ai dit pas de problème ! Je cherche un autre canal pour faire la promotion de mon album. En 2010, il y a eu une élection et chacun est allé soutenir son candidat. Ce n’est pas parce que mon candidat a gagné qu’on va me traiter de tous les noms. La vie est faite de choix et en 2010 chacun est parti de son côté. Je suis un artiste et en tant que tel, je fais mes prestations et on me donne mon argent.

Cette chanson ne visait personne ?

Non personne, je dénonçais, c’est tout ! Même aujourd’hui, cette chanson est d’actualité. Ça veut dire qu’elle ne visait personne. Je chante pour l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens. Maintenant, si à partir de là on m’identifie à un parti politique, je dis ok !

Depuis 2011, des artistes sont encore en exil. Quel est votre appel à ceux-là et au gouvernement ivoirien ?

Moi je demande au gouvernement de faire revenir ces artistes-là. Parmi eux, il y a mon président que j’aime bien et que je ne peux jamais oublier. En pleine crise, au moment où je fuyais et je me cachais, il est le seul qui m’a appelé pour me remettre 300 mille FCFA. C’est Gadji Céli, je ne peux jamais l’oublier et je demande au gouvernement de faire revenir Gadji Céli.

Il y a aussi Maga Dindin !

Oui Maga Dindin et les autres. Ils sont beaucoup !

Par  HERVE MAKRE  & S. Debailly

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