Par H.M.
«Soul to Soul est en prison, ça nous fait mal, mais c’est un militant», déclare Kigbafory Soro Gullaume, à l’association d’anciens responsables de la fédération étudiantes et scolaire de Côte d’Ivoire. Une déclaration chargée de tout son sens. Tout en faisant observer que chaque membre du groupe a choisi sa voie politique et «chacun assume ses positions idéologiques et politiques», il envoie un message à deux destinataires : ceux qu’ils courtisent, et au RDR.
En ce sens qu’en arrière-plan et en dessous, il faut simplement attendre ceci : «Vous pensez certainement que le pouvoir m’aime ! Mais voyez-vous, je suis traqué comme l’opposition. Donc reconnaissez-vous en moi, même si je suis RDR». Il surfe sur la conjoncture sociopolitique dominée par la peur d’un lendemain dépourvu de risques. Les membres de ce regroupement qui dit-on aurait pour but la «solidarité» entre les anciens ‘’Fescistes’’, sourit.
Après donc, ses alliés d’armes constitués de membres du MPCI, MPIGO, les Dely Gaspard et autres devenus Forces Nouvelles pour enfin de compte se faire désigner par Mouvement des Soroïstes, un club quasiment reconstitué en électeurs potentiels, place est maintenant à la conquête de ses anciens souvenirs. Guillaume Soro, anciens guerrio face au régime de Laurent Gbagbo qu’il a aussi finalement vaincu par les armes avec l’appui massif de la France et de l’ONU, à la suite de neuf années sans interruption de guerre est aujourd’hui à la tête de l’Assemblée nationale ivoirienne.
Et là, il a les moyens de réunir ce beau monde à sa suite, des suiveurs comme Bédié qualifient ses compagnons du PDCI, puisque SORO ayant géré toute une partie des richesses de la Côte d’Ivoire, durant le temps de la guerre contre les refondateurs. Dans le même temps, il était soutenu par le régime combattu en sa qualité de ministre et premier ministre, donc doublement enrichi. Ses actes et ses œuvres étaient couverts par la politique d’un Laurent Gbagbo, ne voulant pas heurter celui qui lui permettait encore de faire face à lui-même et se donner l’illusion qu’il contrôlait tout.
C’est alors en toute confiance, le dimanche 18 février 2018, il pouvait organiser une rencontre à son domicile à Abidjan avec d’anciens responsables de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), le principal syndicat estudiantin ivoirien, qu’il a dirigé durant trois ans alors étudiant. Question de prouver sa réussite sociale avec les moyens de bords subséquents. Mais en bon généralissime, il se dit «heureux» de rencontrer ses «camarades» de la Fesci dans un autre «cadre familial et fraternel», sans lacrymogènes.
« Il ne faut pas que cette rencontre effraie des gens dans le pays. Ce n’est pas pour 2020. Il n’y a pas d’agendas cachés, que personne ne s’effraie», pense rassurer Guillaume Soro. Même en demandant aux anciens Fescistes en exil ou hors du pays de rejoindre l’association, il ne livre pas ce qui est sous son crane bien visible. Il a rappelé que ‘’Soul to Soul’’, son chef de protocole, est en prison de même que Blé Goudé, un ancien secrétaire général, détenu à La Haye avec l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, sous-entendu que tout ‘‘rentrant’’ pourrait subir ou connaître le même sort.
HERVE MAKRE
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