LETTRE OUVERTE
LA CEDEAO VUE PAR LE MMLK DÉNONCIATION DES TRACASSERIES ET DES RANÇONS DES FORCES DE SÉCURITÉ, DES SERVICES DOUANIERS ET D’IMMIGRATION SUR NOS FRONTIÈRES.
Mesdames et Messieurs,
«C’est avec un cœur gros que nous venons vous faire part de notre indignation et de notre stupéfaction relatives aux tracasseries et aux rançons qu’imposent au quotidien les forces de sécurité, les services douaniers et d’immigration aux populations sur les frontières des pays membres de l’institution sous-régionale entravant ainsi la libre circulation des personnes et de leurs biens. En effet, depuis quelques années, les cris d’alarme et de détresse des citoyens de la communauté persistent au sujet des frais que leur imposent les forces de sécurité et les services d’immigration à leur passage aux différentes frontières. Ces allégations ne sont que pour nous des informations mensongères truffées de contre –vérités puis que nous estimons que nous n’avons pas eu de preuves pour justifier ces affirmations. Ironie de sort ! quel n’a été notre grand étonnement quand une délégation d’une cinquantaine de chrétiens Togolais se rendant à Accra au Ghana pour une conférence des missions chrétiennes d’Afrique du 23 au 27 juillet 2018 , s’est mise devant les faits accomplis en flagrant délit à la frontière Aflao entre le Togo et le Ghana.
Nous avons observé la mise en scène avec un silence béat jusqu’à ce que notre tour arrive. Malheureusement pour nous, peu de personnes avaient leur passeport et la plupart ne détenaient que leur carte d’identité, ce que nous avons à présenter aux agents d’immigration Ghanéenne. Ceux –ci s’opposent catégoriquement à notre passage et exigent 1000FCFA de chacun. Pourtant, nous avons été conduits par les agents Togolais qui entendaient nous faciliter la tâche mais peine perdue. N’eut été notre calme et notre patience, les esprits allaient s’échauffer et finir certainement par des événements dramatiques entre les deux frontières et dont les conséquences seraient fâcheuses et indescriptibles. Heureusement, le pire a été évité et l’incident clos.
Mais cela n’a pas étanché la gloutonnerie et la cupidité de ces agents. Etant en retard sur notre programme, nous avons décidé de payer la somme de 12000FCFA pour l’ensemble de la délégation avant d’accéder au sol ghanéen. Le service de santé a pris 500F CFA par personne mais cela est dangereux pour la santé de la vie communautaire de l’espace. Car, au lieu de faire vacciner les passagers pour éviter toute éventuelle contagion ou épidémie, on préfère sacrifier la vie humaine moyennant l’argent. A Sogankopé, c’est une autre frontière au Ghana où la délégation a été soumise à une épreuve procédant d’abord à faire sortir tous les passagers abords des deux véhicules, ce qui n’est pas mauvais pour le contrôle d’identité. Mais le comble, c’est le fait qu’ils nous ont demandé de payer 500 Ghana cedis (environs 60 mille francs CFA) pour les mêmes motifs. Finalement, nous avons déposé 5000F CFA (40 GC)
Excellences, Mesdames /Messieurs,
Que pensez-vous de ce tableau sombre et opaque sur la gestion qui est faite de nos frontières par les forces de sécurité et les agents d’immigration de vos pays respectifs ? Quelle lecture faites-vous de leurs comportements indésirables, indélicats, malhonnêtes et absurdes ? Etes –vous informés de ces caisses qui contiennent les frais imprévus par les cahiers des charges de la CEDEAO ? Si oui ou non, qui les a institués et à qui profitent –ils ? Aux Etats, à vous –mêmes ou aux individus ? Dans tous les cas, aucun d’entre vous ne pourra dire non car cela relèverait d’une défaillance grave ou d’une inefficacité extrême de vos services de renseignements qui sont sensés vous rendre compte des activités au quotidien des frontières. En d’autres termes, vous ne pouvez non plus l’affirmer car cela constituerait une haute trahison, un manque de responsabilité, l’affirmation d’une chose et son contraire, une contradiction et une inadéquation par rapport aux déclarations successives de la CEDEAO qui insistent sur l’intégration et la coopération sous régionales commençant par la libre circulation des personnes et leurs biens.
A la lumière de ce qui précède, les populations de la CEDEAO ont raison de se plaindre et de douter de l’évidence de l’intégration sous –régionale que ne cessent de clamer leurs dirigeants il y a 3 décennies. Avec ces lourds passifs que traine l’organisation auprès de ses habitants, il est loin de garantir la confiance et l’assurance d’un éventuel retour à des conditions favorables de vie et de circulations entre les pays de la Sous –région. Car au-delà des difficultés liées à la libre circulation des personnes et de leurs biens qui est soumise au payement de rançon, les populations attendent que vous apportiez des solutions durables aux crises sociopolitiques et économiques qui secouent certains pays .On dirait qu’il s’agit d’un groupe de dirigeants qui n’ont pas de visions pour leurs pays ou qu’ils n’ont pas la vocation de diriger ni de gouverner. Toutefois, on se félicité de quelques avancées démocratiques qui consacrent la quasi-totalité des pays de l’espace aux normes internationales avec la limitation des mandats présidentielles et les élections à deux tours. La dernière prouesse en date est celle du renversement par les urnes de la forteresse du président Yaya Jhammey de la Gambie il y a bientôt deux ans. C’est donc un véritable acquis qui fait la fierté des citoyens de la CEDEAO par rapport à une partie de l’Afrique où les régimes restent encore totalitaires et autocratiques.
Excellences, Mesdames /Messieurs,
Vos peuples attendent de vous non plus des discours mais des actes qui contribuent à leur épanouissement et à leur liberté .Ils aspirent à des régimes démocratiques qui respectent les droits humains et les textes constitutionnels, l’indépendance de la justice et des institutions fortes dans nos Etats .Ils espèrent que leurs choix dans les urnes soient comptabilisés et pris en compte dans l’élection de leurs dirigeants. Ils veulent des dirigeants qui leur rendent compte de la gestion qu’ils font de leurs pays. C’est l’occasion pour nous de saluer la qualité de gouvernance et l’avancement de la démocratie et de l’Etat de droit au Ghana, au Bénin, au Sénégal, en Sierra Léone, au Cap Vert, au Nigeria, au Libéria, au Burkina, au Mali, au Niger voire en Gambie
Excellences Mesdames/Messieurs,
Dès maintenant , la CEDEAO a une obligation morale et politique de faire espérer les habitants de ses pays membres en commençant par la suppression pure et simple des frais rançoniers qui sont imposés aux passagers. Vous devez veiller à l’application stricte des facteurs qui favorisent et concourent à la libre circulation des personnes et de leurs biens. C’est par ce biais que les peuples pourraient croire à l’avenir de l’organisation et participer activement à son épanouissement comme une institution sous régionale digne et respectable en Afrique.
Fidèle à sa vision de respect de dignité humaine et celle de combattre l’injustice, la mauvaise gouvernance et la corruption sous toutes leurs formes pour le bonheur des peuples, le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix espère que vous ne ménagerez aucun effort pour traduire dans les faits les attentes des peuples de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.Veuillez agréer, Excellences Mesdames /Messieurs les Chefs d’Etat de la CEDEAO, l’expression de notre haute considération ». Le Président, Pasteur EDOH K.KOMI
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